Jean-Baptiste Fressoz adopte une posture résolument frondeuse pour établir sa propre histoire du risque technologique. En effet d'après l'historien, les sociétés ont par le passé démontré leur capacité à penser le risque et à l'anticiper. Ainsi les considérations environnementales liées à la poursuite du progrès technique ne sont pas nouvelles. En filigrane, c'est aux thèses, largement reprises, de la société du risque tel qu'elles sont par exemple développées par Ulrich Beck que s'attaque Jean-Baptiste Fressoz.
Pour l'auteur, la plupart des analyses historiques proposées sur la question du risque et de son appréhension par la société pêchent par leur insuffisance. Un examen historique minutieux permet en effet selon Jean-Baptiste Fressoz de mettre en évidence une forme de réflexion sur le progrès technique et les risques associés à toute époque de l'histoire. L'auteur s'appuie ainsi sur de nombreux exemples puisés notamment dans l'histoire des découvertes industrielles médicales et de leur introduction en Europe le XVIIIe et le XIXe siècle. Jean-Baptiste Fressoz revient ainsi sur les débats animés qui ont entouré les premières vaccinations contre la variole, la vérole ou encore même les débuts de l'utilisation de la machine à vapeur.
Aujourd'hui comme au siècle dernier, les sociétés humaines, ou du moins européennes se sont posé et se posent des questions quant aux risques induits par l'utilisation de découvertes scientifiques et d'innovations technologiques. Ainsi pour Jean-Baptiste Fressoz, la révolution industrielle n'est en rien « l'histoire des sociétés modifiant de manière inconsciente leurs environnements et leurs formes de vie, et comprenant a posteriori les dangers et les erreurs » comme ont pu le soutenir les tenants les plus en vue des théories de la société du risque.
Fort de ce constat, l'auteur avance des conclusions surprenantes. Si Jean-Baptiste Fressoz contredit Ulrich Beck, Anthony Giddens ou encore Pat Caplan, ce n'est pas pour affirmer que la société d'aujourd'hui pense le risque autant qu'hier, mais bien pour avancer qu'elle ne l'a jamais vraiment fait. L'auteur avance en effet le concept de « désinhibition » pour l'expliquer. Ce processus désigne l'ensemble des dispositifs et des démarches, scientifiques, technologiques, politiques et communicationnels qui ont contribué à rendre acceptables ou même souhaitables les risques liés à certains choix technologiques.
Dans la société contemporaine, ce processus de déshinibition est toujours à l'œuvre et Jean-Baptiste Fressoz l'illustre avec une puissance désarmante. La réflexion au sujet du risque ayant toujours fait partie du fonctionnement de la société, sa redécouverte contemporaine constitue donc un non-évènement pour la capacité collective à effectuer des choix scientifiques et techniques. Ce que Jean-Baptiste Fressoz soulève ici peut être résumé simplement : la réflexion sur le risque induit par le progrès n'est pas en soi l'expression d'une nouvelle modernité. La clé d'une meilleure protection des hommes contre les crises – qu'elles soient sanitaires, environnementales, humanitaires, économiques ou sociales – engendrés par le progrès technique est donc à chercher ailleurs.
Pour l'auteur, la plupart des analyses historiques proposées sur la question du risque et de son appréhension par la société pêchent par leur insuffisance. Un examen historique minutieux permet en effet selon Jean-Baptiste Fressoz de mettre en évidence une forme de réflexion sur le progrès technique et les risques associés à toute époque de l'histoire. L'auteur s'appuie ainsi sur de nombreux exemples puisés notamment dans l'histoire des découvertes industrielles médicales et de leur introduction en Europe le XVIIIe et le XIXe siècle. Jean-Baptiste Fressoz revient ainsi sur les débats animés qui ont entouré les premières vaccinations contre la variole, la vérole ou encore même les débuts de l'utilisation de la machine à vapeur.
Aujourd'hui comme au siècle dernier, les sociétés humaines, ou du moins européennes se sont posé et se posent des questions quant aux risques induits par l'utilisation de découvertes scientifiques et d'innovations technologiques. Ainsi pour Jean-Baptiste Fressoz, la révolution industrielle n'est en rien « l'histoire des sociétés modifiant de manière inconsciente leurs environnements et leurs formes de vie, et comprenant a posteriori les dangers et les erreurs » comme ont pu le soutenir les tenants les plus en vue des théories de la société du risque.
Fort de ce constat, l'auteur avance des conclusions surprenantes. Si Jean-Baptiste Fressoz contredit Ulrich Beck, Anthony Giddens ou encore Pat Caplan, ce n'est pas pour affirmer que la société d'aujourd'hui pense le risque autant qu'hier, mais bien pour avancer qu'elle ne l'a jamais vraiment fait. L'auteur avance en effet le concept de « désinhibition » pour l'expliquer. Ce processus désigne l'ensemble des dispositifs et des démarches, scientifiques, technologiques, politiques et communicationnels qui ont contribué à rendre acceptables ou même souhaitables les risques liés à certains choix technologiques.
Dans la société contemporaine, ce processus de déshinibition est toujours à l'œuvre et Jean-Baptiste Fressoz l'illustre avec une puissance désarmante. La réflexion au sujet du risque ayant toujours fait partie du fonctionnement de la société, sa redécouverte contemporaine constitue donc un non-évènement pour la capacité collective à effectuer des choix scientifiques et techniques. Ce que Jean-Baptiste Fressoz soulève ici peut être résumé simplement : la réflexion sur le risque induit par le progrès n'est pas en soi l'expression d'une nouvelle modernité. La clé d'une meilleure protection des hommes contre les crises – qu'elles soient sanitaires, environnementales, humanitaires, économiques ou sociales – engendrés par le progrès technique est donc à chercher ailleurs.
(1) FRESSOZ, J.B., L’Apocalypse joyeuse : une histoire du risque technologique, Seuil, col. L’Univers historique, 2012, 312 pp..