The Religious Question in Modern China(1) est un passionnant récit historique traitant du fait religieux dans la société chinoise et de son évolution sur un peu plus d'un siècle. Au fil des sept premiers chapitres, les auteurs proposent ainsi une description de la placede la religion dans la société de la Chine impériale. Ils retracent également son évolution drastique à partir du tournant républicain pris par le pays à la fin du règne de Puyi en 1911.
À cet égard, les auteurs mettent notamment en avant la forte volonté des républicains de faire table rase des religions bouddhistes et taoïstes traditionnelles, perçues comme un pilier de la culture politique impériale. Cette dynamique de remplacement des codes et des rites collectifs ancestraux s'est ainsi fait au profit des religions institutionnalisées comme le christianisme dont la diffusion s'est d'ailleurs faite avec violence et un succès pour le moins limité dans les zones les plus reculées du pays.
Aujourd'hui, le monde chinois contemporain est parcouru de communautés religieuses variées dont l'histoire est intimement liée à l'itinéraire politique de la Chine continentale. Les deux auteurs en dressent le tableau dans la seconde partie de l'ouvrage. Affaiblies par la Révolution culturelle, les communautés religieuses émergent à nouveau dans le monde chinois et en RPC, notamment par l'intermédiaire des diasporas chinoises dispersées autour du monde – en Asie bien sûr, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe –. Par rétroaction en quelque sorte, il est possible de constater en Chine continentale cette résurgence du religieux. Elle se manifeste notamment par la vigueur des mouvements religieux émergents tels que le Falun Gong, mais aussi du Confucianisme – dont les valeurs n'ont cessé qu'un temps seulement d'irriguer toute la pensée sociale chinoise – et enfin des communautés de cultes telles que celle des bouddhistes laïcs.
Fort de ce brillant exposé, les auteurs isolent facilement les enjeux qui se posent aujourd'hui à la Chine continentale au sujet de la question religieuse. Prise entre modernités et traditionalisme, entre sécularisme et maintien de la cohésion sociale, la RPC semble ne disposer que de trois options selon Goossaert et Palmer : devenir la source d'une religion politique dominante, cohabiter avec la vigueur du sentiment religieux dans sa pluralité tout en s'érigeant en décideurs en derniers recours pour les questions religieuses, ou bien enfin converger avec les modèles hongkongais ou taïwanais où la liberté religieuse et le laissez-faire se sont établis en norme. Se pose alors une interrogation fondamentale qui dépasse le seul contexte chinois et intéresse finalement toutes les sociétés modernes : quel rôle les religions peuvent-elles exercer dans l'organisation des relations entre les hommes au XXIe siècle ?
Le fait religieux est une donnée clé de la compréhension de l'histoire des cultures et des nations. À ce titre, l'histoire de la Chine ne fait pas exception. La religion et ses changements ont en effet occupé une place de premier plan dans la définition de la vie politique chinoise. Vincent Goossaert et David A. Palmer mettent également en évidence comment le pouvoir politique a cherché à dominer en retour le fait religieux au depuis la fin du XIXe siècle. Avec cette synthèse remarquablement documentée, les deux auteurs délivrent ainsi un panorama complet de l'état de la question religieuse en Chine ainsi que de solides pistes de réflexion pour appréhender son avenir. Tant par l'expertise de ses auteurs que par sa qualité propre, The Religious Question in Modern China constitue à n'en pas douter une référence actuelle pour toute étude traitant de la thématique religieuse en Chine continentale, mais aussi dans l'ensemble de l'espace sinisé.
(1) GOOSSAERT, V., PALMER, D.A., The Religious Question in Modern China, Chicago/London, University of Chicago Press, 2011, 464 pp..
À cet égard, les auteurs mettent notamment en avant la forte volonté des républicains de faire table rase des religions bouddhistes et taoïstes traditionnelles, perçues comme un pilier de la culture politique impériale. Cette dynamique de remplacement des codes et des rites collectifs ancestraux s'est ainsi fait au profit des religions institutionnalisées comme le christianisme dont la diffusion s'est d'ailleurs faite avec violence et un succès pour le moins limité dans les zones les plus reculées du pays.
Aujourd'hui, le monde chinois contemporain est parcouru de communautés religieuses variées dont l'histoire est intimement liée à l'itinéraire politique de la Chine continentale. Les deux auteurs en dressent le tableau dans la seconde partie de l'ouvrage. Affaiblies par la Révolution culturelle, les communautés religieuses émergent à nouveau dans le monde chinois et en RPC, notamment par l'intermédiaire des diasporas chinoises dispersées autour du monde – en Asie bien sûr, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe –. Par rétroaction en quelque sorte, il est possible de constater en Chine continentale cette résurgence du religieux. Elle se manifeste notamment par la vigueur des mouvements religieux émergents tels que le Falun Gong, mais aussi du Confucianisme – dont les valeurs n'ont cessé qu'un temps seulement d'irriguer toute la pensée sociale chinoise – et enfin des communautés de cultes telles que celle des bouddhistes laïcs.
Fort de ce brillant exposé, les auteurs isolent facilement les enjeux qui se posent aujourd'hui à la Chine continentale au sujet de la question religieuse. Prise entre modernités et traditionalisme, entre sécularisme et maintien de la cohésion sociale, la RPC semble ne disposer que de trois options selon Goossaert et Palmer : devenir la source d'une religion politique dominante, cohabiter avec la vigueur du sentiment religieux dans sa pluralité tout en s'érigeant en décideurs en derniers recours pour les questions religieuses, ou bien enfin converger avec les modèles hongkongais ou taïwanais où la liberté religieuse et le laissez-faire se sont établis en norme. Se pose alors une interrogation fondamentale qui dépasse le seul contexte chinois et intéresse finalement toutes les sociétés modernes : quel rôle les religions peuvent-elles exercer dans l'organisation des relations entre les hommes au XXIe siècle ?
Le fait religieux est une donnée clé de la compréhension de l'histoire des cultures et des nations. À ce titre, l'histoire de la Chine ne fait pas exception. La religion et ses changements ont en effet occupé une place de premier plan dans la définition de la vie politique chinoise. Vincent Goossaert et David A. Palmer mettent également en évidence comment le pouvoir politique a cherché à dominer en retour le fait religieux au depuis la fin du XIXe siècle. Avec cette synthèse remarquablement documentée, les deux auteurs délivrent ainsi un panorama complet de l'état de la question religieuse en Chine ainsi que de solides pistes de réflexion pour appréhender son avenir. Tant par l'expertise de ses auteurs que par sa qualité propre, The Religious Question in Modern China constitue à n'en pas douter une référence actuelle pour toute étude traitant de la thématique religieuse en Chine continentale, mais aussi dans l'ensemble de l'espace sinisé.
(1) GOOSSAERT, V., PALMER, D.A., The Religious Question in Modern China, Chicago/London, University of Chicago Press, 2011, 464 pp..