Chaque année, le Salon de l'agriculture s'impose comme une manifestation populaire où se pressent des familles de tout milieu mais aussi comme un événement politique majeur, notamment à la veille d'élections. Le déplacement ultra médiatisé du chef de l'État à la porte de Versailles a pris, chaque mois de février, une dimension rituelle. L'image d'Épinal de Jacques Chirac, le «président sympathique», flattant le «cul des vaches» et partageant avec des paysans une assiette de charcuterie et un verre de vin rouge, reste gravée dans la mémoire des Français. Le temps de présence consacré au Salon de l'agriculture est perçu par les responsables politiques comme un levier des sondages de popularité. En revanche, un Salon de l'agriculture qui tourne mal peut être désastreux pour l'image présidentielle. La colère des agriculteurs en 2016 contre François Hollande, conspué, sifflé et insulté, a marqué une étape de la descente aux enfers d'un quinquennat. À l'heure où la vie politique s'enfonce toujours plus loin dans la logique d'un grand spectacle narcissique et hors sol, il est absolument impératif de s'y montrer ce jour-là en communion avec la nation et le pays profond que la profession agricole incarne.
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