Le wokisme a ceci d’étonnant que son but à l’origine est indéniablement positif, mais que le terme est devenu péjoratif. En effet, woke signifiait aux Etats-Unis être éveillé aux discriminations. Ce pays a, nul ne peut le nier, un passé raciste et pour partie esclavagiste. Le problème est que ce que l’on nomme aujourd’hui le wokisme est devenu pour beaucoup un fanatisme basé sur une conception de la société, non pas uniquement communautariste, mais franchement racialiste (pour ne pas dire plus). Le caractère péjoratif de woke fait que les wokes contestent aujourd’hui le fait d’être woke et même que le wokisme existe… Ils ont compris qu’après le succès aux Etats-Unis de leur discours prônant, entre autres, la « discrimination positive », dans les universités, puis dans la communication des grandes entreprises, ils risquent d’en perdre les bénéfices par l’emploi de plus en plus commun de woke comme terme disqualifiant (des anti-racistes devenus obsédés par la race). L’expression cancel culture, synonyme d’intolérance et de censure, met d’ailleurs aussi les wokes en difficulté.
Beaucoup a déjà été écrit sur le wokisme. Il m’a cependant semblé utile de rédiger mon ouvrage « De la déconstruction au wokisme » pour les raisons suivantes.
D’abord parce que la bataille culturelle va continuer à faire rage aux Etats-Unis, avec un vrai risque de dislocation du pays, ce qui ne peut nous laisser indifférent. Cette bataille oppose d’un côté ceux qui veulent censurer les propos qui peuvent choquer les personnes hypersensibles aux discriminations et à tout ce qui leur parait « offensant », et de autre les partisans du freedom of speech, dans la tradition états-unienne. La bataille englobe aussi la « Théorie Critique de la Race ». Il faut bien comprendre que « critique » ne signifie pas ici un doute cartésien sur sa propre théorie, ni sur le concept de « race », mais la critique s’adresse à la société : sa thèse centrale est que le racisme est « systémique », c’est-à-dire « structural », et non pas simplement dû à l’attitude condamnable de certains individus. Il faudrait donc changer tout le « système » (le « déconstruire ») et l’on comprend que tout le monde ne soit pas d’accord... D’où les affrontements politiques en cours et à venir.
Puis, parce que ces théories ont déjà été exportées en France. Et qu’elles ont été déclinées sur divers thèmes, sur le même modèle de pensée : la société serait atteinte de « sexisme systémique », et de toutes sortes de « phobies » contre des minorités dont la liste victimaire s’allonge d’année en année… La société serait à « décoloniser ». Dans cette conception, la lutte des classes a été remplacée par la lutte des races, des sexes, et des autres communautés victimaires.
Le plus étonnant n’est pas que ces théories se sont propagées dans certaines chapelles de sciences sociales (habituées au militantisme qui supplante la démarche scientifique), mais également dans les sciences dites dures, y compris les mathématiques que certains veulent « décoloniser », à la faveur de discours propagandistes visant à culpabiliser les scientifiques.
Pour que chacun puisse cerner ce qui se joue autour de cette idéologie de la « déconstruction » et son volet radical, le wokisme, mon livre définit dans diverses entrées les termes indispensables à la compréhension du phénomène et leurs diverses origines : culpabilité de l’Occident et sa déconstruction, genre, inclusivisme, déclinaisons multiples du concept de « justice », militantisme (par opposition à la neutralité de la science) et comment le situer dans le concept de liberté académique, postmodernité, relativisme, « systémique », communautarisme par opposition à l’universalisme, l’imposition de « valeurs » nouvelles qui révèlent un système idéologique devenu dominant, sans oublier l’écologie politique et ses inspirateurs « technocritiques », ainsi que la « démocratie » d’opinion qui font parties intégrantes de l’idéologie postmoderne de la déconstruction.
Beaucoup a déjà été écrit sur le wokisme. Il m’a cependant semblé utile de rédiger mon ouvrage « De la déconstruction au wokisme » pour les raisons suivantes.
D’abord parce que la bataille culturelle va continuer à faire rage aux Etats-Unis, avec un vrai risque de dislocation du pays, ce qui ne peut nous laisser indifférent. Cette bataille oppose d’un côté ceux qui veulent censurer les propos qui peuvent choquer les personnes hypersensibles aux discriminations et à tout ce qui leur parait « offensant », et de autre les partisans du freedom of speech, dans la tradition états-unienne. La bataille englobe aussi la « Théorie Critique de la Race ». Il faut bien comprendre que « critique » ne signifie pas ici un doute cartésien sur sa propre théorie, ni sur le concept de « race », mais la critique s’adresse à la société : sa thèse centrale est que le racisme est « systémique », c’est-à-dire « structural », et non pas simplement dû à l’attitude condamnable de certains individus. Il faudrait donc changer tout le « système » (le « déconstruire ») et l’on comprend que tout le monde ne soit pas d’accord... D’où les affrontements politiques en cours et à venir.
Puis, parce que ces théories ont déjà été exportées en France. Et qu’elles ont été déclinées sur divers thèmes, sur le même modèle de pensée : la société serait atteinte de « sexisme systémique », et de toutes sortes de « phobies » contre des minorités dont la liste victimaire s’allonge d’année en année… La société serait à « décoloniser ». Dans cette conception, la lutte des classes a été remplacée par la lutte des races, des sexes, et des autres communautés victimaires.
Le plus étonnant n’est pas que ces théories se sont propagées dans certaines chapelles de sciences sociales (habituées au militantisme qui supplante la démarche scientifique), mais également dans les sciences dites dures, y compris les mathématiques que certains veulent « décoloniser », à la faveur de discours propagandistes visant à culpabiliser les scientifiques.
Pour que chacun puisse cerner ce qui se joue autour de cette idéologie de la « déconstruction » et son volet radical, le wokisme, mon livre définit dans diverses entrées les termes indispensables à la compréhension du phénomène et leurs diverses origines : culpabilité de l’Occident et sa déconstruction, genre, inclusivisme, déclinaisons multiples du concept de « justice », militantisme (par opposition à la neutralité de la science) et comment le situer dans le concept de liberté académique, postmodernité, relativisme, « systémique », communautarisme par opposition à l’universalisme, l’imposition de « valeurs » nouvelles qui révèlent un système idéologique devenu dominant, sans oublier l’écologie politique et ses inspirateurs « technocritiques », ainsi que la « démocratie » d’opinion qui font parties intégrantes de l’idéologie postmoderne de la déconstruction.