Extrait publié dans la Revue des affaires n°8
Le rôle de l’industrie alimentaire
Nous en avons déjà eu plusieurs exemples, l’industrie alimentaire est un des principaux responsables du surpoids et de l’obésité aux États-Unis.
Il est un fait indéniable, les industries alimentaires sont partout. Non seulement leurs produits sont physiquement accessibles partout, mais elles ont su s’associer à des agences ou organismes liés à la santé. Le problème est lr suivant : comment peut-on croire qu’une agence est libre de ses actes et de ses paroles quand elle est (en partie) financée par un industriel.
Un cas choquant fut lorsqu’en 2009 l’Académie américaine des médecins de famille (American Academy of Family Physicians – AAFP) s’est alliée avec… Coca-Cola pour fonder la « Consumer Alliance » (Alliance des consommateurs). Ce partenariat avait pour but de « fournir aux Américains des informations crédibles sur les boissons et rendre les gens autonomes pour prendre leurs décisions sur ce qu’ils boivent ». Bien évidemment, on peut douter de la qualité des informations qui seront publiées. De nombreux médias s’emparèrent de l’affaire, mais cette situation dura 6 ans. Comme le fit remarquer Seattle News « les conseils concernant les sodas et la santé de la part d’une des plus grandes associations de médecins viendront de la part de Coca ». Cela eut aussi pour effet de faire démissionner de nombreux médecins de cette association. Coca-Cola n’en est pas à son coup d’essai, puisque cette société avait aussi financé l’Académie américaines des pédiatres (American Academy of Pediatrics – AAP) à hauteur de 100 millions de dollars. L’AAP, tout comme l’AAFP décida plusieurs années après d’arrêter cette association. Le motif est que Coca-Cola avait payé pour des recherches afin de démontrer que ses boissons ne jouaient pas un rôle (important) dans l’obésité. Il y avait un évident conflit d’intérêts. Mais l’AAFP n’en était pas non plus à son coup d’essai, puisqu’en 2005, elle avait reçu des fonds de la part de McDonald’s pour la mise en place d’un programme de fitness.
Quand les acteurs de l’industrie alimentaire prennent les devants et créent des organismes allant dans le sens de la lutte anti-obésité, on aboutit aussi à des conflits d’intérêts. Nous avons par exemple Kellogg, avec sa fondation Kellogg Foundation’s, qui lance en septembre 2010 la revue (version digitale et version papier) « Childhood Obesity » (Obésité de l’enfance). Mais en plus de la financer, le Vice-Président des Programmes de la Fondation Kellogg, Gail C. Christopher, DN, se retrouve être dans le Comité éditorial de Childhood Obesity’s.
Après un fabricant de boissons sucrées et un fabricant d’aliments sucrés, un dernier exemple avec un fabricant de bonbons. Et pas des plus curieux. En effet, l’Association américaine de diététique (American Dietetic Association – ADA) a lié en 2010 un partenariat avec la société Hershey, via une de ses filiales, Hershey Center for Health & Nutrition. Dans leur programme, il ne s’agit pas de faire passer le message de manger moins de sucreries, mais de manière modérée, équilibrée et que le chocolat est bon pour la santé. Par ailleurs en 2015, l’ADA et Hershey poursuivent leur collaboration en mettant en place le programme « Moderation Nation », afin de faciliter les visites chez les diététiciens. Il n’est pas sûr que ces derniers soient plus justes dans leurs propos, sachant qui leur envoie des patients. Il est intéressant de noter que l’ADA est ou a été en partenariat avec Coca-Cola, PepsiCo et Mars…Bien évidemment la liste pourrait être presque sans fin. Pourquoi cet engouement à devenir partenaire (ou créateur) d’organisations, fondations, académies, agences ou associations promouvant une meilleure santé ?
Pour améliorer leur image, ne pas passer pour les vilains petits canards de la santé. En sponsorisant des organismes « irréprochables » (ou du moins du point de vue du public), ils s’achètent une conduite. Coca-Cola, tout comme PepsiCo, reconnaît qu’une image négative fait baisser les ventes alors qu’une image positive les dopent. Et que de rebâtir une image coûte beaucoup plus cher que de l’entretenir en finançant divers organismes. Cela explique ces mariages contre nature. En effet, via ses contributions au « Grocery Manufacturers Association – GMA), Coca-Cola est opposée à la taxation des boissons sucrées, est opposée au retrait du BPA des bouteilles contenant des liquides consommés par des enfants, est opposée à la divulgation des ingrédients de ses produits, est opposée aux taxes sur les sucreries, est opposée aux consignes des bouteilles, est opposée à toutes les restrictions sur les emballages contenant du BPA, est opposée à des standards concernant la préparation des aliments et est opposée à des standards concernant l’alimentation en milieu scolaire ! Ouf !
Autre avantage à créer une fondation ou organisme assimilé : les économies d’impôts, même si cela peut paraître ridicule pour des sociétés qui gagnent des milliards de dollars. En créant une fondation, et en la finançant, l’argent ainsi transféré est déductible pour tout ou partie des impôts.
En 2009, l’Association américaine des boissons (American Beverage Association), le lobby des fabricants de boissons sans alcool, a donné 10 millions de dollars à l’hôpital pour enfant de Philadelphie.
En 2015, Kellogg verse 20 millions de dollars à l’Académie Nationale des Sciences (National Academy of Sciences), 562 500 dollars à l’Académie de Médecine (National Academy of Medecine – NAM), 5 millions de dollars pour le NAM attribué à la recherche de « l’amélioration de la santé des communautés américaines », 2 572 544 de dollars pour le NAM attribué aux actions de communication et activités de sensibilisation. Soit 28 135 044 de dollars. Même avec moitié moins qu’en 2014 (56 879 000 dollars), Kellogg figure dans le cercle très fermé des donateurs à plus de 25 millions de dollars à l’Académie de médecine.
Finalement avec le temps rien ne change, sauf le montant des dons.
Ce n’est pas une question d’échelle. Les industries alimentaires financent aussi bien la recherche universitaire, voire la sponsorise, que la plus grande organisation mondiale de professionnels de la nutrition. En effet, l’Academy of Nutrition and Dietetics a pour sponsors Abbot Nutrition, Aramark, Coca-Cola, The Hershey Center for Health and Nutrition, National Dairy Council (Industries laitières), General Mills, Kellogg’s, PepsiCo, et Unilever.
Autre argumentaire de l’industrie alimentaire pour défendre ses produits : le prix. Selon elle, le prix d’aliments plus sains est beaucoup plus élevé. Elle se base sur un prix moyen de 1 à 2 dollars pour un cheeseburger. Mais pour un repas ? Eh bien un repas, un vrai, préparé avec de vrais aliments revient à environ 10 dollars pour 4 personnes, alors qu’un repas pour 4 (hamburger, frites, nuggets et cookie) revient à 16 dollars. Une question soulevée par l’USDA est que le temps manque pour faire la cuisine. Qu’à cela ne tienne, des sites sont apparus pour proposer des recettes en 30 minutes tout compris, toujours à moins de 10 dollars.
On le voit bien, l’argument prix n’est pas non plus valable. Mais il est vrai que le mode de vie américain, et sa course effrénée, ne met pas en valeur cet aspect « Home Cooked » (fait maison), ce qui profite, hélas, aux industries alimentaires. Il n’y a pas, en effet, de contrôle de la part de la famille sur ce que mangent les enfants en surpoids, qui sont conditionnés et vont chercher à manger coûte-que-coûte : en cachette, à l’école, par les grands frères/sœurs. L’instauration d’un vrai repas familial a minima le soir serait une première étape contre l’obésité.
Enfin, dernier constat, si l’on compare le nombre d’obèses par pays avec le nombre de restaurants fast-food, on note une très forte corrélation : si l’on compare le nombre d’établissements McDonald’s par pays et le nombre d’obèses par pays, on s’aperçoit que les proportions sont quasiment identiques.
Il est malheureux de noter qu’il y a plus de quatre fois plus de McDonald’s aux États-Unis que d’hôpitaux.
L’industrie du sucre
L’un des principaux problèmes vient du sucre : sucre ajouté dans les aliments transformés, boissons sucrées, etc. Il paraît donc intéressant de s’y attarder quelques instants.
Quand on parle de sucre, il faut savoir que cela recouvre plusieurs appellations : cinquante-six précisément !
Bien évidemment, le consommateur est un peu perdu parmi tous les noms. Les industries agroalimentaires vont utiliser cette confusion pour faire en sorte que les sucres ajoutés ne soient pas reconnus.
Ainsi, caché dans une longue liste d’ingrédients, on peut trouver disséminé du miel ou du sirop de maïs enrichi en fructose, chacun pouvant entrer eux-mêmes dans la composition d’ingrédients. Le sucre, ou plutôt les sucres se cachent donc partout. Ces trente dernières années, la consommation quotidienne de sucre a augmenté de 46 % aux États-Unis. Durant la même période, la consommation de viande a diminué de 10 %, les fruits et légumes restent stables, tandis que la consommation d’aliments transformés et sucrés a doublé ! 74 % des plats transformés vendus en supermarché contiennent des sucres ajoutés. Difficile de passer outre.
L’article « Sugar Consumption in America », résume bien l’augmentation de la consommation de sucre :
– en 1822, un américain moyen consommait 45 g de sucre en 5 jours, l’équivalent de ce que l’on trouve dans une cannette de soda. En 2012, en 5 jours, ce même américain en consomme 17 fois plus, soit 765 g ;
– l’association américaine du cœur recommande un maximum de 9,5 petites cuillères de sucre par jour. Les adultes en consomment 22 et les enfants 32.
Le sucre est-il dangereux ? Il y a sucre et… sucre. Le saccharose (sucre de table) est extrait de certaines plantes, principalement de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Si sa consommation en grandes quantités est dangereuse, son origine est naturelle. À l’opposé, et c’est l’un des principaux dangers, il y a le sirop de maïs (corn syrup). Utilisé massivement aux États-Unis (et risquant de déferler sur l’Europe l’an prochain à cause de la fin des quotas, cf. Partie IV l’Europe, §3) à cause d’un coût de production très bas et d’un fort pouvoir sucrant, c’est un mélange de glucose et de fructose. Comme son nom l’indique, le sirop de maïs provient de l’amidon de maïs. À l’aide de procédés industriels, on extrait d’abord le glucose de l’amidon. Une partie de ce glucose est ensuite transformée artificiellement en fructose, d’où son nom de sirop de maïs « enrichi en fructose ». C’est un produit artificiel.
Le sirop de maïs, largement utilisé aux États-Unis, a un pouvoir sucrant beaucoup plus élevé que le saccharose, et surtout « est le principal moteur du développement du diabète et de ses conséquences ».
Son faible coût, son haut pouvoir de dilution dans les aliments et son pouvoir sucrant sont autant d’éléments qui font que le sirop de maïs se retrouve dans deux produits sous vide sur trois.
Le sucre, et surtout certaines de ses appellations, consommé en grande quantité est dangereux. Alors comment se fait-il que les Américains en consomment autant ? Ils ne sont pas suicidaires. L’industrie du sucre leur ment. Il y a deux mois, une affaire ressurgit après plus de 50 ans. Dans les années 60, un débat fait rage au sujet du sucre et de son implication dans les maladies coronariennes (nous n’étions pas encore au rapport McGovern, mais déjà ces sujets venaient sur le devant de la scène). En 1967, un article est publié dans le « New England Journal of Medicine » de l’école d’Harvard indiquant que seule une réduction de gras et de cholestérol dans l’alimentation pouvait réduire les accidents cardiaques. L’article disculpa le sucre de ces méfaits au détriment du gras. C’est par la suite que l’on a donc vu apparaître des plats pour des régimes faibles en graisses (low-fat), mais pas en sucre ! Et cela perdura pendant des décennies avec les conséquences que l’on connaît. Il a été prouvé que l’auteur de ce rapport, le Professeur Hegsted toucha des pots-de-vin afin de truquer le rapport, pots-de-vin payés par l’industrie sucrière. Marion Nestle, Professeur de Nutrition, Etude Alimentaire et Santé Publique à l’université de New York explique clairement que l’industrie sucrière a initié des recherches dans le seul but d’exonérer le sucre en tant que risque pour les maladies cardiaques.
En fait, tout le lobby des industries sucrières est derrière cette mascarade. Cinq décennies de corruption de chercheurs et de hauts fonctionnaires ont fait perdre un temps précieux pour la recherche médicale, indique le Professeur Stanton Glantz qui a révélé cette affaire. Il indique par ailleurs : « Pendant de nombreuses décennies, les Américains ont été encouragés à réduire leur consommation de matières grasses, ce qui a amené les gens à consommer des aliments à faible teneur en graisse, mais très sucrés ».
Mais là où l’industrie sucrière a été très forte, c’est en communication. D’une manière qui pourrait nous sembler ironique avec le recul des années, en 1976, des membres de la direction de l’Association du Sucre (très puissant lobby de l’industrie sucrière) ont accepté l’Oscar de la relation publique internationale, l’Enclume d’Argent (« Silver Anvil »), pour son excellent travail pour « avoir forgé l’opinion publique ». En effet, pendant plus de 10 ans, l’industrie du sucre avait été victime de nombreuses crises et attaques, le public et les médias s’en prenant au sucre tandis que les scientifiques commençaient à entrevoir le fait que le sucre puisse être responsable de l’obésité, du diabète et de maladies cardiaques. Les publicités des industriels clamant que manger du sucre vous aide à perdre du poids ont été rappelées par la Federal Trade Commission (FTC), tandis que la FDA a même lancé une enquête pour savoir si le sucre n’était pas nocif. L’industrie sucrière a alors mené une campagne avec des professionnels de la santé et des nutritionnistes afin d’apaiser les craintes du public. Avec un budget de 3,4 millions de dollars (actuels) par an, cette campagne a très bien fonctionné et a abouti au fait que la FDA ait indiqué : « Il est peu probable que le sucre sera soumis à une législation restrictive dans les années à venir ».
La communication a été le point fort de l’Association du Sucre. C’est ce que révèlent des documents confidentiels émanant de la puissance « Sugar Association » (Association du Sucre). La « Great Western Sugar » était une industrie sucrière du Colorado, qui ferma ses portes dans les années 70, laissant tout tel quel. Cette entreprise était membre de la Sugar Association. La quasi-totalité des dossiers fut déposée dans une bibliothèque et laissée dans des cartons dans un coin. Au début des années 2000, une dentiste cherchant des documents sur la Sugar Association, vint dans la ville où l’ancienne industrie sucrière fit faillite, au cas où. Et elle tomba sur les fameux cartons, et les documents furent mis à jour…
Au travers de tous ces documents, on constate la machine de guerre de la communication de la Sugar Association. Tout y est décrit, afin que les membres de la Sugar Association aient connaissance des actions en cours et à venir, ainsi que des attitudes et discours à tenir. Quelques exemples :
– Les questions auxquelles les dirigeants des entreprises sucrières pourraient être soumis et les réponses à apporter, s’assurant ainsi que tous répondent la même chose ;
– Des plans de communication médias, avec télévision, cinéma, et des mailings aux éditeurs d’ouvrages sur l’alimentation, des rédacteurs scientifiques et des éditorialistes ;
– Des résumés ou des interviews de scientifiques arguant que le sucre n’est pas mauvais à destination des membres de la Sugar Association, afin qu’ils puissent propager ce message ;
– Une note indiquant les attitudes de différents spécialistes de la santé (dentistes, médecins) ou personnes influentes (journalistes, éditeurs, élus, etc.) envers le sucre ;
– Une note strictement confidentielle sur une personnalité de la santé dont il faut se méfier.
La publicité ! Voilà un des aspects du problème. Il n’y a quasiment aucune publicité pour des fruits ou des légumes, alors qu’a contrario, des publicités pour de la nourriture préparée, cookies, chips et autres sodas abondent. Cela fausse la perception de la nourriture qu’ont les enfants.
En 2015, le « Center for Science in the Public Interest » (centre pour la science dans l’intérêt du public) publia un rapport (« Who influences what goes in your plates ? » — Qui influence ce qui va dans votre assiette ?) indiquant le montant (en dollars US) des 25 plus gros financeurs de publicité pour des produits agroalimentaires : McDonald’s, 1 400 millions ; Unilever, 1 300 millions ; Pepsico, 1 200 millions ; Yum ! Brands, 898 millions ; General Mills, 866 millions ; Mars Inc., 827 millions ; Nestlé, 819 millions ; Hershey Co., 745 millions ; Kellogg Co., 666 millions ; Coca-Cola, 664 millions ; Krocer Co., 648 millions ; Kraft Heinz Co., 569 millions ; Subway, 536 millions ; Dr Pepper Snapple, 414 millions ; ConAgra Foods, 392 Millions ; Dunkin’ Brands Group, 382 millions ; Burger King, 371 millions ; Wendy’s Co., 347 millions ; Campbell’s Soup Co., 320 millions ; Mondelez International, 278 millions ; Tyson Foods, 272 millions ; J.M. Smucker Co., 275 millions ; Darden Restaurants, 252 millions ; Publix Super Markets, 233 millions ; Papa John’s, 187 millions.
Pour un montant total de près de 15 milliards de dollars !
Dès l’après-guerre, les publicités de l’industrie alimentaire à destination des enfants commencent à pulluler. Après des années de restrictions alimentaires, les publicités adressent aux familles un message clair : « Prenez de l’embonpoint c’est bon pour la santé, mangez gras et sucré ». Nous y trouvons par exemple les slogans suivants :
– Le beurre est Bon, et Bon pour Vous. Votre astuce nutrition : le beurre est un lubrifiant. C’est la raison pour laquelle nous en mangeons le plus possible afin de lubrifier nos artères et nos veines ;
– Publicité 7 Up : Pourquoi avons-nous les plus jeunes consommateurs du marché ? Rien d’autre ne le fait comme un Seven Up !
– Les enfants ont besoin de l’énergie qu’un bonbon donne. C’est pourquoi les mamans cools achètent des bonbons emballés. Pour les jeunes et les moins jeunes, un bonbon fournit rapidement de l’énergie. Achetez-en quelques-uns la prochaine fois que vous allez faire vos courses. LE BONBON EST UN DELICIEUX ALIMENT ENERGETIQUE… DEGUSTEZ-EN PLUSIEURS CHAQUE JOUR !
– Jell-O est un dessert joyeux ;
– Un petit faire pour faire un délice : Seven-Up dans du lait ;
– Pour du dynamisme et de la vigueur, les Donuts à Vitamine (qui en fait ne sont que des gâteaux hyper caloriques avec 450 kilocalories pour 100 grammes).
Si ces affiches peuvent nous choquer, elles étaient courantes et les prémisses de campagnes publicitaires à l’attention des enfants à bien plus grandes échelles.
La publicité les poursuit tout au long de leur scolarité. Pour aller à l’école, ils empruntent ainsi des autobus sponsorisés par des chaînes de pizzas ou de fast-food.
Il y a eu de nombreuses tentatives de régulation, mais l’industrie alimentaire et ses lobbyistes furent les plus forts.
En 1977, à la suite de la publication du rapport McGovern, des consommateurs ont demandé à la Federal Trade Commission, organisme chargé de réguler la publicité, de réglementer les publicités pour les produits avec du sucre. La FTC s’accorde à dire que la publicité télévisée ciblant les enfants est déloyale.
En avril 1977, le groupe activiste « Action for Children's Television » et le « Center for Science in the Public Interest » remirent une pétition conjointe à la FTC, demandant l’abolition de la publicité destinée aux enfants, en particulier celle qui est relative aux sodas, aux céréales sucrées et de manière générale, tous les aliments contenant du sucre.
Sociétés de diffusion, agences de publicité et fabricants de jouets unirent leur force afin d’empêcher la FTC de réglementer la publicité télévisée pour les enfants. Plusieurs procès eurent lieu.
L’industrie alimentaire gagna la bataille et aucune réglementation ne fut mise en place.
Avec l’arrivée de la nourriture transformée, comme les barres chocolatées, les cookies, le marketing à destination des enfants prit son envol.
De plus, avec l’arrivée du sirop de maïs comme substitut du sucre, les gros fabricants alimentaires firent de nombreuses économies qui leurs permirent de faire des portions plus grandes, des produits meilleur marché, et surtout de pouvoir s’adjoindre des stars pour leurs campagnes publicitaires comme une publicité PepsiCo avec Mickael Jackson et des enfants.
Ou de pouvoir s’incruster lors de show télévisé. Ainsi sur le plateau de « Britain Got Talent » (Nouvelle Star en France), les jurés avaient tous devant eux un grand gobelet Coca-Cola.
Les chiffres de l’obésité continuant d’augmenter, le Sénateur Tom Harkin tenta à nouveau en 2004, de règlementer le marketing et la publicité télévisuelle pour des aliments sucrés ciblant des enfants.
La réaction de l’industrie alimentaire fut aussi rapide et violente que 20 ans auparavant.
Ces sociétés, sous la menace de réglementations gouvernementales, prétendirent alors qu’elles allaient s’autoréguler et venir avec beaucoup de promesses : on ciblera moins les enfants, on retirera nos produits des écoles. Mais la publicité en ligne (des industries alimentaires) a augmenté de 60 % entre 2008 et 2010. Le problème vient du fait que la FTC a beaucoup plus de difficultés à règlementer la publicité pour les enfants que la publicité pour les adultes. Cela pose un problème indirect, car en général ce qu’un enfant veut, il l’obtient, que ce soit un jouet, ou un paquet de chips.
Un problème corrélé à la surabondance de publicité pour des produits alimentaires est que les enfants qui voient des publicités pour de la nourriture ont tendance à manger plus (environ 45 %). Et comme déjà évoqué, il n’y a que des publicités pour des produits sucrés et salés, jamais pour des fruits et légumes.
Des diabétologues expérimentés consultèrent les chiffres liés à la publicité pour des produits alimentaires auprès de jeunes enfants. Ils furent extrêmement inquiets, car les stimuli alimentaires répétés influent sur le système nerveux des enfants qui seront conditionnés à vie. Cela combiné à l’effet addictif du sucre rend ces publicités encore plus dangereuses.
Toujours au niveau marketing, les industries alimentaires et les chaînes de fast-food proposent souvent un jouet en cadeau pour l’achat d’un aliment sucré et/ou salé. Une proposition a été faite par le gouvernement pour interdire ces jouets dans ces types de plats. Cette fois-ci, et comme à chaque fois que le gouvernement tente de règlementer les industries alimentaires, comme par les campagnes « Cut the Salt » (Arrêter le Sel) ou « Soda Ban » (Supprimer les boissons sucrées grand volume) lancées à New York, ces dernières se défendent en lançant un débat public sur le rôle de l’état sur la vie privée des gens.
La « Food Police » (la Police de la Nourriture), « Nanny State » (État nounou) sont des exemples des sobriquets donnés à l’état à chaque fois que ce dernier lance une campagne de sensibilisation. Ce sobriquet est repris en masse par les journalistes ou la population pour se plaindre ou se défendre contre une possible réglementation. Là encore, on assiste à des campagnes d’influence très efficace de la part des industriels.
En plus de mobiliser les foules, les industries alimentaires répliquent en faisant remarquer tout ce qu’elles font de bien, comme McDonald parlant de ses maisons pour enfants. En parallèle, par leur armée de lobbyistes, elles paient de très gros montants aux législateurs ou aux chercheurs.
Et parfois la vérité éclate sur des cas de corruption, comme l’affaire des chercheurs de Harvard payés pour truquer des recherches sur le sucre, comme évoqué plus haut.
Mais ce cas, s’il est une preuve de plus des malversations des industries alimentaires, ne doit pas nous faire oublier que ces dernières sont passées expertes dans la guerre de l’information, l’influence et la manipulation de la société civile. Elles savent très bien se défendre face aux attaques de l’état ou de toute autre institution qui tenterait de mener une campagne contre elles. Par ailleurs, ces mêmes industries, toujours dans une perspective d’influence et d’occupation du terrain, ont créé des instituts pour défendre et promouvoir les bénéfices du sel, du sucre, etc.
Les industries alimentaires sont responsables de l’obésité, mais elles peuvent le masquer en parlant de sport. Elles savent déplacer le débat et anticiper, se préparer pour d’éventuelles critiques. Par exemple, comme nous l’avons déjà vu, en influençant la recherche afin qu’elle produise des rapports qui leur seront favorables. Ainsi elles s’assurent de meilleures ventes au détriment de la santé.
Les mêmes paroles sont reprises à chaque fois par les détracteurs de ces campagnes : « Qui devrait décider de ce que l’on mange ou de l’école dans laquelle on va ? Est-ce que cela devrait être l’état ou les parents ? » Des idées reprises par Sarah Palin dans sa « campagne » contre les nouvelles recommandations de l’état de Pennsylvanie pour une alimentation plus saine dans les écoles.
Dans le même ordre d’idée, la demande par le maire de New York de supprimer les grands volumes pour les boissons sucrées (cf. page précédente) fut rejetée par le tribunal ainsi qu’en appel.
Il existe une corrélation très forte entre obésité et argent. Les familles aux revenus les plus modestes vont donc acheter de la nourriture « malsaine » (junk food), moins chère, mais bourrée de sucre, de graisse et de sel. Ces populations sont aussi moins au courant des problèmes de santé que peut occasionner cette nourriture bon marché. Les industries alimentaires vont donc axer leurs campagnes marketing sur cette population. Il s’agit des populations hispaniques et noires.
En effet, comme le précise Jennifer Harris, directrice du marketing du « Yale Rudd Center » dans le dernier rapport publié par ce centre : 23 sociétés vendant des boissons sucrées marquettent leurs sodas pour enfants en fonction d’une analyse des dépenses de publicité tout autant que le temps que vont passer les enfants devant les publicités devant la télévision, les sites internet, les réseaux sociaux et les applications sur mobiles. Et les enfants noirs voient plus de deux fois plus de publicité pour des sodas que les enfants blancs, car plus ciblée. Dans le même objectif, les publicités pour des sodas en langues espagnoles ont augmenté de 44 %.
L’obésité coûte cher. Non pas pour le prix des plats, mais sur le plan des soins de santé. Pour l’année 2008, les coûts médicaux directs (prévention, diagnostic et traitement) et indirects (baisse de productivité et absentéisme) ont été estimés entre 150 et 153 milliards de dollars ! Et ces coûts, du fait de l’augmentation de la prévalence de la maladie, n’ont fait que s’accroître.
D’autres coûts, moins visibles et pas forcément financiers sont à imputer à l’obésité. Par exemple l’armée a dû refuser sur la période 2007-2008 5,7 millions d’hommes et 16,5 millions de femmes éligibles au service militaire furent recalées à cause de leur poids. Un général américain demande ainsi : « A quoi sert-il d’avoir les meilleurs chars, d’avoir les meilleurs avions, si nous ne pouvons pas avoir d’armées ! ».
C’est un cercle vicieux. Les gens qui consomment cette nourriture malsaine sont pour la plupart les gens les moins aisés, qui ne peuvent donc pas se payer les soins nécessaires. Comme l’indique le numéro de janvier 2017 de la revue SoEpidemio intitulé « L’obésité infantile comme révélateur des inégalités sociales de santé », « la différenciation sociale des consommations alimentaires et le rapport au corps font de l’obésité un véritable marqueur social ». Ils sont donc aidés par l’état. Cela amène ici un coût d’image. Image d’un gouvernement qui préfère voir sa jeunesse dépérir ou subir des interventions très lourdes au lieu d’imposer une politique alimentaire dans les écoles et pour interdire la publicité pour ces produits extrêmement malsains. Cela ramène à une image d’un échec politique systématique, aucun gouvernement n’a pu améliorer la situation, et d’ailleurs cela n’a pas été au centre des discutions pour l’élection du prochain président.
Comme le fait remarquer le Dr David Ludwig, professeur au département de nutrition de « Harvard School of Public Health » : « Nous sommes la société la plus riche au monde. Et nous échouons parce que nous plaçons notre profit et nos intérêts personnels avant la santé publique ».
Est-ce une question de quantité ? Après tout, l’on pourrait se dire que de réduire, juste réduire, et ne pas supprimer sa consommation de sodas par exemple, pourrait suffire. Hélas non. Juste un soda quotidien, oui un seul, augmente le risque d’obésité de 60 % et le risque de développer un diabète par 22 % ! On comprend mieux pourquoi Coca-Cola, plus grand producteur mondial de soda rétribue des chercheurs afin de sortir des rapports montrant que le sucre n’est pas un problème dans le cas de l’obésité.
Dans cet article, on voit aussi comment Coca-Cola, à l’instar d’autres du secteur alimentaire, finance des experts du domaine de l’obésité, ou se dissimule derrière des sites internet afin de faire sortir les sodas sucrés comme une des raisons principales de l’obésité. Coca-Cola finance aussi de nombreux projets universitaires à hauteur de plusieurs millions de dollars, dans ce cas pas facile de dire du mal de son sponsor.
Enfin, citons le cas d’une mère de famille condamnée à payer les nuggets que la cantine a dû rajouter dans le repas de sa fille, parce que l’école estimait ce repas, préparé à la maison, n’avait pas une valeur nutritionnelle suffisante. Ce dernier comportait pourtant un sandwich à la dinde et au fromage, une banane, du jus de pomme et des chips. Pas assez gras ma fille !
Les produits allégés, la cause de tout ? Dans les années 80 (à la suite du rapport McGovern), un nouveau marché apparaît : le light, l’allégé. Tous les produits alimentaires existants furent développés en version allégée. Les Américains furent encouragés à acheter ces produits et à consommer plus de produits contenant moins de matières grasses. Quelques années plus tard, à la suite du lancement de Let’s Move (cf. Michelle Obama) les ventes de produits allégés repartirent à la hausse. En effet, profitant de la mention allégée, les industries alimentaires, tant dans les années 80 qu’après Let’s Move, vont axer leur communication sur cet aspect. Si c’est allégé, vous pouvez en manger, sous-entendu plus !
Grave erreur, ces produits sont encore plus dangereux ! En effet, quand on enlève la graisse, ce n’est pas bon, cela n’a plus de saveur, et, ça, l’industrie alimentaire le savait. Donc pour redonner du goût, elle a rajouté du sucre ! A partir des années 80, nous avons eu des produits estampillés allégés, avec certes 50 % de matières grasses en moins, mais avec 100 % de sucre en plus !
Entre 1977 (rapport McGovern) et 2000, les américains ont doublé leur consommation quotidienne de sucre. Plus précisément, le sirop de maïs enrichi en fructose (HFCS), qui passe de 10 g par personne et par jour en 1975 à plus de 90 en 1995. Par ailleurs, parmi tous les sucres, le HFCS est celui dont la consommation a le plus augmenté. Cette brutale augmentation commence avec la parution du rapport McGovern.
Le deuxième piège, c’est que l’industrie sucrière a réussi à faire en sorte que le sucre soit LE SEUL élément dont le pourcentage des AJR ne soit pas indiqué dans la composition des aliments !
Ce rapport marqua aussi le début de l’accroissement du nombre d’obèses aux États-Unis.
Et cette surconsommation de sucre n’est pas sans conséquence.
Le sucre consommé en excès, agit comme une toxine (poison) chronique dose-dépendante du foie. Le foie n’a qu’une capacité limitée d’absorption du sucre. Ensuite c’est le pancréas qui entre en scène en produisant de l’insuline qui va métaboliser le sucre… en le transformant en graisse et la stocker. Et quand le pancréas est trop fatigué, on devient diabétique. Mais une « nouvelle » pathologie est apparue : « La faim hédonique ». « La faim hédonique est un terme relativement nouveau. Il décrit l’envie de nourriture alors même que votre corps n’en a pas un besoin biologique. On pense que ce phénomène contribue au taux croissant d’obésité aux États-Unis et il est presque toujours caractérisé par des envies d’aliments riches en sucre et en mauvaises graisses. […] Par ailleurs, plus vous vous nourrissez de nourriture industrielle, plus votre corps s’y habitue et en réclame pour pouvoir ressentir à nouveau les mêmes plaisirs, tout comme une addiction à une drogue. En définitive, vous risquez de devoir vous nourrir de cochonneries pour pouvoir maintenir un sentiment de bien-être. »
Le nombre d’enfants déclarant un diabète Type 1 ou 2 a fortement augmenté, avec une croissance de 51 % entre 2001 et 2009, alors qu’ils étaient moins de 5 % en 1994
Et bien sûr, sans parler des autres maladies métaboliques associées à l’obésité : maladies cardiaques, AVC, cancer.
La faim hédonique amène un comportement associé à l’obésité : trop manger, trop peu bouger, se goinfrer, la fainéantise… tout cela est la conséquence de la biochimie de l’obésité, pas la cause. Or pendant des années, depuis le début en fait, les industries alimentaires, souvent aidées par le gouvernement, mettent en avant (comme nous l’avons souvent évoqué) comme cause de l’obésité un manque de sport. Si bien évidemment, il faut faire régulièrement un peu de sport, le manque de sport n’est pas tant la cause de l’obésité qu’une de ses conséquences.
Et les produits de régime ? Très tôt, les produits de régime, principalement à destination des femmes, ont fait leur apparition.
Une parenthèse humoristique nous ramène au début du 20e siècle, où une affiche incite les corpulents à acheter un ténia ! « Les gros, achetez un ténia. Le gras, l’ennemi qui réduit votre durée de vie, banni ! Comment ? Avec un ténia désinfecté. Facile à avaler… ».
Le plus étonnant c’est que cette méthode sera légitimée presque 100 ans plus tard, dans le journal du diabète en 1999.
Le 3 juin 1997. Une date importante dans l’évolution de l’obésité. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a organisé une consultation d’experts à Genève. Lors de cette consultation, l’OMS vient de déclarer que l’obésité vient d’atteindre un seuil épidémique. Épidémie, le mot est lâché. Le mot « épidémie » est crucial, car dès qu’une épidémie est déclarée, et si elle est médicale, quelqu’un peut fournir un « remède ».
L’industrie pharmaceutique a donc investi ce créneau, afin de proposer des produits pour maigrir. Par exemple Slimfast, la nourriture liquide de substitution fut mise au point pas un chimiste, Danny Abraham. Mais c’est surtout l’industrie alimentaire qui profite des produits de régime.
Weight Watchers, a ainsi été racheté par Heinz (qui appartient à Kraft), avant que lui-même ne le revende en partie (sans les plats congelés, les desserts et les éléments du petit-déjeuner) au fonds d’investissement Artal, qui possède les sociétés Keebler (fabricants de cookies, affiliés à Kellogg) et Sunshine Biscuit (fabricant de biscuits, anciennement à Kellogg).
Slimfast a été racheté en 2000 par Unilever, qui possède aussi entre autres les produits glacés Ben & Jerry’s et les saucisses Wall’s. Jenny Craig, le « nouveau » phénomène régime aux États-Unis, a ainsi été racheté par Nestlé, qui vend du chocolat, des pizzas et des crèmes glacées, parmi des nombreuses références alimentaires. Optifast est aussi dans l’escarcelle du groupe Nestlé.
Pourquoi cet engouement de la part des industries alimentaires pour les produits de régimes ? Tout d’abord parce que ces produits rapportent : aux États-Unis, 100 millions de personnes faisant un ou plusieurs régimes par an rapportent 20 milliards de dollars. Ce qui permet aux industries alimentaires de gagner sur les deux tableaux : en vendant des produits pour faire grossir, puis en vendant des produits pour faire maigrir. Et on recommence.
Le sucre (en excès) est un des principaux dangers dans l’alimentation. Or si l’on regarde une liste de produits à acheter chez Weight Watchers, la mention de la quantité de sucre n’est pas indiquée. Les produits de régime peuvent donc être assimilés ici à des produits allégés, à savoir qu’ils ne font pas vraiment maigrir, quand certaines méthodes ne sont tout bonnement pas des escroqueries. Qu’elles soient affiliées à une industrie alimentaire, ou proposant uniquement une méthode de régime, comme les méthodes Dukan, Naturhouse, ces sociétés gagnent en tout beaucoup d’argent.
Et leur marketing fonctionne tellement bien qu’aux États-Unis des médecins de famille proposent même à des enfants en surpoids de faire un régime Weight Watchers, sans se rendre compte, qu’en plus d’ôter tous les doutes sur l’efficacité de la méthode, comment des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter des produits sains vont pouvoir payer un programme minceur qui exige une grande assiduité.
Tout comme les produits allégés, les produits de régime ne bénéficient donc qu’aux industries alimentaires. Et ce sur le dos de tous, car il n’y a pas que les gens en surpoids ou obèses qui achètent des produits de régime. Pour une part il s’agit de personnes tout à fait « normales », sans aucun excès, mais qui à titre de prévention, commencent des régimes ou prennent des plats allégés… qui les feront probablement grossir !
Le problème devient-il mondial ?
Un drame s’est produit aux États-Unis en 2009. Un garçon de 13 ans meurt d’une crise cardiaque sur terrain de football ; il pesait 180 kg. Est-ce un cas isolé ? Hélas non. Mais cela ne se produit pas qu’aux États-Unis. En 2001, en Nouvelle-Zélande, un garçon de 9 ans meurt d’une crise cardiaque devant ses camarades de classe. Il pesait entre 105 et 125 kg.
Plus proche de nous, géographiquement et temporellement, comme si l’épidémie se répandait lentement mais sûrement, une petite fille décède en Angleterre en 2012 parce qu’elle était trop grosse.
Oui, le fléau de l’obésité devient mondial. C’est bien évidemment la raison pour laquelle l’OMS l’a déclaré épidémie. En 2013, il y avait 2,1 milliards d’humains en surpoids ou obèse, soit le tiers de la population mondiale :
Certains pays ou certaines régions sont plus touchés que d’autres, en dehors des États-Unis : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie, la Russie et l’Europe. En fait, il n’y a guère que le Centre de l’Afrique et l’Asie qui soient un peu épargnés.
Il conviendra de faire un focus sur l’Europe et la France par la suite, afin de savoir et comprendre comment et jusqu’à quel point cela arrive chez nous. Est-ce que le modèle américain s’exporte (ou s’importe), depuis les changements de son agriculture jusqu’au changement de son alimentation ?
Le rôle de l’industrie alimentaire
Nous en avons déjà eu plusieurs exemples, l’industrie alimentaire est un des principaux responsables du surpoids et de l’obésité aux États-Unis.
Il est un fait indéniable, les industries alimentaires sont partout. Non seulement leurs produits sont physiquement accessibles partout, mais elles ont su s’associer à des agences ou organismes liés à la santé. Le problème est lr suivant : comment peut-on croire qu’une agence est libre de ses actes et de ses paroles quand elle est (en partie) financée par un industriel.
Un cas choquant fut lorsqu’en 2009 l’Académie américaine des médecins de famille (American Academy of Family Physicians – AAFP) s’est alliée avec… Coca-Cola pour fonder la « Consumer Alliance » (Alliance des consommateurs). Ce partenariat avait pour but de « fournir aux Américains des informations crédibles sur les boissons et rendre les gens autonomes pour prendre leurs décisions sur ce qu’ils boivent ». Bien évidemment, on peut douter de la qualité des informations qui seront publiées. De nombreux médias s’emparèrent de l’affaire, mais cette situation dura 6 ans. Comme le fit remarquer Seattle News « les conseils concernant les sodas et la santé de la part d’une des plus grandes associations de médecins viendront de la part de Coca ». Cela eut aussi pour effet de faire démissionner de nombreux médecins de cette association. Coca-Cola n’en est pas à son coup d’essai, puisque cette société avait aussi financé l’Académie américaines des pédiatres (American Academy of Pediatrics – AAP) à hauteur de 100 millions de dollars. L’AAP, tout comme l’AAFP décida plusieurs années après d’arrêter cette association. Le motif est que Coca-Cola avait payé pour des recherches afin de démontrer que ses boissons ne jouaient pas un rôle (important) dans l’obésité. Il y avait un évident conflit d’intérêts. Mais l’AAFP n’en était pas non plus à son coup d’essai, puisqu’en 2005, elle avait reçu des fonds de la part de McDonald’s pour la mise en place d’un programme de fitness.
Quand les acteurs de l’industrie alimentaire prennent les devants et créent des organismes allant dans le sens de la lutte anti-obésité, on aboutit aussi à des conflits d’intérêts. Nous avons par exemple Kellogg, avec sa fondation Kellogg Foundation’s, qui lance en septembre 2010 la revue (version digitale et version papier) « Childhood Obesity » (Obésité de l’enfance). Mais en plus de la financer, le Vice-Président des Programmes de la Fondation Kellogg, Gail C. Christopher, DN, se retrouve être dans le Comité éditorial de Childhood Obesity’s.
Après un fabricant de boissons sucrées et un fabricant d’aliments sucrés, un dernier exemple avec un fabricant de bonbons. Et pas des plus curieux. En effet, l’Association américaine de diététique (American Dietetic Association – ADA) a lié en 2010 un partenariat avec la société Hershey, via une de ses filiales, Hershey Center for Health & Nutrition. Dans leur programme, il ne s’agit pas de faire passer le message de manger moins de sucreries, mais de manière modérée, équilibrée et que le chocolat est bon pour la santé. Par ailleurs en 2015, l’ADA et Hershey poursuivent leur collaboration en mettant en place le programme « Moderation Nation », afin de faciliter les visites chez les diététiciens. Il n’est pas sûr que ces derniers soient plus justes dans leurs propos, sachant qui leur envoie des patients. Il est intéressant de noter que l’ADA est ou a été en partenariat avec Coca-Cola, PepsiCo et Mars…Bien évidemment la liste pourrait être presque sans fin. Pourquoi cet engouement à devenir partenaire (ou créateur) d’organisations, fondations, académies, agences ou associations promouvant une meilleure santé ?
Pour améliorer leur image, ne pas passer pour les vilains petits canards de la santé. En sponsorisant des organismes « irréprochables » (ou du moins du point de vue du public), ils s’achètent une conduite. Coca-Cola, tout comme PepsiCo, reconnaît qu’une image négative fait baisser les ventes alors qu’une image positive les dopent. Et que de rebâtir une image coûte beaucoup plus cher que de l’entretenir en finançant divers organismes. Cela explique ces mariages contre nature. En effet, via ses contributions au « Grocery Manufacturers Association – GMA), Coca-Cola est opposée à la taxation des boissons sucrées, est opposée au retrait du BPA des bouteilles contenant des liquides consommés par des enfants, est opposée à la divulgation des ingrédients de ses produits, est opposée aux taxes sur les sucreries, est opposée aux consignes des bouteilles, est opposée à toutes les restrictions sur les emballages contenant du BPA, est opposée à des standards concernant la préparation des aliments et est opposée à des standards concernant l’alimentation en milieu scolaire ! Ouf !
Autre avantage à créer une fondation ou organisme assimilé : les économies d’impôts, même si cela peut paraître ridicule pour des sociétés qui gagnent des milliards de dollars. En créant une fondation, et en la finançant, l’argent ainsi transféré est déductible pour tout ou partie des impôts.
En 2009, l’Association américaine des boissons (American Beverage Association), le lobby des fabricants de boissons sans alcool, a donné 10 millions de dollars à l’hôpital pour enfant de Philadelphie.
En 2015, Kellogg verse 20 millions de dollars à l’Académie Nationale des Sciences (National Academy of Sciences), 562 500 dollars à l’Académie de Médecine (National Academy of Medecine – NAM), 5 millions de dollars pour le NAM attribué à la recherche de « l’amélioration de la santé des communautés américaines », 2 572 544 de dollars pour le NAM attribué aux actions de communication et activités de sensibilisation. Soit 28 135 044 de dollars. Même avec moitié moins qu’en 2014 (56 879 000 dollars), Kellogg figure dans le cercle très fermé des donateurs à plus de 25 millions de dollars à l’Académie de médecine.
Finalement avec le temps rien ne change, sauf le montant des dons.
Ce n’est pas une question d’échelle. Les industries alimentaires financent aussi bien la recherche universitaire, voire la sponsorise, que la plus grande organisation mondiale de professionnels de la nutrition. En effet, l’Academy of Nutrition and Dietetics a pour sponsors Abbot Nutrition, Aramark, Coca-Cola, The Hershey Center for Health and Nutrition, National Dairy Council (Industries laitières), General Mills, Kellogg’s, PepsiCo, et Unilever.
Autre argumentaire de l’industrie alimentaire pour défendre ses produits : le prix. Selon elle, le prix d’aliments plus sains est beaucoup plus élevé. Elle se base sur un prix moyen de 1 à 2 dollars pour un cheeseburger. Mais pour un repas ? Eh bien un repas, un vrai, préparé avec de vrais aliments revient à environ 10 dollars pour 4 personnes, alors qu’un repas pour 4 (hamburger, frites, nuggets et cookie) revient à 16 dollars. Une question soulevée par l’USDA est que le temps manque pour faire la cuisine. Qu’à cela ne tienne, des sites sont apparus pour proposer des recettes en 30 minutes tout compris, toujours à moins de 10 dollars.
On le voit bien, l’argument prix n’est pas non plus valable. Mais il est vrai que le mode de vie américain, et sa course effrénée, ne met pas en valeur cet aspect « Home Cooked » (fait maison), ce qui profite, hélas, aux industries alimentaires. Il n’y a pas, en effet, de contrôle de la part de la famille sur ce que mangent les enfants en surpoids, qui sont conditionnés et vont chercher à manger coûte-que-coûte : en cachette, à l’école, par les grands frères/sœurs. L’instauration d’un vrai repas familial a minima le soir serait une première étape contre l’obésité.
Enfin, dernier constat, si l’on compare le nombre d’obèses par pays avec le nombre de restaurants fast-food, on note une très forte corrélation : si l’on compare le nombre d’établissements McDonald’s par pays et le nombre d’obèses par pays, on s’aperçoit que les proportions sont quasiment identiques.
Il est malheureux de noter qu’il y a plus de quatre fois plus de McDonald’s aux États-Unis que d’hôpitaux.
L’industrie du sucre
L’un des principaux problèmes vient du sucre : sucre ajouté dans les aliments transformés, boissons sucrées, etc. Il paraît donc intéressant de s’y attarder quelques instants.
Quand on parle de sucre, il faut savoir que cela recouvre plusieurs appellations : cinquante-six précisément !
Bien évidemment, le consommateur est un peu perdu parmi tous les noms. Les industries agroalimentaires vont utiliser cette confusion pour faire en sorte que les sucres ajoutés ne soient pas reconnus.
Ainsi, caché dans une longue liste d’ingrédients, on peut trouver disséminé du miel ou du sirop de maïs enrichi en fructose, chacun pouvant entrer eux-mêmes dans la composition d’ingrédients. Le sucre, ou plutôt les sucres se cachent donc partout. Ces trente dernières années, la consommation quotidienne de sucre a augmenté de 46 % aux États-Unis. Durant la même période, la consommation de viande a diminué de 10 %, les fruits et légumes restent stables, tandis que la consommation d’aliments transformés et sucrés a doublé ! 74 % des plats transformés vendus en supermarché contiennent des sucres ajoutés. Difficile de passer outre.
L’article « Sugar Consumption in America », résume bien l’augmentation de la consommation de sucre :
– en 1822, un américain moyen consommait 45 g de sucre en 5 jours, l’équivalent de ce que l’on trouve dans une cannette de soda. En 2012, en 5 jours, ce même américain en consomme 17 fois plus, soit 765 g ;
– l’association américaine du cœur recommande un maximum de 9,5 petites cuillères de sucre par jour. Les adultes en consomment 22 et les enfants 32.
Le sucre est-il dangereux ? Il y a sucre et… sucre. Le saccharose (sucre de table) est extrait de certaines plantes, principalement de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Si sa consommation en grandes quantités est dangereuse, son origine est naturelle. À l’opposé, et c’est l’un des principaux dangers, il y a le sirop de maïs (corn syrup). Utilisé massivement aux États-Unis (et risquant de déferler sur l’Europe l’an prochain à cause de la fin des quotas, cf. Partie IV l’Europe, §3) à cause d’un coût de production très bas et d’un fort pouvoir sucrant, c’est un mélange de glucose et de fructose. Comme son nom l’indique, le sirop de maïs provient de l’amidon de maïs. À l’aide de procédés industriels, on extrait d’abord le glucose de l’amidon. Une partie de ce glucose est ensuite transformée artificiellement en fructose, d’où son nom de sirop de maïs « enrichi en fructose ». C’est un produit artificiel.
Le sirop de maïs, largement utilisé aux États-Unis, a un pouvoir sucrant beaucoup plus élevé que le saccharose, et surtout « est le principal moteur du développement du diabète et de ses conséquences ».
Son faible coût, son haut pouvoir de dilution dans les aliments et son pouvoir sucrant sont autant d’éléments qui font que le sirop de maïs se retrouve dans deux produits sous vide sur trois.
Le sucre, et surtout certaines de ses appellations, consommé en grande quantité est dangereux. Alors comment se fait-il que les Américains en consomment autant ? Ils ne sont pas suicidaires. L’industrie du sucre leur ment. Il y a deux mois, une affaire ressurgit après plus de 50 ans. Dans les années 60, un débat fait rage au sujet du sucre et de son implication dans les maladies coronariennes (nous n’étions pas encore au rapport McGovern, mais déjà ces sujets venaient sur le devant de la scène). En 1967, un article est publié dans le « New England Journal of Medicine » de l’école d’Harvard indiquant que seule une réduction de gras et de cholestérol dans l’alimentation pouvait réduire les accidents cardiaques. L’article disculpa le sucre de ces méfaits au détriment du gras. C’est par la suite que l’on a donc vu apparaître des plats pour des régimes faibles en graisses (low-fat), mais pas en sucre ! Et cela perdura pendant des décennies avec les conséquences que l’on connaît. Il a été prouvé que l’auteur de ce rapport, le Professeur Hegsted toucha des pots-de-vin afin de truquer le rapport, pots-de-vin payés par l’industrie sucrière. Marion Nestle, Professeur de Nutrition, Etude Alimentaire et Santé Publique à l’université de New York explique clairement que l’industrie sucrière a initié des recherches dans le seul but d’exonérer le sucre en tant que risque pour les maladies cardiaques.
En fait, tout le lobby des industries sucrières est derrière cette mascarade. Cinq décennies de corruption de chercheurs et de hauts fonctionnaires ont fait perdre un temps précieux pour la recherche médicale, indique le Professeur Stanton Glantz qui a révélé cette affaire. Il indique par ailleurs : « Pendant de nombreuses décennies, les Américains ont été encouragés à réduire leur consommation de matières grasses, ce qui a amené les gens à consommer des aliments à faible teneur en graisse, mais très sucrés ».
Mais là où l’industrie sucrière a été très forte, c’est en communication. D’une manière qui pourrait nous sembler ironique avec le recul des années, en 1976, des membres de la direction de l’Association du Sucre (très puissant lobby de l’industrie sucrière) ont accepté l’Oscar de la relation publique internationale, l’Enclume d’Argent (« Silver Anvil »), pour son excellent travail pour « avoir forgé l’opinion publique ». En effet, pendant plus de 10 ans, l’industrie du sucre avait été victime de nombreuses crises et attaques, le public et les médias s’en prenant au sucre tandis que les scientifiques commençaient à entrevoir le fait que le sucre puisse être responsable de l’obésité, du diabète et de maladies cardiaques. Les publicités des industriels clamant que manger du sucre vous aide à perdre du poids ont été rappelées par la Federal Trade Commission (FTC), tandis que la FDA a même lancé une enquête pour savoir si le sucre n’était pas nocif. L’industrie sucrière a alors mené une campagne avec des professionnels de la santé et des nutritionnistes afin d’apaiser les craintes du public. Avec un budget de 3,4 millions de dollars (actuels) par an, cette campagne a très bien fonctionné et a abouti au fait que la FDA ait indiqué : « Il est peu probable que le sucre sera soumis à une législation restrictive dans les années à venir ».
La communication a été le point fort de l’Association du Sucre. C’est ce que révèlent des documents confidentiels émanant de la puissance « Sugar Association » (Association du Sucre). La « Great Western Sugar » était une industrie sucrière du Colorado, qui ferma ses portes dans les années 70, laissant tout tel quel. Cette entreprise était membre de la Sugar Association. La quasi-totalité des dossiers fut déposée dans une bibliothèque et laissée dans des cartons dans un coin. Au début des années 2000, une dentiste cherchant des documents sur la Sugar Association, vint dans la ville où l’ancienne industrie sucrière fit faillite, au cas où. Et elle tomba sur les fameux cartons, et les documents furent mis à jour…
Au travers de tous ces documents, on constate la machine de guerre de la communication de la Sugar Association. Tout y est décrit, afin que les membres de la Sugar Association aient connaissance des actions en cours et à venir, ainsi que des attitudes et discours à tenir. Quelques exemples :
– Les questions auxquelles les dirigeants des entreprises sucrières pourraient être soumis et les réponses à apporter, s’assurant ainsi que tous répondent la même chose ;
– Des plans de communication médias, avec télévision, cinéma, et des mailings aux éditeurs d’ouvrages sur l’alimentation, des rédacteurs scientifiques et des éditorialistes ;
– Des résumés ou des interviews de scientifiques arguant que le sucre n’est pas mauvais à destination des membres de la Sugar Association, afin qu’ils puissent propager ce message ;
– Une note indiquant les attitudes de différents spécialistes de la santé (dentistes, médecins) ou personnes influentes (journalistes, éditeurs, élus, etc.) envers le sucre ;
– Une note strictement confidentielle sur une personnalité de la santé dont il faut se méfier.
La publicité ! Voilà un des aspects du problème. Il n’y a quasiment aucune publicité pour des fruits ou des légumes, alors qu’a contrario, des publicités pour de la nourriture préparée, cookies, chips et autres sodas abondent. Cela fausse la perception de la nourriture qu’ont les enfants.
En 2015, le « Center for Science in the Public Interest » (centre pour la science dans l’intérêt du public) publia un rapport (« Who influences what goes in your plates ? » — Qui influence ce qui va dans votre assiette ?) indiquant le montant (en dollars US) des 25 plus gros financeurs de publicité pour des produits agroalimentaires : McDonald’s, 1 400 millions ; Unilever, 1 300 millions ; Pepsico, 1 200 millions ; Yum ! Brands, 898 millions ; General Mills, 866 millions ; Mars Inc., 827 millions ; Nestlé, 819 millions ; Hershey Co., 745 millions ; Kellogg Co., 666 millions ; Coca-Cola, 664 millions ; Krocer Co., 648 millions ; Kraft Heinz Co., 569 millions ; Subway, 536 millions ; Dr Pepper Snapple, 414 millions ; ConAgra Foods, 392 Millions ; Dunkin’ Brands Group, 382 millions ; Burger King, 371 millions ; Wendy’s Co., 347 millions ; Campbell’s Soup Co., 320 millions ; Mondelez International, 278 millions ; Tyson Foods, 272 millions ; J.M. Smucker Co., 275 millions ; Darden Restaurants, 252 millions ; Publix Super Markets, 233 millions ; Papa John’s, 187 millions.
Pour un montant total de près de 15 milliards de dollars !
Dès l’après-guerre, les publicités de l’industrie alimentaire à destination des enfants commencent à pulluler. Après des années de restrictions alimentaires, les publicités adressent aux familles un message clair : « Prenez de l’embonpoint c’est bon pour la santé, mangez gras et sucré ». Nous y trouvons par exemple les slogans suivants :
– Le beurre est Bon, et Bon pour Vous. Votre astuce nutrition : le beurre est un lubrifiant. C’est la raison pour laquelle nous en mangeons le plus possible afin de lubrifier nos artères et nos veines ;
– Publicité 7 Up : Pourquoi avons-nous les plus jeunes consommateurs du marché ? Rien d’autre ne le fait comme un Seven Up !
– Les enfants ont besoin de l’énergie qu’un bonbon donne. C’est pourquoi les mamans cools achètent des bonbons emballés. Pour les jeunes et les moins jeunes, un bonbon fournit rapidement de l’énergie. Achetez-en quelques-uns la prochaine fois que vous allez faire vos courses. LE BONBON EST UN DELICIEUX ALIMENT ENERGETIQUE… DEGUSTEZ-EN PLUSIEURS CHAQUE JOUR !
– Jell-O est un dessert joyeux ;
– Un petit faire pour faire un délice : Seven-Up dans du lait ;
– Pour du dynamisme et de la vigueur, les Donuts à Vitamine (qui en fait ne sont que des gâteaux hyper caloriques avec 450 kilocalories pour 100 grammes).
Si ces affiches peuvent nous choquer, elles étaient courantes et les prémisses de campagnes publicitaires à l’attention des enfants à bien plus grandes échelles.
La publicité les poursuit tout au long de leur scolarité. Pour aller à l’école, ils empruntent ainsi des autobus sponsorisés par des chaînes de pizzas ou de fast-food.
Il y a eu de nombreuses tentatives de régulation, mais l’industrie alimentaire et ses lobbyistes furent les plus forts.
En 1977, à la suite de la publication du rapport McGovern, des consommateurs ont demandé à la Federal Trade Commission, organisme chargé de réguler la publicité, de réglementer les publicités pour les produits avec du sucre. La FTC s’accorde à dire que la publicité télévisée ciblant les enfants est déloyale.
En avril 1977, le groupe activiste « Action for Children's Television » et le « Center for Science in the Public Interest » remirent une pétition conjointe à la FTC, demandant l’abolition de la publicité destinée aux enfants, en particulier celle qui est relative aux sodas, aux céréales sucrées et de manière générale, tous les aliments contenant du sucre.
Sociétés de diffusion, agences de publicité et fabricants de jouets unirent leur force afin d’empêcher la FTC de réglementer la publicité télévisée pour les enfants. Plusieurs procès eurent lieu.
L’industrie alimentaire gagna la bataille et aucune réglementation ne fut mise en place.
Avec l’arrivée de la nourriture transformée, comme les barres chocolatées, les cookies, le marketing à destination des enfants prit son envol.
De plus, avec l’arrivée du sirop de maïs comme substitut du sucre, les gros fabricants alimentaires firent de nombreuses économies qui leurs permirent de faire des portions plus grandes, des produits meilleur marché, et surtout de pouvoir s’adjoindre des stars pour leurs campagnes publicitaires comme une publicité PepsiCo avec Mickael Jackson et des enfants.
Ou de pouvoir s’incruster lors de show télévisé. Ainsi sur le plateau de « Britain Got Talent » (Nouvelle Star en France), les jurés avaient tous devant eux un grand gobelet Coca-Cola.
Les chiffres de l’obésité continuant d’augmenter, le Sénateur Tom Harkin tenta à nouveau en 2004, de règlementer le marketing et la publicité télévisuelle pour des aliments sucrés ciblant des enfants.
La réaction de l’industrie alimentaire fut aussi rapide et violente que 20 ans auparavant.
Ces sociétés, sous la menace de réglementations gouvernementales, prétendirent alors qu’elles allaient s’autoréguler et venir avec beaucoup de promesses : on ciblera moins les enfants, on retirera nos produits des écoles. Mais la publicité en ligne (des industries alimentaires) a augmenté de 60 % entre 2008 et 2010. Le problème vient du fait que la FTC a beaucoup plus de difficultés à règlementer la publicité pour les enfants que la publicité pour les adultes. Cela pose un problème indirect, car en général ce qu’un enfant veut, il l’obtient, que ce soit un jouet, ou un paquet de chips.
Un problème corrélé à la surabondance de publicité pour des produits alimentaires est que les enfants qui voient des publicités pour de la nourriture ont tendance à manger plus (environ 45 %). Et comme déjà évoqué, il n’y a que des publicités pour des produits sucrés et salés, jamais pour des fruits et légumes.
Des diabétologues expérimentés consultèrent les chiffres liés à la publicité pour des produits alimentaires auprès de jeunes enfants. Ils furent extrêmement inquiets, car les stimuli alimentaires répétés influent sur le système nerveux des enfants qui seront conditionnés à vie. Cela combiné à l’effet addictif du sucre rend ces publicités encore plus dangereuses.
Toujours au niveau marketing, les industries alimentaires et les chaînes de fast-food proposent souvent un jouet en cadeau pour l’achat d’un aliment sucré et/ou salé. Une proposition a été faite par le gouvernement pour interdire ces jouets dans ces types de plats. Cette fois-ci, et comme à chaque fois que le gouvernement tente de règlementer les industries alimentaires, comme par les campagnes « Cut the Salt » (Arrêter le Sel) ou « Soda Ban » (Supprimer les boissons sucrées grand volume) lancées à New York, ces dernières se défendent en lançant un débat public sur le rôle de l’état sur la vie privée des gens.
La « Food Police » (la Police de la Nourriture), « Nanny State » (État nounou) sont des exemples des sobriquets donnés à l’état à chaque fois que ce dernier lance une campagne de sensibilisation. Ce sobriquet est repris en masse par les journalistes ou la population pour se plaindre ou se défendre contre une possible réglementation. Là encore, on assiste à des campagnes d’influence très efficace de la part des industriels.
En plus de mobiliser les foules, les industries alimentaires répliquent en faisant remarquer tout ce qu’elles font de bien, comme McDonald parlant de ses maisons pour enfants. En parallèle, par leur armée de lobbyistes, elles paient de très gros montants aux législateurs ou aux chercheurs.
Et parfois la vérité éclate sur des cas de corruption, comme l’affaire des chercheurs de Harvard payés pour truquer des recherches sur le sucre, comme évoqué plus haut.
Mais ce cas, s’il est une preuve de plus des malversations des industries alimentaires, ne doit pas nous faire oublier que ces dernières sont passées expertes dans la guerre de l’information, l’influence et la manipulation de la société civile. Elles savent très bien se défendre face aux attaques de l’état ou de toute autre institution qui tenterait de mener une campagne contre elles. Par ailleurs, ces mêmes industries, toujours dans une perspective d’influence et d’occupation du terrain, ont créé des instituts pour défendre et promouvoir les bénéfices du sel, du sucre, etc.
Les industries alimentaires sont responsables de l’obésité, mais elles peuvent le masquer en parlant de sport. Elles savent déplacer le débat et anticiper, se préparer pour d’éventuelles critiques. Par exemple, comme nous l’avons déjà vu, en influençant la recherche afin qu’elle produise des rapports qui leur seront favorables. Ainsi elles s’assurent de meilleures ventes au détriment de la santé.
Les mêmes paroles sont reprises à chaque fois par les détracteurs de ces campagnes : « Qui devrait décider de ce que l’on mange ou de l’école dans laquelle on va ? Est-ce que cela devrait être l’état ou les parents ? » Des idées reprises par Sarah Palin dans sa « campagne » contre les nouvelles recommandations de l’état de Pennsylvanie pour une alimentation plus saine dans les écoles.
Dans le même ordre d’idée, la demande par le maire de New York de supprimer les grands volumes pour les boissons sucrées (cf. page précédente) fut rejetée par le tribunal ainsi qu’en appel.
Il existe une corrélation très forte entre obésité et argent. Les familles aux revenus les plus modestes vont donc acheter de la nourriture « malsaine » (junk food), moins chère, mais bourrée de sucre, de graisse et de sel. Ces populations sont aussi moins au courant des problèmes de santé que peut occasionner cette nourriture bon marché. Les industries alimentaires vont donc axer leurs campagnes marketing sur cette population. Il s’agit des populations hispaniques et noires.
En effet, comme le précise Jennifer Harris, directrice du marketing du « Yale Rudd Center » dans le dernier rapport publié par ce centre : 23 sociétés vendant des boissons sucrées marquettent leurs sodas pour enfants en fonction d’une analyse des dépenses de publicité tout autant que le temps que vont passer les enfants devant les publicités devant la télévision, les sites internet, les réseaux sociaux et les applications sur mobiles. Et les enfants noirs voient plus de deux fois plus de publicité pour des sodas que les enfants blancs, car plus ciblée. Dans le même objectif, les publicités pour des sodas en langues espagnoles ont augmenté de 44 %.
L’obésité coûte cher. Non pas pour le prix des plats, mais sur le plan des soins de santé. Pour l’année 2008, les coûts médicaux directs (prévention, diagnostic et traitement) et indirects (baisse de productivité et absentéisme) ont été estimés entre 150 et 153 milliards de dollars ! Et ces coûts, du fait de l’augmentation de la prévalence de la maladie, n’ont fait que s’accroître.
D’autres coûts, moins visibles et pas forcément financiers sont à imputer à l’obésité. Par exemple l’armée a dû refuser sur la période 2007-2008 5,7 millions d’hommes et 16,5 millions de femmes éligibles au service militaire furent recalées à cause de leur poids. Un général américain demande ainsi : « A quoi sert-il d’avoir les meilleurs chars, d’avoir les meilleurs avions, si nous ne pouvons pas avoir d’armées ! ».
C’est un cercle vicieux. Les gens qui consomment cette nourriture malsaine sont pour la plupart les gens les moins aisés, qui ne peuvent donc pas se payer les soins nécessaires. Comme l’indique le numéro de janvier 2017 de la revue SoEpidemio intitulé « L’obésité infantile comme révélateur des inégalités sociales de santé », « la différenciation sociale des consommations alimentaires et le rapport au corps font de l’obésité un véritable marqueur social ». Ils sont donc aidés par l’état. Cela amène ici un coût d’image. Image d’un gouvernement qui préfère voir sa jeunesse dépérir ou subir des interventions très lourdes au lieu d’imposer une politique alimentaire dans les écoles et pour interdire la publicité pour ces produits extrêmement malsains. Cela ramène à une image d’un échec politique systématique, aucun gouvernement n’a pu améliorer la situation, et d’ailleurs cela n’a pas été au centre des discutions pour l’élection du prochain président.
Comme le fait remarquer le Dr David Ludwig, professeur au département de nutrition de « Harvard School of Public Health » : « Nous sommes la société la plus riche au monde. Et nous échouons parce que nous plaçons notre profit et nos intérêts personnels avant la santé publique ».
Est-ce une question de quantité ? Après tout, l’on pourrait se dire que de réduire, juste réduire, et ne pas supprimer sa consommation de sodas par exemple, pourrait suffire. Hélas non. Juste un soda quotidien, oui un seul, augmente le risque d’obésité de 60 % et le risque de développer un diabète par 22 % ! On comprend mieux pourquoi Coca-Cola, plus grand producteur mondial de soda rétribue des chercheurs afin de sortir des rapports montrant que le sucre n’est pas un problème dans le cas de l’obésité.
Dans cet article, on voit aussi comment Coca-Cola, à l’instar d’autres du secteur alimentaire, finance des experts du domaine de l’obésité, ou se dissimule derrière des sites internet afin de faire sortir les sodas sucrés comme une des raisons principales de l’obésité. Coca-Cola finance aussi de nombreux projets universitaires à hauteur de plusieurs millions de dollars, dans ce cas pas facile de dire du mal de son sponsor.
Enfin, citons le cas d’une mère de famille condamnée à payer les nuggets que la cantine a dû rajouter dans le repas de sa fille, parce que l’école estimait ce repas, préparé à la maison, n’avait pas une valeur nutritionnelle suffisante. Ce dernier comportait pourtant un sandwich à la dinde et au fromage, une banane, du jus de pomme et des chips. Pas assez gras ma fille !
Les produits allégés, la cause de tout ? Dans les années 80 (à la suite du rapport McGovern), un nouveau marché apparaît : le light, l’allégé. Tous les produits alimentaires existants furent développés en version allégée. Les Américains furent encouragés à acheter ces produits et à consommer plus de produits contenant moins de matières grasses. Quelques années plus tard, à la suite du lancement de Let’s Move (cf. Michelle Obama) les ventes de produits allégés repartirent à la hausse. En effet, profitant de la mention allégée, les industries alimentaires, tant dans les années 80 qu’après Let’s Move, vont axer leur communication sur cet aspect. Si c’est allégé, vous pouvez en manger, sous-entendu plus !
Grave erreur, ces produits sont encore plus dangereux ! En effet, quand on enlève la graisse, ce n’est pas bon, cela n’a plus de saveur, et, ça, l’industrie alimentaire le savait. Donc pour redonner du goût, elle a rajouté du sucre ! A partir des années 80, nous avons eu des produits estampillés allégés, avec certes 50 % de matières grasses en moins, mais avec 100 % de sucre en plus !
Entre 1977 (rapport McGovern) et 2000, les américains ont doublé leur consommation quotidienne de sucre. Plus précisément, le sirop de maïs enrichi en fructose (HFCS), qui passe de 10 g par personne et par jour en 1975 à plus de 90 en 1995. Par ailleurs, parmi tous les sucres, le HFCS est celui dont la consommation a le plus augmenté. Cette brutale augmentation commence avec la parution du rapport McGovern.
Le deuxième piège, c’est que l’industrie sucrière a réussi à faire en sorte que le sucre soit LE SEUL élément dont le pourcentage des AJR ne soit pas indiqué dans la composition des aliments !
Ce rapport marqua aussi le début de l’accroissement du nombre d’obèses aux États-Unis.
Et cette surconsommation de sucre n’est pas sans conséquence.
Le sucre consommé en excès, agit comme une toxine (poison) chronique dose-dépendante du foie. Le foie n’a qu’une capacité limitée d’absorption du sucre. Ensuite c’est le pancréas qui entre en scène en produisant de l’insuline qui va métaboliser le sucre… en le transformant en graisse et la stocker. Et quand le pancréas est trop fatigué, on devient diabétique. Mais une « nouvelle » pathologie est apparue : « La faim hédonique ». « La faim hédonique est un terme relativement nouveau. Il décrit l’envie de nourriture alors même que votre corps n’en a pas un besoin biologique. On pense que ce phénomène contribue au taux croissant d’obésité aux États-Unis et il est presque toujours caractérisé par des envies d’aliments riches en sucre et en mauvaises graisses. […] Par ailleurs, plus vous vous nourrissez de nourriture industrielle, plus votre corps s’y habitue et en réclame pour pouvoir ressentir à nouveau les mêmes plaisirs, tout comme une addiction à une drogue. En définitive, vous risquez de devoir vous nourrir de cochonneries pour pouvoir maintenir un sentiment de bien-être. »
Le nombre d’enfants déclarant un diabète Type 1 ou 2 a fortement augmenté, avec une croissance de 51 % entre 2001 et 2009, alors qu’ils étaient moins de 5 % en 1994
Et bien sûr, sans parler des autres maladies métaboliques associées à l’obésité : maladies cardiaques, AVC, cancer.
La faim hédonique amène un comportement associé à l’obésité : trop manger, trop peu bouger, se goinfrer, la fainéantise… tout cela est la conséquence de la biochimie de l’obésité, pas la cause. Or pendant des années, depuis le début en fait, les industries alimentaires, souvent aidées par le gouvernement, mettent en avant (comme nous l’avons souvent évoqué) comme cause de l’obésité un manque de sport. Si bien évidemment, il faut faire régulièrement un peu de sport, le manque de sport n’est pas tant la cause de l’obésité qu’une de ses conséquences.
Et les produits de régime ? Très tôt, les produits de régime, principalement à destination des femmes, ont fait leur apparition.
Une parenthèse humoristique nous ramène au début du 20e siècle, où une affiche incite les corpulents à acheter un ténia ! « Les gros, achetez un ténia. Le gras, l’ennemi qui réduit votre durée de vie, banni ! Comment ? Avec un ténia désinfecté. Facile à avaler… ».
Le plus étonnant c’est que cette méthode sera légitimée presque 100 ans plus tard, dans le journal du diabète en 1999.
Le 3 juin 1997. Une date importante dans l’évolution de l’obésité. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a organisé une consultation d’experts à Genève. Lors de cette consultation, l’OMS vient de déclarer que l’obésité vient d’atteindre un seuil épidémique. Épidémie, le mot est lâché. Le mot « épidémie » est crucial, car dès qu’une épidémie est déclarée, et si elle est médicale, quelqu’un peut fournir un « remède ».
L’industrie pharmaceutique a donc investi ce créneau, afin de proposer des produits pour maigrir. Par exemple Slimfast, la nourriture liquide de substitution fut mise au point pas un chimiste, Danny Abraham. Mais c’est surtout l’industrie alimentaire qui profite des produits de régime.
Weight Watchers, a ainsi été racheté par Heinz (qui appartient à Kraft), avant que lui-même ne le revende en partie (sans les plats congelés, les desserts et les éléments du petit-déjeuner) au fonds d’investissement Artal, qui possède les sociétés Keebler (fabricants de cookies, affiliés à Kellogg) et Sunshine Biscuit (fabricant de biscuits, anciennement à Kellogg).
Slimfast a été racheté en 2000 par Unilever, qui possède aussi entre autres les produits glacés Ben & Jerry’s et les saucisses Wall’s. Jenny Craig, le « nouveau » phénomène régime aux États-Unis, a ainsi été racheté par Nestlé, qui vend du chocolat, des pizzas et des crèmes glacées, parmi des nombreuses références alimentaires. Optifast est aussi dans l’escarcelle du groupe Nestlé.
Pourquoi cet engouement de la part des industries alimentaires pour les produits de régimes ? Tout d’abord parce que ces produits rapportent : aux États-Unis, 100 millions de personnes faisant un ou plusieurs régimes par an rapportent 20 milliards de dollars. Ce qui permet aux industries alimentaires de gagner sur les deux tableaux : en vendant des produits pour faire grossir, puis en vendant des produits pour faire maigrir. Et on recommence.
Le sucre (en excès) est un des principaux dangers dans l’alimentation. Or si l’on regarde une liste de produits à acheter chez Weight Watchers, la mention de la quantité de sucre n’est pas indiquée. Les produits de régime peuvent donc être assimilés ici à des produits allégés, à savoir qu’ils ne font pas vraiment maigrir, quand certaines méthodes ne sont tout bonnement pas des escroqueries. Qu’elles soient affiliées à une industrie alimentaire, ou proposant uniquement une méthode de régime, comme les méthodes Dukan, Naturhouse, ces sociétés gagnent en tout beaucoup d’argent.
Et leur marketing fonctionne tellement bien qu’aux États-Unis des médecins de famille proposent même à des enfants en surpoids de faire un régime Weight Watchers, sans se rendre compte, qu’en plus d’ôter tous les doutes sur l’efficacité de la méthode, comment des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter des produits sains vont pouvoir payer un programme minceur qui exige une grande assiduité.
Tout comme les produits allégés, les produits de régime ne bénéficient donc qu’aux industries alimentaires. Et ce sur le dos de tous, car il n’y a pas que les gens en surpoids ou obèses qui achètent des produits de régime. Pour une part il s’agit de personnes tout à fait « normales », sans aucun excès, mais qui à titre de prévention, commencent des régimes ou prennent des plats allégés… qui les feront probablement grossir !
Le problème devient-il mondial ?
Un drame s’est produit aux États-Unis en 2009. Un garçon de 13 ans meurt d’une crise cardiaque sur terrain de football ; il pesait 180 kg. Est-ce un cas isolé ? Hélas non. Mais cela ne se produit pas qu’aux États-Unis. En 2001, en Nouvelle-Zélande, un garçon de 9 ans meurt d’une crise cardiaque devant ses camarades de classe. Il pesait entre 105 et 125 kg.
Plus proche de nous, géographiquement et temporellement, comme si l’épidémie se répandait lentement mais sûrement, une petite fille décède en Angleterre en 2012 parce qu’elle était trop grosse.
Oui, le fléau de l’obésité devient mondial. C’est bien évidemment la raison pour laquelle l’OMS l’a déclaré épidémie. En 2013, il y avait 2,1 milliards d’humains en surpoids ou obèse, soit le tiers de la population mondiale :
Certains pays ou certaines régions sont plus touchés que d’autres, en dehors des États-Unis : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie, la Russie et l’Europe. En fait, il n’y a guère que le Centre de l’Afrique et l’Asie qui soient un peu épargnés.
Il conviendra de faire un focus sur l’Europe et la France par la suite, afin de savoir et comprendre comment et jusqu’à quel point cela arrive chez nous. Est-ce que le modèle américain s’exporte (ou s’importe), depuis les changements de son agriculture jusqu’au changement de son alimentation ?