La zone Indo-Pacifique s’est désormais installée sur la scène internationale, sur toile de fond de tensions sino-américaines croissantes et sous l’ombre portée d’une Chine ne se contentant plus d’être un Empire du Milieu. La mise en place de l’AUKUS pourrait avoir pour effet de réintroduire une politique de blocs, selon un schéma hérité de la guerre froide, et elle s’inscrit en tout cas dans une approche anti-Pékin.
Les grandes manœuvres stratégiques dans la zone Indo-Pacifique sont également susceptibles d’être indirectement affectées par la guerre en Ukraine. Dans ce conflit majeur sur le continent européen, la Chine avait l’occasion de montrer que son nouveau statut de puissance mondiale lui conférait des responsabilités particulières et qu’elle les assumait entièrement. Tel n’a pas été le cas dans une affaire impliquant, il est vrai, un autre membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin n’est pas sortie de l’ambiguïté en sa faveur, d’un point de vue occidental tout au moins, notamment dans ses relations avec la Russie. Au contraire, l’impression donnée fut celle d’un rapprochement de Pékin avec l’Etat agresseur.
Son image n’est donc pas ressortie jusqu’à présent rehaussée et cela peut expliquer en partie les initiatives récentes de la Chine en faveur d’un « plan de paix » pour l’Ukraine. Quoi qu’il en soit, ces développements ne seront pas non plus sans effet dans le traitement des questions de défense dans la zone Indo-Pacifique.
Un coup de Jarnac surmonté
Le coup fut aussi durement ressenti dans les ateliers de Cherbourg à l’annonce de la perte de ce qui avait été considéré comme « le contrat du siècle » en matière d’exportation d’armements. Il s’agissait en effet d’un contrat portant sur douze sous-marins de la classe Barracuda et de leur maintenance pendant une période de cinquante ans. À Cherbourg, 500 personnes – sur un millier déjà concernées par le programme en France et en Australie – étaient déjà mobilisées, dont une centaine d’Australiens sans compter leurs familles. L’installation de ces dernières, y compris la question de la scolarisation des enfants, avait été réglée depuis plusieurs années.