Migrer n’est pas être réfugié
Le 20 août dernier, un reporter anglophone d’Al Jazeera annonçait que la chaine n’emploierait plus le terme de « migrant » mais celui de « réfugié» pour qualifier les milliers d’individus tentant chaque jour de passer les portes de l’Europe. (3)
Ainsi commença l’actuelle remise en cause du discours médiatique, puis politique sur ce que l’on qualifiait jusqu’alors de « crise des migrants ». De nombreuses parutions ont depuis attaqué cette dérive terminologique faite par les politiques Européens. Une confusion sémantique jugée dangereuse en ce qu’elle dénaturerait le pourquoi de cette crise, modulerait la réponse politique à y apporter et ancrerait une représentation biaisée du phénomène dans l’imaginaire collectif.
Dès lors, qu’est ce qu’un réfugié ? Qu’est ce qu’un migrant ? Si ce n’était qu’une question de politiquement correct, on serait surement déjà passé à autre chose. Mais non, confondre ces deux termes a des répercussions d’ordre juridiques comme éthiques. Au regard du Droit International, un réfugié est une personne en demande d’asile politique qui a été obligée de fuir son pays d’origine pour des raisons de conflits armées et de persécutions. (1) Le statut de migrant qualifie cependant une personne ayant quitté son pays pour aller chercher une vie meilleure ailleurs.
Qui dit statuts différents dit, logiquement, protection différente. Le premier impact de cette confusion est d’ordre juridique car, si les migrants ne sont pas protégés au regard du Droit International, le réfugié politique lui, jouit de la protection des droits fondamentaux même hors de son pays d’origine. (1) Dès lors, il ne peut être renvoyé dans son pays, ou bien se voir interdire l’entrée sur un territoire puisqu’il demande le droit d’asile. Ceux-ci sont en effet protégés par la Convention de Genève alors qu’à l’inverse, c’est à la discrétion du pays d’accueil et au regard des ses lois internes sur l’immigration que se décide le sort du migrant.
Si dans un cas c’est un choix, c’est dans l’autre une question de survie. Parler de crise des migrants plutôt que des réfugiés semble donc une confusion sémantique arrangeante pour les puissances européennes, accusées de véhiculer un discours flou qui tromperait l’opinion publique quant à la nature de la crise.
Ainsi commença l’actuelle remise en cause du discours médiatique, puis politique sur ce que l’on qualifiait jusqu’alors de « crise des migrants ». De nombreuses parutions ont depuis attaqué cette dérive terminologique faite par les politiques Européens. Une confusion sémantique jugée dangereuse en ce qu’elle dénaturerait le pourquoi de cette crise, modulerait la réponse politique à y apporter et ancrerait une représentation biaisée du phénomène dans l’imaginaire collectif.
Dès lors, qu’est ce qu’un réfugié ? Qu’est ce qu’un migrant ? Si ce n’était qu’une question de politiquement correct, on serait surement déjà passé à autre chose. Mais non, confondre ces deux termes a des répercussions d’ordre juridiques comme éthiques. Au regard du Droit International, un réfugié est une personne en demande d’asile politique qui a été obligée de fuir son pays d’origine pour des raisons de conflits armées et de persécutions. (1) Le statut de migrant qualifie cependant une personne ayant quitté son pays pour aller chercher une vie meilleure ailleurs.
Qui dit statuts différents dit, logiquement, protection différente. Le premier impact de cette confusion est d’ordre juridique car, si les migrants ne sont pas protégés au regard du Droit International, le réfugié politique lui, jouit de la protection des droits fondamentaux même hors de son pays d’origine. (1) Dès lors, il ne peut être renvoyé dans son pays, ou bien se voir interdire l’entrée sur un territoire puisqu’il demande le droit d’asile. Ceux-ci sont en effet protégés par la Convention de Genève alors qu’à l’inverse, c’est à la discrétion du pays d’accueil et au regard des ses lois internes sur l’immigration que se décide le sort du migrant.
Si dans un cas c’est un choix, c’est dans l’autre une question de survie. Parler de crise des migrants plutôt que des réfugiés semble donc une confusion sémantique arrangeante pour les puissances européennes, accusées de véhiculer un discours flou qui tromperait l’opinion publique quant à la nature de la crise.
Le pouvoir des mots : enjeux de perception
S’il y a en effet des migrants au sein de ces flux de population, la majeure partie des personnes aux portes de l’Europe n’en seraient pas. De nombreux articles s’insurgent depuis pour rectifier le tir et parler de « Crise des réfugiés ». En gardant en tête le pouvoir et la portée des mots, cette distinction sémantique apparait plus que nécessaire...
Le discours médiatique façonne ainsi l’opinion, transmet une perception d’un évènement, un récit de celui-ci qui s’ancre dans l’imaginaire collectif et qui définit l’interprétation que l’on s’en fait. Le monde tel que nous nous le représentons nous est raconté par les médias d’informations, d’où la nécessité pour l’information d’être véridique et vérifiée. Ce n’est pas pour rien que la société médiatique est souvent qualifiée de « quatrième pouvoir »…
Dans sa tribune, le journaliste d’Al Jazeera dénonçait l’utilisation du mot « migrant » comme un réel « outil de déshumanisation ». (3) De gros enjeux de perception se cachent donc derrière la qualification de cette crise. Le récit médiatique d’un évènement est ce qui forge l’opinion et conditionne le comportement des individus envers un phénomène ou une population… L’enjeu est donc évident ici ! Le comportement de la société, à un niveau collectif comme individuel, peut se retrouver fortement modifié selon la qualification faite de cette crise.
Le discours médiatique façonne ainsi l’opinion, transmet une perception d’un évènement, un récit de celui-ci qui s’ancre dans l’imaginaire collectif et qui définit l’interprétation que l’on s’en fait. Le monde tel que nous nous le représentons nous est raconté par les médias d’informations, d’où la nécessité pour l’information d’être véridique et vérifiée. Ce n’est pas pour rien que la société médiatique est souvent qualifiée de « quatrième pouvoir »…
Dans sa tribune, le journaliste d’Al Jazeera dénonçait l’utilisation du mot « migrant » comme un réel « outil de déshumanisation ». (3) De gros enjeux de perception se cachent donc derrière la qualification de cette crise. Le récit médiatique d’un évènement est ce qui forge l’opinion et conditionne le comportement des individus envers un phénomène ou une population… L’enjeu est donc évident ici ! Le comportement de la société, à un niveau collectif comme individuel, peut se retrouver fortement modifié selon la qualification faite de cette crise.
La solidarité européenne : réalité ou utopie ?
Crédit: Pixabay
Cette confusion sémantique consciente des discours ainsi que l’absence de vision politique sur la situation interroge. L’étiquette de « crise des migrants » aurait permis à l’Europe de se mettre des œillères sur une situation qui ne « serait pas un problème européen ». (2) Qu’est il advenu des concepts de solidarité et de fraternité ? On se serait apparemment bien écarté des valeurs fondamentales sur lesquelles l’Europe se serait initialement construite…Le discours tenu par les puissances européennes serait un moyen de retarder l’échéance et de se dédouaner de la responsabilité humanitaire des Etats face à ces populations.
Cette crise ne semble donc pas prête de s’arrêter. La faute pour certains à une réponse politique bien trop timide voire absente qui aurait accéléré la dégénérescence de la situation. Ainsi, aucune réelle initiative ne semble avoir été prise par les Etats pour réfléchir ensemble à une solution possible. Cette attentisme politique est comparé par certains à celui de la crise financière. « Dans le schéma de réaction de crise, l’Europe a eu, la même (absence de) réaction, coupable et couteuse, la même volonté de s’exempter de toute prise de responsabilité que lors du début de la crise financière où on a perdu de précieux mois, voire plusieurs années, avant d’analyser que la crise financière toucherait le continent européen, puis les pays du coeur de l’Europe. » (2) A trop avoir fermé les yeux, l’Europe se retrouve désormais au pied du mur et doit répondre dans l’urgence.
Cette crise est elle donc révélatrice d’une Europe de moins en mois solidaire ? La question à l’échelle de l’Union se pose… C’est finalement au niveau des sociétés que les choses semblent s’organiser. Des initiatives citoyennes pour l’accueil des réfugiés ont ainsi vu le jour en Allemagne et récemment en France. Un élan de solidarité à l’échelle de la société qui constitue, malgré tout, un nouvel espoir.
(1) http://www.thehindu.com/opinion/op-ed/eu-leaders-should-address-those-reaching-europes-shores-as-refugees/article7633821.ece
(2) http://www.bruxelles2.eu/2015/09/06/les-leurres-de-leurope-sur-la-crise-des-migrants-devenue-crise-des-refugies/
(3) http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/31/migrants-refugies-difference-distinction-utile-_n_8063594.html
Cette crise ne semble donc pas prête de s’arrêter. La faute pour certains à une réponse politique bien trop timide voire absente qui aurait accéléré la dégénérescence de la situation. Ainsi, aucune réelle initiative ne semble avoir été prise par les Etats pour réfléchir ensemble à une solution possible. Cette attentisme politique est comparé par certains à celui de la crise financière. « Dans le schéma de réaction de crise, l’Europe a eu, la même (absence de) réaction, coupable et couteuse, la même volonté de s’exempter de toute prise de responsabilité que lors du début de la crise financière où on a perdu de précieux mois, voire plusieurs années, avant d’analyser que la crise financière toucherait le continent européen, puis les pays du coeur de l’Europe. » (2) A trop avoir fermé les yeux, l’Europe se retrouve désormais au pied du mur et doit répondre dans l’urgence.
Cette crise est elle donc révélatrice d’une Europe de moins en mois solidaire ? La question à l’échelle de l’Union se pose… C’est finalement au niveau des sociétés que les choses semblent s’organiser. Des initiatives citoyennes pour l’accueil des réfugiés ont ainsi vu le jour en Allemagne et récemment en France. Un élan de solidarité à l’échelle de la société qui constitue, malgré tout, un nouvel espoir.
(1) http://www.thehindu.com/opinion/op-ed/eu-leaders-should-address-those-reaching-europes-shores-as-refugees/article7633821.ece
(2) http://www.bruxelles2.eu/2015/09/06/les-leurres-de-leurope-sur-la-crise-des-migrants-devenue-crise-des-refugies/
(3) http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/31/migrants-refugies-difference-distinction-utile-_n_8063594.html