À bien des égards, la vie internationale semble elle aussi frappée d'un bégaiement gigantesque et lorgne à son tour du côté des musiques du passé. Affrontement russo-américain, montée en puissance du Sud, conflit israélo-palestinien : un observateur de la guerre froide ne serait pas très surpris par la tournure aujourd'hui prise par la géopolitique. Comment expliquer cet étrange retour aux années 1960 ?
Le premier facteur est sans doute la reconstitution accélérée des blocs depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022. Comme jadis entre États-Unis et URSS au moment de la guerre du Viêt-Nam, l'Ukraine est le théâtre d'un affrontement indirect entre Washington et Moscou. La Russie est intervenue directement dans le conflit avec «l'opération militaire spéciale». De leur côté, les États-Unis représentent 70% de l'aide militaire prodiguée aux forces de Kiev.
Montée en puissance des pays du Sud
Derrière cette lutte américano-russe, la rivalité entre Pékin et Washington s'approfondit depuis la présidence Trump, qui a pris conscience de ce que la montée en puissance de la Chine, devenue agressive sous Xi avec le lancement de la Belt and Road Initiative (il y a dix ans, en 2013), avait de délétère pour «l'empire américain». Joe Biden a conservé cette orientation et désormais le temps est au découplage, au derisking, bref à la constitution de blocs militaires (AUKUS), commerciaux (RCEP) et technologiques (sanctions contre Huaweï) qui font de ce nouveau G2 une réplique de la bipolarité disparue en 1991.
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