Rancière aborde l'art comme un partage des sensibilités. Avec cette considération simple, on comprend très facilement en quoi toute forme artistique présente une composante politique : l'art véhicule, de façon active ou résiduelle, nécessairement un message. L'esthétisme fait d'ailleurs plus que cela puisque, comme le montre l'auteur, il contribue aux reconfigurations des rapports de forces politiques.
Jacques Rancière explique ce phénomène. L'auteur montre ainsi que les frontières de l'artistique sont mouvantes. Les arts classiques que sont la danse, la musique ou encore le théâtre ont dans un premier temps été étroitement compris au sein de certaines limites. Ce n'est qu'avec le temps que la comédie, longtemps jugée vulgaire, obtint ses lettres de noblesse au même titre que la tragédie, et que la peinture de genre fit reconnaître son intérêt, malgré sa déconsidération au profit de la peinture historique.
Mais si les frontières de l'art évoluent avec le temps, explique Jacques Rancière, c'est parce qu'évoluent aussi les codes et les manières d'identifier la production. Ceux-ci sont la résultante de trois paramètres, l'éthique, la représentativité, et l'esthétique, dont l'équilibre varie en fonction du contexte. Selon l'auteur, la production artistique peut faire reconnaître son statut si elle remplit un rôle civique et véhicule des idées (éthique), si sa dimension artistique est attestée par une figure d'autorité (représentativité), et si elle constitue une forme d'expérimentation esthétique.
Les trois paramètres retenus par Jacques Rancière sont sujets à des changements considérables. L'art se renouvelle ainsi en intégrant des choses qui lui étaient étrangères auparavant. Il existe donc une infinité de cas historique où le vulgaire passe dans le domaine de l'artistique. Ce faisant, explique l'auteur, l'art contribue aussi à faire évoluer les frontières politiques, en accordant une importance nouvelle à des sujets jusqu'alors plus ou moins ignorés. Pour autant, l'art ne se résume pas à sa dimension politique, car, comme l'indique Jacques Ranscière, toute production artistique dont le seul objet serait d'exprimer directement l'opinion d'une communauté se fourvoierait dans un parti-pris stérilisant.
Avec Aisthesis, Jacques Rancière opère un efficace rapprochement entre la dynamique artistique et la dynamique politique. Mettant en lumière leurs interconnexions ainsi que leurs éloignements, il parvient à isoler une des tendances de fond qui animent nos sociétés et les font évoluer. L'ouvrage de Jacques Rancière dresse ainsi un remarquable pont entre l'étude de l'histoire de l'art et la philosophie politique. Il offre par là même aux lecteurs une opportunité d'autant plus originale et accessible d'aborder ces deux sujets.
(1) RANCIERE, J., Aisthesis – Scènes du régime esthétique de l'art, éditions Galilée, Col. La Philosophie en effet, 2011, 315 pp..
Jacques Rancière explique ce phénomène. L'auteur montre ainsi que les frontières de l'artistique sont mouvantes. Les arts classiques que sont la danse, la musique ou encore le théâtre ont dans un premier temps été étroitement compris au sein de certaines limites. Ce n'est qu'avec le temps que la comédie, longtemps jugée vulgaire, obtint ses lettres de noblesse au même titre que la tragédie, et que la peinture de genre fit reconnaître son intérêt, malgré sa déconsidération au profit de la peinture historique.
Mais si les frontières de l'art évoluent avec le temps, explique Jacques Rancière, c'est parce qu'évoluent aussi les codes et les manières d'identifier la production. Ceux-ci sont la résultante de trois paramètres, l'éthique, la représentativité, et l'esthétique, dont l'équilibre varie en fonction du contexte. Selon l'auteur, la production artistique peut faire reconnaître son statut si elle remplit un rôle civique et véhicule des idées (éthique), si sa dimension artistique est attestée par une figure d'autorité (représentativité), et si elle constitue une forme d'expérimentation esthétique.
Les trois paramètres retenus par Jacques Rancière sont sujets à des changements considérables. L'art se renouvelle ainsi en intégrant des choses qui lui étaient étrangères auparavant. Il existe donc une infinité de cas historique où le vulgaire passe dans le domaine de l'artistique. Ce faisant, explique l'auteur, l'art contribue aussi à faire évoluer les frontières politiques, en accordant une importance nouvelle à des sujets jusqu'alors plus ou moins ignorés. Pour autant, l'art ne se résume pas à sa dimension politique, car, comme l'indique Jacques Ranscière, toute production artistique dont le seul objet serait d'exprimer directement l'opinion d'une communauté se fourvoierait dans un parti-pris stérilisant.
Avec Aisthesis, Jacques Rancière opère un efficace rapprochement entre la dynamique artistique et la dynamique politique. Mettant en lumière leurs interconnexions ainsi que leurs éloignements, il parvient à isoler une des tendances de fond qui animent nos sociétés et les font évoluer. L'ouvrage de Jacques Rancière dresse ainsi un remarquable pont entre l'étude de l'histoire de l'art et la philosophie politique. Il offre par là même aux lecteurs une opportunité d'autant plus originale et accessible d'aborder ces deux sujets.
(1) RANCIERE, J., Aisthesis – Scènes du régime esthétique de l'art, éditions Galilée, Col. La Philosophie en effet, 2011, 315 pp..