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La jacquerie des tracteurs : racines et perspectives


La Rédaction
Jeudi 8 Février 2024



La jacquerie des tracteurs, c’est le crépuscule du vieux monde paysan, de la petite propriété et de l’économie des terroirs percuté par le rouleau compresseur de l’agribusiness. C’est la France de Montaillou Village occitan et du Cheval d’orgueil, c’est la révolte des survivants d’une petite paysannerie individuelle issue de la nuit des temps européens et qui rassemblait encore 30 % de la population active en 1950.



Un énième coup de fourche face aux « fermes des mille vaches », des « Corn Belt », des « Rice Belt »…

 

Un monde éreinté à force de courir derrière un modèle agricole à toujours plus haut rendement, dopé aux intrants, à la chimie, à la génétique et aux machines, bref au « progrès » inauguré à la fin des années 1950. Les Jacquou le Croquant à tracteurs témoignent par leur gouaille de leur fierté d’appartenir à ce peuple des ex-tenures du Moyen Âge. Ils donnent un énième coup de fourche face à la concurrence des « fermes des mille vaches », des « Corn Belt » , des « Rice Belt », des « Cotton Belt » , des blés, sojas ou colzas transgéniques.

Le tableau peut sembler grossier. Trop noir et blanc. Après tout l’exode rural débute dès la fin du XIXe siècle accéléré par les modernisations successives plus tardives en France qu’ailleurs en Europe. Et ce sont toujours les exploitations les plus fragiles qui sont annexées par les plus robustes. Et puis, après tout, si l’agriculture veut continuer à exporter, il faut bien qu’elle accepte la réciproque : importer. Les intéressés ne sont d’ailleurs nullement contre mais requièrent une concurrence loyale.

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