Après le tour de vis du Sénat, c'est au tour de l'Assemblée nationale de se pencher, à partir de lundi 27 novembre, sur le projet de loi sur l'immigration du gouvernement. L'examen du texte promet d'être agité, entre une gauche qui y est résolument opposée, un camp présidentiel tiraillé et une droite réclamant encore plus de fermeté. L'occasion pour franceinfo de s'entretenir avec la politologue Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche émérite au Centre d'études et de recherches internationales, enseignante à Sciences Po et autrice de Figures de l'Autre. Perceptions du migrant en France 1870-2022. Dans cet entretien, elle revient sur les rapports que les Français entretiennent avec l'immigration, et explique comment le sujet s'est imposé dans le débat politique – non sans tension.
Franceinfo : Qui sont, aujourd'hui, les immigrés en France ?
Catherine Wihtol de Wenden : Il faut distinguer deux choses. Il existe d'une part ce qu'on appelle le "stock", c'est-à-dire les personnes immigrées qui sont déjà présentes sur le territoire. Elles représentent environ 10% de la population française. D'autre part, il y a ce qu'on appelle le "flux", c'est-à-dire les entrées et les sorties du territoire. La multiplication des crises dans le monde – en Syrie, en Afrique subsaharienne ou en Ukraine – a entraîné une augmentation récente de ce flux, lié à la hausse des demandes d'asile. Même si la France est loin d'être le pays européen qui a accueilli le plus de réfugiés, et même si le taux de protection a globalement chuté depuis les années 1970.
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