Au fil de quelque 120 pages, Franck Fischbach produit une étude de son sujet de prédilection, la critique sociale, transposée dans un environnement original : le cinéma. La Critique sociale au cinéma s'attache ainsi à démontrer comment le 7e art est parfois le vecteur actif d'un regard critique de la société. La pensée de Franck Fischbach à ce sujet est loin de manquer de nuance. Il suffit pour le constater d'étudier ses hypothèses.
L'auteur postule en effet la critique sociale comme un élément de la grammaire cinématographique, une fonction, et non pas un genre. Cette hypothèse posée, Franck Fischbach s'attache ensuite à établir les critères distinctifs de la critique sociale au cinéma. Il prend pour cela l'exemple d'une douzaine de films qui lui permet d'étayer son analyse.
Pour l'auteur, tout film recouvre une forte dimension sociale dans le sens ou il représente de façon directe ou implicite des interactions entre personnages et offre aux spectateurs de s'identifier. Néanmoins, tout film ne représente pas de manière critique ces interactions au sens où l'entendent Karl Marx ou Axel Honneth cités par l'auteur. La propension à dénoncer par l'image, ou tout simplement à remettre en question est donc inégalement partagée dans la production cinématographique.
Si pour Franck Fischbach, la critique sociale est une fonction et non un genre cinématographique, c'est notamment parce qu'elle cohabite avec d'autres fonctions de nature plus divertissante. L'exemple des Temps Modernes de Charlie Chaplin est à ce titre un exemple central du développement de l'auteur. Dans ce film comique, la critique sociale et la représentation du taylorisme en rajoutent au réalisme de l'histoire et ainsi qu'à l'effet humoristique et pathétique. Résolument politique, le film n'empêche toutefois pas l'articulation de la critique sociale avec d'autres éléments de grammaire cinématographique.
Non exclusive, la critique sociale n'en reste pas moins une fonction des plus explicites dans un film. Elle entend faire voir les travers de la société aux spectateurs, lui faire prendre du recul. Aussi le cinéma atteint-il particulièrement bien son objectif, car il a la capacité d'illustrer la façon dont des rapports de force discutables passent inaperçus dans la vie quotidienne. Le film se fait alors le révélateur d'une normalité contestable, voire révoltante.
Cela explique notamment pourquoi la critique sociale est parfois source de désintérêt parmi les spectateurs auxquels elle impose une forme de lucidité qui a tôt fait d'être présentée comme du pessimisme. Franck Fischbach remarque que jusque dans les récurrences de structures scénaristiques, les films critiques traduisent un certain pessimisme. L'auteur montre en effet que souvent ces films sont construits comme des boucles où le point de départ du scénario se confond avec son point d'arrivée. Un tel schéma suggère un certain fatalisme qui n'exclue d'ailleurs pas une certaine ironie, les victimes du début de la pellicule prenant parfois à leur tour le rôle des injustes à la fin de la projection.
Pour autant, la critique sociale dans le cinéma n'est pas qu'un vecteur de déprime. Elle traduit aussi la volonté de changement et l'espoir du mieux. Ainsi le cinéma libère-t-il des idées et des énergies en stimulant le jugement de ses spectateurs. C'est aussi cette mécanique passionnante, de leur capacité à représenter leur époque qui fait rentrer certains films dans l'histoire.
L'auteur postule en effet la critique sociale comme un élément de la grammaire cinématographique, une fonction, et non pas un genre. Cette hypothèse posée, Franck Fischbach s'attache ensuite à établir les critères distinctifs de la critique sociale au cinéma. Il prend pour cela l'exemple d'une douzaine de films qui lui permet d'étayer son analyse.
Pour l'auteur, tout film recouvre une forte dimension sociale dans le sens ou il représente de façon directe ou implicite des interactions entre personnages et offre aux spectateurs de s'identifier. Néanmoins, tout film ne représente pas de manière critique ces interactions au sens où l'entendent Karl Marx ou Axel Honneth cités par l'auteur. La propension à dénoncer par l'image, ou tout simplement à remettre en question est donc inégalement partagée dans la production cinématographique.
Si pour Franck Fischbach, la critique sociale est une fonction et non un genre cinématographique, c'est notamment parce qu'elle cohabite avec d'autres fonctions de nature plus divertissante. L'exemple des Temps Modernes de Charlie Chaplin est à ce titre un exemple central du développement de l'auteur. Dans ce film comique, la critique sociale et la représentation du taylorisme en rajoutent au réalisme de l'histoire et ainsi qu'à l'effet humoristique et pathétique. Résolument politique, le film n'empêche toutefois pas l'articulation de la critique sociale avec d'autres éléments de grammaire cinématographique.
Non exclusive, la critique sociale n'en reste pas moins une fonction des plus explicites dans un film. Elle entend faire voir les travers de la société aux spectateurs, lui faire prendre du recul. Aussi le cinéma atteint-il particulièrement bien son objectif, car il a la capacité d'illustrer la façon dont des rapports de force discutables passent inaperçus dans la vie quotidienne. Le film se fait alors le révélateur d'une normalité contestable, voire révoltante.
Cela explique notamment pourquoi la critique sociale est parfois source de désintérêt parmi les spectateurs auxquels elle impose une forme de lucidité qui a tôt fait d'être présentée comme du pessimisme. Franck Fischbach remarque que jusque dans les récurrences de structures scénaristiques, les films critiques traduisent un certain pessimisme. L'auteur montre en effet que souvent ces films sont construits comme des boucles où le point de départ du scénario se confond avec son point d'arrivée. Un tel schéma suggère un certain fatalisme qui n'exclue d'ailleurs pas une certaine ironie, les victimes du début de la pellicule prenant parfois à leur tour le rôle des injustes à la fin de la projection.
Pour autant, la critique sociale dans le cinéma n'est pas qu'un vecteur de déprime. Elle traduit aussi la volonté de changement et l'espoir du mieux. Ainsi le cinéma libère-t-il des idées et des énergies en stimulant le jugement de ses spectateurs. C'est aussi cette mécanique passionnante, de leur capacité à représenter leur époque qui fait rentrer certains films dans l'histoire.
(1)FISCHBACH, F., La Critique sociale au cinéma, Paris, Vrin, Philosophie et cinéma, 2012, 120 pp..