Les Frontières de l’« identité nationale » se présentent comme un ouvrage sociohistorique explorant le concept d’assimilation à travers ses usages passés en territoire colonial et métropolitain et son utilisation contemporaine en France. Le livre se compose donc de deux grandes parties chacune dédiée à cet effet. À l’aide de cette démarche originale, Abdellali Hajjat teste la résistance du concept d’assimilation à la fois dans l’espace et dans le temps offrant au lecteur l’occasion d’explorer la problématique nationale contemporaine.
Abdellali Hajjat commence son exposé rigoureux par l’examen des différentes étapes de la construction du concept d’assimilation. Faisant remonter l’usage du terme au XVIIe siècle dans les colonies françaises et britanniques, il en expose la diversité sémantique. L’assimilation désigne alors par exemple l’égalité entre Européens et esclaves affranchis notamment perçus à travers la convergence du style de vie indigène vers les mœurs européennes. Gommant les différences entre colonisateurs et colonisés, l’assimilation a ainsi constitué un support de revendication pour les Antillais alors qu’elle était problématique pour les colons français.
Plus tard, au XIXe siècle, l’assimilation commence à prendre une coloration politique nouvelle. Sous la plume de François Guizot, le concept est en effet associé à l’idée de nation et en explique le fondement : l’État-nation existe grâce au régime républicain et à l’unification des classes sociales, mais aussi des races qui se trouvent sur son territoire. À cette époque, le concept d’assimilation entame donc sa lente conversion en instrument de l’unité nationale, sens que Michelet achève de lui donner en désignant l’assimilation comme trait caractéristique de la nation française.
Prise comme telle, l’assimilation recouvre alors une utilité nouvelle en territoire colonisé. Elle est en effet invoqué pour distinguer les colons des colonisés et promouvoir l’idée d’un écart civilisationnel significatif, voire insurmontable. Abdellali Hajjat expose ainsi avec brio comment, très rapidement après avoir été pensé comme un outil au service de la cohésion nationale et utilisée comme telle en métropole, l’assimilation est également devenue un instrument au service du de la domination coloniale française. À travers l’évolution de son sens dans le temps, mais aussi son application dans les contextes coloniaux et métropolitains, l’auteur révèle ainsi la grande souplesse sémantique du concept d’assimilation.
Cette conclusion a-t-elle des répercussions aujourd’hui encore ? Pour Abdellali Hajjat, c'est une certitude et l’on peut s’en rendre compte à l’occasion de procédure de naturalisation. Appuyant son développement sur une enquête réalisée en préfecture entre 2006 et 2007, l’auteur montre en quoi l’utilisation de « critère d’assimilation » au cours de ces procédures conduit à certaines situations problématiques. Adbelalli Hajjat révèle que les rejets ou ajournements de naturalisation décidés par les agents de l’État et motivés par un « défaut d’assimilation » concernent majoritairement des femmes de culture musulmane. Un état de fait qui suggère un phénomène de racialisation sur lequel l'auteur attire l'attention.
Les Frontières de l’« identité nationale » se présentent comme un ouvrage de grande valeur tant par l’étude historique de l’assimilation qu’il propose que par son exploration contemporaine du concept à l’aide d’une ethnographique originale des services nationaux de naturalisation. Faisant ainsi lumière sur la question peu débattue de l’attribution de la nationalité, Abdellali Hajjat signe ici un ouvrage qui a toutes les chances de faire référence pour qui s’intéresse à la formation des règles structurant l’ordre national.
Abdellali Hajjat commence son exposé rigoureux par l’examen des différentes étapes de la construction du concept d’assimilation. Faisant remonter l’usage du terme au XVIIe siècle dans les colonies françaises et britanniques, il en expose la diversité sémantique. L’assimilation désigne alors par exemple l’égalité entre Européens et esclaves affranchis notamment perçus à travers la convergence du style de vie indigène vers les mœurs européennes. Gommant les différences entre colonisateurs et colonisés, l’assimilation a ainsi constitué un support de revendication pour les Antillais alors qu’elle était problématique pour les colons français.
Plus tard, au XIXe siècle, l’assimilation commence à prendre une coloration politique nouvelle. Sous la plume de François Guizot, le concept est en effet associé à l’idée de nation et en explique le fondement : l’État-nation existe grâce au régime républicain et à l’unification des classes sociales, mais aussi des races qui se trouvent sur son territoire. À cette époque, le concept d’assimilation entame donc sa lente conversion en instrument de l’unité nationale, sens que Michelet achève de lui donner en désignant l’assimilation comme trait caractéristique de la nation française.
Prise comme telle, l’assimilation recouvre alors une utilité nouvelle en territoire colonisé. Elle est en effet invoqué pour distinguer les colons des colonisés et promouvoir l’idée d’un écart civilisationnel significatif, voire insurmontable. Abdellali Hajjat expose ainsi avec brio comment, très rapidement après avoir été pensé comme un outil au service de la cohésion nationale et utilisée comme telle en métropole, l’assimilation est également devenue un instrument au service du de la domination coloniale française. À travers l’évolution de son sens dans le temps, mais aussi son application dans les contextes coloniaux et métropolitains, l’auteur révèle ainsi la grande souplesse sémantique du concept d’assimilation.
Cette conclusion a-t-elle des répercussions aujourd’hui encore ? Pour Abdellali Hajjat, c'est une certitude et l’on peut s’en rendre compte à l’occasion de procédure de naturalisation. Appuyant son développement sur une enquête réalisée en préfecture entre 2006 et 2007, l’auteur montre en quoi l’utilisation de « critère d’assimilation » au cours de ces procédures conduit à certaines situations problématiques. Adbelalli Hajjat révèle que les rejets ou ajournements de naturalisation décidés par les agents de l’État et motivés par un « défaut d’assimilation » concernent majoritairement des femmes de culture musulmane. Un état de fait qui suggère un phénomène de racialisation sur lequel l'auteur attire l'attention.
Les Frontières de l’« identité nationale » se présentent comme un ouvrage de grande valeur tant par l’étude historique de l’assimilation qu’il propose que par son exploration contemporaine du concept à l’aide d’une ethnographique originale des services nationaux de naturalisation. Faisant ainsi lumière sur la question peu débattue de l’attribution de la nationalité, Abdellali Hajjat signe ici un ouvrage qui a toutes les chances de faire référence pour qui s’intéresse à la formation des règles structurant l’ordre national.