De simple concept géographique, la notion d'Occident est progressivement devenue une idée éminemment politique utilisée pour désigner un espace géopolitique délimité. Interpelé par cette mutation sémantique, Georges Corm explore donc dans son dernier ouvrage, L'Europe et le mythe de l'Occident, la façon et les raisons pour lesquelles elle est intervenue.
Dans le cadre de cette démarche, le premier effort de Georges Corm est de retracer l'évolution du sens de ce concept. Initialement très simple et univoque, celui-ci a en effet fortement évolué pour recouvrir une dimension largement polémique et conflictuelle. Cet effort de description devait constituer l'objet du livre d'après l'auteur. Mais ce dernier a abandonné ce projet, expliquant qu'il a jugé plus pertinent de chercher à comprendre les raisons d'un usage toujours plus omniprésent de ce concept.
La thèse centrale de Georges Corm est simple : l'acception contemporaine du concept d'Occident correspond à une mythification de l'histoire européenne. Il s'agit d'un phénomène ancien dont l'auteur fait remonter les débuts au XIXe siècle avec les travaux de Max Weber et Hegel. Cette idéalisation supposée par le concept d'Occident explique aussi pourquoi son emploi s'accompagne très fréquemment d'un jugement dépréciatif au regard de l'Orient perçu comme le concept étymologiquement antagoniste.
Appréhendée comme un mythe, l'idée d'Occident est porteuse de contradiction. C'est là toute l'ambition de Georges Corm que de l'illustrer. L'auteur explique ainsi que ce concept est faible dans ses fondements mêmes : ceux-ci supposent une Europe politiquement unie et culturellement homogène. Aucun historien ne saurait donc donner de crédit au concept d'Occident, se rappelant la diversité des peuples qui parsèment le continent européen, de leurs échanges avec les peuples non européens et de leur perméabilité aux influences du monde extérieur.
Dans son rapport antagoniste à l'Orient par ailleurs, le concept d'Occident est souvent invoqué contre l'Islam. Tendant à relayer ainsi l'idée d'une civilisation européenne triomphante face à une culture islamique marquée par l'échec, l'idée d'Occident est, comme l'explique l'auteur, une représentation caricaturale et stérile de la réalité ne serait-ce qu'en raison des influences réciproques qui ont marqué l'histoire de la culture européenne et arabo-musulmane.
À l'inverse, Georges Corm semble appeler de ces vœux à l'abandon du discours occidentaliste au profit d'une représentation plus réaliste et pragmatique de la réalité historique. Il n'existe « rien dans le monde qui n'ait été affecté par l'Europe » affirme l'auteur avant de nuancer en rappelant les épisodes sombres de l'histoire européenne et de commenter : « on a donc du mal à concilier ces violences et cruautés avec les clichés de l'Europe ou de l'Occident comme lieu privilégié de l'émergence du règne de la raison et de l'humanisme universel ».
En définitive pour Georges Corm, le concept d'Occident est largement infondé et faible. Il est l'expression d'un mythe : celui de l'unité du continent européen pourtant facilement contredite. Fort de ce constat, l'auteur suggère une question intéressante : l'évolution du discours européen dans sa recherche de cohérence identitaire pourrait-elle épouser la trajectoire de la notion d'occident ? L'auteur relève en effet comment la valorisation d'un patrimoine et d'une histoire commune est instrumentalisée pour relayer l'idée d'une intégrité de l'ensemble européen. À la lecture de Georges Corm, on se prend alors à imaginer à quoi pourrait ressembler l'Europe définie comme sous-ensemble occidental, s'inscrivant dans l'antagonisme avec le reste du monde… Production fascinante d'un auteur sachant dresser des ponts entre les cultures, L'Europe et le mythe de l'Occident. La construction d'une histoire apparaît ainsi comme une réflexion à la fois abstraite et ancrée dans le présent, soit un ouvrage des plus stimulants pour qui s'intéresse au processus de construction des espaces géopolitiques.
Dans le cadre de cette démarche, le premier effort de Georges Corm est de retracer l'évolution du sens de ce concept. Initialement très simple et univoque, celui-ci a en effet fortement évolué pour recouvrir une dimension largement polémique et conflictuelle. Cet effort de description devait constituer l'objet du livre d'après l'auteur. Mais ce dernier a abandonné ce projet, expliquant qu'il a jugé plus pertinent de chercher à comprendre les raisons d'un usage toujours plus omniprésent de ce concept.
La thèse centrale de Georges Corm est simple : l'acception contemporaine du concept d'Occident correspond à une mythification de l'histoire européenne. Il s'agit d'un phénomène ancien dont l'auteur fait remonter les débuts au XIXe siècle avec les travaux de Max Weber et Hegel. Cette idéalisation supposée par le concept d'Occident explique aussi pourquoi son emploi s'accompagne très fréquemment d'un jugement dépréciatif au regard de l'Orient perçu comme le concept étymologiquement antagoniste.
Appréhendée comme un mythe, l'idée d'Occident est porteuse de contradiction. C'est là toute l'ambition de Georges Corm que de l'illustrer. L'auteur explique ainsi que ce concept est faible dans ses fondements mêmes : ceux-ci supposent une Europe politiquement unie et culturellement homogène. Aucun historien ne saurait donc donner de crédit au concept d'Occident, se rappelant la diversité des peuples qui parsèment le continent européen, de leurs échanges avec les peuples non européens et de leur perméabilité aux influences du monde extérieur.
Dans son rapport antagoniste à l'Orient par ailleurs, le concept d'Occident est souvent invoqué contre l'Islam. Tendant à relayer ainsi l'idée d'une civilisation européenne triomphante face à une culture islamique marquée par l'échec, l'idée d'Occident est, comme l'explique l'auteur, une représentation caricaturale et stérile de la réalité ne serait-ce qu'en raison des influences réciproques qui ont marqué l'histoire de la culture européenne et arabo-musulmane.
À l'inverse, Georges Corm semble appeler de ces vœux à l'abandon du discours occidentaliste au profit d'une représentation plus réaliste et pragmatique de la réalité historique. Il n'existe « rien dans le monde qui n'ait été affecté par l'Europe » affirme l'auteur avant de nuancer en rappelant les épisodes sombres de l'histoire européenne et de commenter : « on a donc du mal à concilier ces violences et cruautés avec les clichés de l'Europe ou de l'Occident comme lieu privilégié de l'émergence du règne de la raison et de l'humanisme universel ».
En définitive pour Georges Corm, le concept d'Occident est largement infondé et faible. Il est l'expression d'un mythe : celui de l'unité du continent européen pourtant facilement contredite. Fort de ce constat, l'auteur suggère une question intéressante : l'évolution du discours européen dans sa recherche de cohérence identitaire pourrait-elle épouser la trajectoire de la notion d'occident ? L'auteur relève en effet comment la valorisation d'un patrimoine et d'une histoire commune est instrumentalisée pour relayer l'idée d'une intégrité de l'ensemble européen. À la lecture de Georges Corm, on se prend alors à imaginer à quoi pourrait ressembler l'Europe définie comme sous-ensemble occidental, s'inscrivant dans l'antagonisme avec le reste du monde… Production fascinante d'un auteur sachant dresser des ponts entre les cultures, L'Europe et le mythe de l'Occident. La construction d'une histoire apparaît ainsi comme une réflexion à la fois abstraite et ancrée dans le présent, soit un ouvrage des plus stimulants pour qui s'intéresse au processus de construction des espaces géopolitiques.
(1)CORM,G., L'Europe et le mythe de l'Occident. La construction d'une histoire, La Découverte, Col. Cahiers libres, Paris, 2009, 320 pp.