« On ne peut pas refaire l’histoire ».
Le Festival d’Angoulême dévoilait le mardi 5 janvier 2016, une liste de trente artistes en lice pour le Grand Prix de la BD. Le problème ? Aucun nom d’auteure n’était présent. Un constat qui a réveillé l’indignation des créatrices de BD mais aussi celle de leurs confrères dont plusieurs se sont retirés de la compétition… Une surprise ? Le machisme dans l’histoire du 9ème art n’en est pas à sa première manifestation. Aucune femme n’a été récompensée de cette distinction depuis Florence Cestac il y a… 43 ans ! Est-ce donc un problème endémique à l’art de la bande dessinée ? La question mérite d’être posée…
Des auteurs nominés n’ont d’ailleurs pas attendu l’appel au boycott du collectif « créatrices de bande dessinée contre le sexisme » pour témoigner de leur indignation. Ils sont nombreux à s’opposer à une compétition dont le système décisionnel dysfonctionne. Riad Sattouf demande ainsi «à être retiré de cette liste, en espérant toutefois la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire ». (1) L’auteur emblématique était d’ailleurs suivi par bon nombre de ses confrères dont Joann Sfar qui estime qu’ «aucun auteur ne peut souhaiter figurer sur une liste entièrement masculine. Cela enverrait un message désastreux à une profession qui de toutes parts se féminise. »(2)
Mais «il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée » se défend le Festival. (3) Se cacher derrière l’argument de cette réalité historique semble tout sauf suffire pour calmer les vives contestations qui animent la toile depuis mardi. « Mauvaise foi» et « mensonges éhontés »: voilà comment le collectif qualifie cette tentative de justification. (4) Car si la bande dessinée est en effet historiquement dominée par la gente masculine, des femmes il y en a. Ces dernières années, le neuvième art a pour ainsi dire vu fleurir de nombreuses auteures de talents comme Marjane Satrapi, Rumiko Takashi ou Pénélope Bagieu.
La raison d’être du Festival étant de récompenser la qualité de l’œuvre, l’argument qu’il y est plus d’hommes que de femmes semble de fait bien bancal… De plus, comment faire connaitre plus de créatrices si celles-ci se retrouvent exclues des grands festivals ? C’est donc accusé de tous les cotés que le Festival se décide finalement à « faire une fleur ».
Des auteurs nominés n’ont d’ailleurs pas attendu l’appel au boycott du collectif « créatrices de bande dessinée contre le sexisme » pour témoigner de leur indignation. Ils sont nombreux à s’opposer à une compétition dont le système décisionnel dysfonctionne. Riad Sattouf demande ainsi «à être retiré de cette liste, en espérant toutefois la réintégrer le jour où elle sera plus paritaire ». (1) L’auteur emblématique était d’ailleurs suivi par bon nombre de ses confrères dont Joann Sfar qui estime qu’ «aucun auteur ne peut souhaiter figurer sur une liste entièrement masculine. Cela enverrait un message désastreux à une profession qui de toutes parts se féminise. »(2)
Mais «il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée » se défend le Festival. (3) Se cacher derrière l’argument de cette réalité historique semble tout sauf suffire pour calmer les vives contestations qui animent la toile depuis mardi. « Mauvaise foi» et « mensonges éhontés »: voilà comment le collectif qualifie cette tentative de justification. (4) Car si la bande dessinée est en effet historiquement dominée par la gente masculine, des femmes il y en a. Ces dernières années, le neuvième art a pour ainsi dire vu fleurir de nombreuses auteures de talents comme Marjane Satrapi, Rumiko Takashi ou Pénélope Bagieu.
La raison d’être du Festival étant de récompenser la qualité de l’œuvre, l’argument qu’il y est plus d’hommes que de femmes semble de fait bien bancal… De plus, comment faire connaitre plus de créatrices si celles-ci se retrouvent exclues des grands festivals ? C’est donc accusé de tous les cotés que le Festival se décide finalement à « faire une fleur ».
Ce n’est pas une main tendue
Face à ce battage médiatique, le Festival d’Angoulême s’est finalement décidé à rallonger sa liste avec 12 noms d’auteures supplémentaires. Véritable rédemption ou repenti symbolique ?
Quoi qu’il en soit, cette tentative d’apaisement reste bien insuffisante aux yeux de beaucoup. On y lirait davantage la conséquence du bad buzz qu’un repenti sincère… Comme le disait Chantal Montellier dont le nom commençait à tourner sur le web : « Il n’est pas question que j’accepte ce truc ! Cela ressemble à une aumône. Le festival décide de rajouter six femmes ; pourquoi pas douze tant qu’on y est, comme pour les huîtres ? En plus, il n’y a pas le moindre mot de repentance face à ce qui reste et restera une goujaterie. » (5) Et nombreuses sont celles qui partagent son avis.
Le problème semble donc plus profond. Florence Cestac se rappelle que lorsqu’elle avait pu du fait de son prix composer un jury en 2001 elle avait choisi 11 femmes et 1 homme. Une sélection qui lui avait valu quelques réflexions de l’ordre de : « ça ressemble à rien ” ou encore : “et pourquoi pas un jury avec que des Noirs et des Arabes”… (3) Nier une certaine dérive machiste du neuvième art semble donc, encore aujourd’hui, être difficile…
Ce n’est pas parce que le neuvième art a été pendant longtemps l’apanage des hommes, que cela ne peut et ne doit pas évoluer. Pour Marie Moinard ce problème du « sexisme dans la BD est le même que celui de la société“. (3) Une question se pose donc : qu’est ce que cet épisode reflète sur la place actuelle des femmes dans le monde de l’art en général? Leur donne t-on véritablement une place de sujet ou souffrent t-elles toujours du spectre de leur historique rang d’objet artistique?
Quoi qu’il en soit, cette tentative d’apaisement reste bien insuffisante aux yeux de beaucoup. On y lirait davantage la conséquence du bad buzz qu’un repenti sincère… Comme le disait Chantal Montellier dont le nom commençait à tourner sur le web : « Il n’est pas question que j’accepte ce truc ! Cela ressemble à une aumône. Le festival décide de rajouter six femmes ; pourquoi pas douze tant qu’on y est, comme pour les huîtres ? En plus, il n’y a pas le moindre mot de repentance face à ce qui reste et restera une goujaterie. » (5) Et nombreuses sont celles qui partagent son avis.
Le problème semble donc plus profond. Florence Cestac se rappelle que lorsqu’elle avait pu du fait de son prix composer un jury en 2001 elle avait choisi 11 femmes et 1 homme. Une sélection qui lui avait valu quelques réflexions de l’ordre de : « ça ressemble à rien ” ou encore : “et pourquoi pas un jury avec que des Noirs et des Arabes”… (3) Nier une certaine dérive machiste du neuvième art semble donc, encore aujourd’hui, être difficile…
Ce n’est pas parce que le neuvième art a été pendant longtemps l’apanage des hommes, que cela ne peut et ne doit pas évoluer. Pour Marie Moinard ce problème du « sexisme dans la BD est le même que celui de la société“. (3) Une question se pose donc : qu’est ce que cet épisode reflète sur la place actuelle des femmes dans le monde de l’art en général? Leur donne t-on véritablement une place de sujet ou souffrent t-elles toujours du spectre de leur historique rang d’objet artistique?
Art et parité : où en est-on ?
« C'est une réalité. Si vous allez au Louvre, vous trouverez également assez peu d'artistes féminines » déclare Franck Bondoux. (6) C’est une problématique propre au monde de l’art dans son ensemble que met en avant la polémique suscitée par le Festival d’Angoulême.
Cet évènement semble donc révéler davantage un problème systémique au milieu du neuvième art qu’une crise passagère. En vue de l’absence, souvent critiquée, de femmes au palmarès des festivals dans leur globalité, cette dérive semble être relativement commune au monde de l’art. C’est un fait. La plupart des artistes en tête de gondole sont des auteurs et non des auteures. Il semble difficile d’y voir davantage un décalage de compétences homme/femme qu’un monde qui peine à s’ouvrir à la gente féminine.
Finalement un mal pour un bien car si l’on ne peut véritablement généraliser que le milieu du 9ème art soit sexiste, il est toutefois certain qu’il est essentiellement masculin. Une tendance inhérente que ce type de « bavure » met finalement en évidence. Cet évènement et les réactions qui s’en sont suivies seront peut-être finalement un pas en avant vers plus de parité au sein de la bande dessinée. Le Festival a d’ailleurs finalement retiré la liste, appelant les auteurs à voter pour qui ils veulent… Un acte que beaucoup interprètent comme une peur du Festival de voir d’autres noms se retirer en signe de protestation.
S’il est finalement dommage qu’il faille ce type de polémique pour faire avancer les choses sur le chemin du progrès, cette bavure peut malgré tout être considéré comme positive puisque comme le dit Florence Cestac, c’est finalement « grâce à des actions comme celle-ci que les mentalités vont évoluer.» (7)
- http://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/021599690286-accuse-de-sexisme-le-festival-de-la-bd-dangouleme-est-boycotte-par-de-grands-auteurs-1190008.php
- http://www.europe1.fr/societe/vraiment-sexiste-le-festival-dangouleme-2645855
- http://www.lesinrocks.com/2016/01/07/actualite/le-9eme-art-aussi-carbure-au-sexisme-ordinaire-11796242/
- http://bdegalite.org/le-fibd-dit-ne-pas-pouvoir-refaire-lhistoire-de-la-bd-et-na-clairement-pas-lintention-de-la-moderniser/
- http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/07/le-festival-de-bande-dessinee-d-angouleme-invite-finalement-les-auteurs-a-voter-pour-qui-ils-veulent_4843412_4420272.html
- http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/05/le-festival-de-bd-d-angouleme-accuse-de-sexisme-apres-une-selection-100-masculine_4842193_4420272.html
- http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2016/01/06/florence-cestac-quand-j-ai-commence-la-bd-j-etais-perdue-dans-un-monde-de-garcons_4842654_4420272.html