Dominique Goux et Éric Maurin signent un nouvel ouvrage de recherche sur le thème des classes moyennes. Spécialistes de l’économie du travail, les deux chercheurs délivrent dans Les Nouvelles Classes moyennes, chiffre à l’appui, une analyse solide et des conclusions véritablement inattendues quant à l’évolution du statut des classes moyennes en France au cours des 30 dernières années.
La première partie du livre est consacrée à la méthodologie de recherche des auteurs. Ces derniers expliquent la difficulté qu’il y a de trouver une définition satisfaisante des classes moyennes. Cette idée recoupe un vaste champ de réalités pour autant il est nécessaire d’en trouver une définition qui les rassemble au sein d’une même catégorie avec son identité propre.
C’est en termes de travail que s’exprime, selon les auteurs, l’identité des membres de la classe moyenne. Leurs emplois, expliquent-t-ils, requièrent un niveau de qualification intermédiaire par rapport aux ouvriers et aux professions intellectuelles supérieures. Ces compétences sont d’ailleurs « plus difficilement transférables d’un contexte à l’autre ou d’une époque à l’autre, […] moins générales et donc fondamentalement plus précaires que celles des cadres ». Pour les auteurs, le noyau de la classe moyenne regroupe donc les professions intermédiaires, les commerçants non dirigeants et les artisans.
Cette définition est étayée par un développement sur les caractéristiques de l’emploi au sein de la classe moyenne et à sa périphérie. Les représentants des classes moyennes disposent de compétences spécifiques qui leur confèrent un réel avantage sur le marché de l’emploi. Les travailleurs de la classe moyenne sont néanmoins particulièrement menacés par la déqualification, leurs savoir-faires étant sujet à l’obsolescence. Ainsi, ces travailleurs par ailleurs massivement salariés sont donc particulièrement dépendant de leur employeur.
Ce travail de définition effectué, les deux auteurs peuvent entrer dans le vif de leur sujet : soit fournir une représentation vérifiable de la place des classes moyennes dans la société française. Il s’appuie notamment pour cela des données sur le logement du Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement ainsi que des enquêtes emploi de l’INSEE.
Dans la deuxième partie du livre, les auteurs mettent tout d’abord en lumière le maintien global de la situation des classes moyennes en matière d’emploi. La population de la classe moyenne a augmenté depuis les années 1980 mais le taux de chômage en son sein est resté stable. Le niveau de salaire moyen de la classe moyenne s’est également maintenu par rapport au niveau de rémunération des cadres et professions intellectuelles supérieures. Au sujet de la promotion sociale, les auteurs ajoutent que « le risque de déclassement est assez fort ». Paradoxalement aussi, « les difficultés rencontrées par les enfants des classes moyennes pour s’élever dans la société ont eu tendance à décroître au fil du temps » notamment grâce à l’accès à l’éducation.
Le cœur du travail d’analyse de Dominique Goux et Éric Maurin se conclue par une étude de la géographie des lieux d’habitation des représentants de la classe moyenne. Une fois de plus, les auteurs démontrent le maintien des classes moyennes dans des zones d’habitations où le niveau de richesse – évalué à partir des revenus déclarés – reste stable sur les 30 dernières années. La classe moyenne utiliserait ainsi ses capacités de mobilité pour choisir ses lieux de résidence de telle façon que les auteurs ne relèvent « aucune aggravation de la ségrégation territoriale ». Le maintien de la condition des classes moyennes est donc une nouvelle fois illustré.
Les Nouvelles Classes moyennes apporte une précision de fond sur le statut de la classe moyenne française. Malgré des difficultés méthodologiques assumées, Dominique Goux et Éric Maurin font en effet apparaître avec leur analyse la stabilité de la classe moyenne en France depuis les années 1980 tant au niveau du salaire, que du logement, des qualifications ou encore de la scolarisation. Sans nier pour autant la réalité du risque de précarité et de paupérisation encouru par cette catégorie de population, les deux chercheurs démontrent, analyse sociologique à l’appui, que le moteur de la société tertiaire n’est pas en phase de déclin comme on peut l’entendre parfois.
MAURIN, E., GOUX, D., Les Nouvelles Classes moyennes, Seuil-La République des idées, 2012, 128 pp.
La première partie du livre est consacrée à la méthodologie de recherche des auteurs. Ces derniers expliquent la difficulté qu’il y a de trouver une définition satisfaisante des classes moyennes. Cette idée recoupe un vaste champ de réalités pour autant il est nécessaire d’en trouver une définition qui les rassemble au sein d’une même catégorie avec son identité propre.
C’est en termes de travail que s’exprime, selon les auteurs, l’identité des membres de la classe moyenne. Leurs emplois, expliquent-t-ils, requièrent un niveau de qualification intermédiaire par rapport aux ouvriers et aux professions intellectuelles supérieures. Ces compétences sont d’ailleurs « plus difficilement transférables d’un contexte à l’autre ou d’une époque à l’autre, […] moins générales et donc fondamentalement plus précaires que celles des cadres ». Pour les auteurs, le noyau de la classe moyenne regroupe donc les professions intermédiaires, les commerçants non dirigeants et les artisans.
Cette définition est étayée par un développement sur les caractéristiques de l’emploi au sein de la classe moyenne et à sa périphérie. Les représentants des classes moyennes disposent de compétences spécifiques qui leur confèrent un réel avantage sur le marché de l’emploi. Les travailleurs de la classe moyenne sont néanmoins particulièrement menacés par la déqualification, leurs savoir-faires étant sujet à l’obsolescence. Ainsi, ces travailleurs par ailleurs massivement salariés sont donc particulièrement dépendant de leur employeur.
Ce travail de définition effectué, les deux auteurs peuvent entrer dans le vif de leur sujet : soit fournir une représentation vérifiable de la place des classes moyennes dans la société française. Il s’appuie notamment pour cela des données sur le logement du Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement ainsi que des enquêtes emploi de l’INSEE.
Dans la deuxième partie du livre, les auteurs mettent tout d’abord en lumière le maintien global de la situation des classes moyennes en matière d’emploi. La population de la classe moyenne a augmenté depuis les années 1980 mais le taux de chômage en son sein est resté stable. Le niveau de salaire moyen de la classe moyenne s’est également maintenu par rapport au niveau de rémunération des cadres et professions intellectuelles supérieures. Au sujet de la promotion sociale, les auteurs ajoutent que « le risque de déclassement est assez fort ». Paradoxalement aussi, « les difficultés rencontrées par les enfants des classes moyennes pour s’élever dans la société ont eu tendance à décroître au fil du temps » notamment grâce à l’accès à l’éducation.
Le cœur du travail d’analyse de Dominique Goux et Éric Maurin se conclue par une étude de la géographie des lieux d’habitation des représentants de la classe moyenne. Une fois de plus, les auteurs démontrent le maintien des classes moyennes dans des zones d’habitations où le niveau de richesse – évalué à partir des revenus déclarés – reste stable sur les 30 dernières années. La classe moyenne utiliserait ainsi ses capacités de mobilité pour choisir ses lieux de résidence de telle façon que les auteurs ne relèvent « aucune aggravation de la ségrégation territoriale ». Le maintien de la condition des classes moyennes est donc une nouvelle fois illustré.
Les Nouvelles Classes moyennes apporte une précision de fond sur le statut de la classe moyenne française. Malgré des difficultés méthodologiques assumées, Dominique Goux et Éric Maurin font en effet apparaître avec leur analyse la stabilité de la classe moyenne en France depuis les années 1980 tant au niveau du salaire, que du logement, des qualifications ou encore de la scolarisation. Sans nier pour autant la réalité du risque de précarité et de paupérisation encouru par cette catégorie de population, les deux chercheurs démontrent, analyse sociologique à l’appui, que le moteur de la société tertiaire n’est pas en phase de déclin comme on peut l’entendre parfois.
MAURIN, E., GOUX, D., Les Nouvelles Classes moyennes, Seuil-La République des idées, 2012, 128 pp.