Suppression de l’argent liquide et traçabilité
Nombre d’arguments sont mis en avant pour appuyer la suppression de la monnaie fiduciaire et une utilisation exclusive de la carte bancaire ou d’autres moyen de paiements électroniques. Le premier est la lutte contre les trafics, l’évasion et la fraude fiscale, la criminalité et le terrorisme. Le principal défaut du Cash, pour les partisans de sa suppression, c’est l’anonymat qu’il permet, en plus d’une impossibilité de traçabilité. D’autres avancent, non sans raison, que la carte bancaire apparaît bien plus « sûre » que le transport de quantités importantes d’espèces. Au niveau des Etats, la disparition du cash permettrait surtout de lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent : toutes les transactions étant traçables, elles seraient de fait soumises à déclaration auprès de l’administration fiscale. Il est ici question de milliards d’euros de recettes fiscales en perspectives.
Certains pays ont déjà commencé à expérimenter des limitations dans l’usage du cash. La Suède est d’ailleurs le premier pays à avoir presque abandonné les règlements en espèces. En 2015, ils ne représentaient plus que 2% (contre 44% en France) des transactions en volume. Pour acheter du pain, prendre les transports ou effectuer de petits règlements, les Suédois n’utilisent plus d’espèces mais leur carte bancaire ou des applications mobiles à cet effet. Selon Bengt Nilervall, porte-parole de la Fédération suédoise du commerce, avec le paiement électronique « La sécurité augmente. C’est aussi plus facile de faire les comptes et d’éviter les faux billets. Et ça coûte moins cher de prendre les paiements par carte que de payer le transport du liquide ». L’argument sécurité est recevable certes, mais il est discutable. Le lecteur retiendra surtout que la suppression du cash permet aux banques d’importantes économies en frais de gestion et de manutentions des espèces.
Mais pour Thomas Savare, directeur général d’Oberthur Fiduciaire, l’un des leaders mondiaux de l’impression fiduciaire, cette apologie des paiements dématérialisés présente aussi des inconvénients plus rarement évoqués. Les opérations de paiement sans contact, réputées sécurisées, ne le sont pas vraiment : il est possible de capter frauduleusement le code d’émission d’une carte grâce à un simple smartphone. C’est ainsi que de nombreuses fraudes ont déjà été constatées grâce à la collecte de données confidentielles des cartes bancaires. Par ailleurs, « toutes les opérations bancaires deviennent traçables, puisque tout est enregistré », pointe Thomas Savare. Chaque achat fait avec une carte bancaire est listé et enregistré pour différentes raisons : juridiquement, pour rendre opposables des preuves de prélèvement ; pour offrir de nouveaux services en fonction des besoins et utilisations des payeurs ; pour mieux connaître les habitudes des consommateurs ; pour mieux vendre ses services etc… La qualité de la relation-client a ici bon dos : cette traçabilité supprime surtout tout anonymat et permet un suivi intégral de nos transactions, et une cartographie temps réel de notre comportement de consommateurs.
Le billet de banque garant de la vie privée ?
Le directeur général d’Oberthur Fiduciaire rappelle ainsi que la question de la sécurité est bien souvent envisagée de façon partielle (et partiale) : réduire la sécurité à la traçabilité des transactions revient d’une part à écarter du débat la question de la fraude électronique, mais aussi à affaiblir le principe de protection de la vie privée. « La monnaie est aussi une affaire de vie privée », explique-t-il. Pour empêcher une traçabilité de nos transactions, il est nécessaire de limiter notre usage de la carte bancaire, puisqu’elle les répertorie, et d’utiliser d’autres moyens de paiement : chèques, espèces (ou même carte de paiement prépayées).
Tout est fait aujourd’hui pourtant pour alimenter la méfiance envers la monnaie fiduciaire : de la menace des faux billets sur l’économie (on estime pourtant à une chance sur 50 000 la probabilité d’en croiser un), à la « saleté » des billets (la carte bancaire et notre téléphone portable n’étant pas mieux lotis). Pourtant, l’origine même du mot « fiduciaire » qui provient du latin « fiducia » et signifie « confiance ». Cette confiance, à mettre en relation avec la probabilité de croiser un faux billet, repose aujourd’hui sur les technologies anti-contrefaçons. Aujourd’hui, le billet de banque est une vitrine technologique. Selon le directeur général d’Oberthur Fiduciaire, il faut être un véritable ingénieur pour envisager de contrefaire un billet. Qu’il s’agisse des fonds de sécurité anti-copie, anti scanner, d’effets d’optiques sur fenêtre transparentes, de vernis de protection, de zone tactiles… les nombreux brevets déposés par Oberthur Fiduciaire peuvent témoigner d’une sécurité sans équivalent pour prévenir le risque des contrefaçons. Ces dernières existeront néanmoins toujours car certains tenteront toujours leur chance. Mais le jeu en vaut de moins en moins la peine, au fur et à mesure notamment des changements de billets et de progrès de la R&D.
Pour Thomas Savare, si la majorité des citoyens continue bien de faire confiance aux billets, c’est non seulement parce que la sécurité des billets est considérable, mais aussi est surtout parce que les billets sont un moyen de paiement anonyme, pratique, et mis gratuitement à la disposition de tous les citoyens. Sans monnaie papier, la « petite économie » de quartier n’aurait d’ailleurs plus les moyens d’exister : quel avenir pour les ventes et prestations de services entre particuliers, de la brocante du dimanche au baby-sitting, s’il faut tout régler par carte ou par virement ?
Outre sa valeur monétaire, l’argent liquide a également une valeur symbolique explique encore le DG d’Oberthur Fiduciaire. En effet, sur chaque billet de banque, on retrouve des éléments constitutifs de l’identité nationale du pays dans lequel il est utilisé. Pour le nouveau billet de 5 euros par exemple, un portrait d’Europe, figure de la mythologie grecque et origine du continent, a été choisi. Instrument de souveraineté, les billets comportent les symboles qui reflètent l’histoire du pays. Pour Thomas Savare, la monnaie papier est non seulement un outil de protection de la vie privée, mais c’est aussi un marqueur de la vie commune. De par les symboles qu’il véhicule et sa circulation de main en main, le cash est avant tout un symbole du vivre ensemble et de l’unité nationale ou culturelle.
Nombre d’arguments sont mis en avant pour appuyer la suppression de la monnaie fiduciaire et une utilisation exclusive de la carte bancaire ou d’autres moyen de paiements électroniques. Le premier est la lutte contre les trafics, l’évasion et la fraude fiscale, la criminalité et le terrorisme. Le principal défaut du Cash, pour les partisans de sa suppression, c’est l’anonymat qu’il permet, en plus d’une impossibilité de traçabilité. D’autres avancent, non sans raison, que la carte bancaire apparaît bien plus « sûre » que le transport de quantités importantes d’espèces. Au niveau des Etats, la disparition du cash permettrait surtout de lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent : toutes les transactions étant traçables, elles seraient de fait soumises à déclaration auprès de l’administration fiscale. Il est ici question de milliards d’euros de recettes fiscales en perspectives.
Certains pays ont déjà commencé à expérimenter des limitations dans l’usage du cash. La Suède est d’ailleurs le premier pays à avoir presque abandonné les règlements en espèces. En 2015, ils ne représentaient plus que 2% (contre 44% en France) des transactions en volume. Pour acheter du pain, prendre les transports ou effectuer de petits règlements, les Suédois n’utilisent plus d’espèces mais leur carte bancaire ou des applications mobiles à cet effet. Selon Bengt Nilervall, porte-parole de la Fédération suédoise du commerce, avec le paiement électronique « La sécurité augmente. C’est aussi plus facile de faire les comptes et d’éviter les faux billets. Et ça coûte moins cher de prendre les paiements par carte que de payer le transport du liquide ». L’argument sécurité est recevable certes, mais il est discutable. Le lecteur retiendra surtout que la suppression du cash permet aux banques d’importantes économies en frais de gestion et de manutentions des espèces.
Mais pour Thomas Savare, directeur général d’Oberthur Fiduciaire, l’un des leaders mondiaux de l’impression fiduciaire, cette apologie des paiements dématérialisés présente aussi des inconvénients plus rarement évoqués. Les opérations de paiement sans contact, réputées sécurisées, ne le sont pas vraiment : il est possible de capter frauduleusement le code d’émission d’une carte grâce à un simple smartphone. C’est ainsi que de nombreuses fraudes ont déjà été constatées grâce à la collecte de données confidentielles des cartes bancaires. Par ailleurs, « toutes les opérations bancaires deviennent traçables, puisque tout est enregistré », pointe Thomas Savare. Chaque achat fait avec une carte bancaire est listé et enregistré pour différentes raisons : juridiquement, pour rendre opposables des preuves de prélèvement ; pour offrir de nouveaux services en fonction des besoins et utilisations des payeurs ; pour mieux connaître les habitudes des consommateurs ; pour mieux vendre ses services etc… La qualité de la relation-client a ici bon dos : cette traçabilité supprime surtout tout anonymat et permet un suivi intégral de nos transactions, et une cartographie temps réel de notre comportement de consommateurs.
Le billet de banque garant de la vie privée ?
Le directeur général d’Oberthur Fiduciaire rappelle ainsi que la question de la sécurité est bien souvent envisagée de façon partielle (et partiale) : réduire la sécurité à la traçabilité des transactions revient d’une part à écarter du débat la question de la fraude électronique, mais aussi à affaiblir le principe de protection de la vie privée. « La monnaie est aussi une affaire de vie privée », explique-t-il. Pour empêcher une traçabilité de nos transactions, il est nécessaire de limiter notre usage de la carte bancaire, puisqu’elle les répertorie, et d’utiliser d’autres moyens de paiement : chèques, espèces (ou même carte de paiement prépayées).
Tout est fait aujourd’hui pourtant pour alimenter la méfiance envers la monnaie fiduciaire : de la menace des faux billets sur l’économie (on estime pourtant à une chance sur 50 000 la probabilité d’en croiser un), à la « saleté » des billets (la carte bancaire et notre téléphone portable n’étant pas mieux lotis). Pourtant, l’origine même du mot « fiduciaire » qui provient du latin « fiducia » et signifie « confiance ». Cette confiance, à mettre en relation avec la probabilité de croiser un faux billet, repose aujourd’hui sur les technologies anti-contrefaçons. Aujourd’hui, le billet de banque est une vitrine technologique. Selon le directeur général d’Oberthur Fiduciaire, il faut être un véritable ingénieur pour envisager de contrefaire un billet. Qu’il s’agisse des fonds de sécurité anti-copie, anti scanner, d’effets d’optiques sur fenêtre transparentes, de vernis de protection, de zone tactiles… les nombreux brevets déposés par Oberthur Fiduciaire peuvent témoigner d’une sécurité sans équivalent pour prévenir le risque des contrefaçons. Ces dernières existeront néanmoins toujours car certains tenteront toujours leur chance. Mais le jeu en vaut de moins en moins la peine, au fur et à mesure notamment des changements de billets et de progrès de la R&D.
Pour Thomas Savare, si la majorité des citoyens continue bien de faire confiance aux billets, c’est non seulement parce que la sécurité des billets est considérable, mais aussi est surtout parce que les billets sont un moyen de paiement anonyme, pratique, et mis gratuitement à la disposition de tous les citoyens. Sans monnaie papier, la « petite économie » de quartier n’aurait d’ailleurs plus les moyens d’exister : quel avenir pour les ventes et prestations de services entre particuliers, de la brocante du dimanche au baby-sitting, s’il faut tout régler par carte ou par virement ?
Outre sa valeur monétaire, l’argent liquide a également une valeur symbolique explique encore le DG d’Oberthur Fiduciaire. En effet, sur chaque billet de banque, on retrouve des éléments constitutifs de l’identité nationale du pays dans lequel il est utilisé. Pour le nouveau billet de 5 euros par exemple, un portrait d’Europe, figure de la mythologie grecque et origine du continent, a été choisi. Instrument de souveraineté, les billets comportent les symboles qui reflètent l’histoire du pays. Pour Thomas Savare, la monnaie papier est non seulement un outil de protection de la vie privée, mais c’est aussi un marqueur de la vie commune. De par les symboles qu’il véhicule et sa circulation de main en main, le cash est avant tout un symbole du vivre ensemble et de l’unité nationale ou culturelle.