La liberté est prise de risques
« La joie de l’âme est dans l’action ». La devise est celle du Maréchal Lyautey, empruntée au poète anglais Percy Bysshe Shelley. Mais nul aphorisme militaire à chercher ici, plutôt une ligne de conduite qui présida à l’accomplissement d’un destin. Souvent sans le savoir, l’entrepreneur marche dans les pas de Lyautey : l’entreprise est une aventure humaine, reflet d’un choix, celui de la liberté et de l’action. Du défi personnel à la simple volonté de prendre son « destin », ou son autonomie, en main, l’entreprise est l’un des derniers bastions de la liberté. L’entrepreneur peut tout tenter, tout oser, il peut donner corps à ses rêves et les réaliser. Bref, il agit. Par audace ou nécessité, par fierté ou par ambition, parce qu’il souhaite être utile à ses voisins ou au monde entier, « l’entrepreneur est, lui, celui qui a trouvé une idée, qui innove, qui prend un risque. Un auteur américain expliquait que la définition même de l’entreprise, c’est le risque, non assurable. L’entreprise est le seul risque non assurable », commence Yves Laisné.
Dans une société anesthésiée par le principe de précaution et paralysée par la judiciarisation des relations humaines, la notion de risque assumée par l’entrepreneur fait figure d’incongruité. « Les élites françaises et le peuple français n’aiment pas beaucoup l’entreprise. En étant brutal, je dirai que l’entrepreneur, dans le paysage français est considéré comme un OANI, un « Objet Agissant Non Identifié », qu’il convient de contrôler », poursuit le chef d’entreprise, par ailleurs docteur en droit. La France, pays des libertés et des droits de l’homme serait en réalité obnubilée par l’égalité : égalité de droit certes, mais surtout égalité de traitement, de réussite et de richesses. « [Les Français] souffrent d'un profond manque de coopération et de réciprocité. Ils se méfient beaucoup plus souvent des autres mais aussi de leurs institutions... ou encore des entreprises, de la concurrence et du marché », font écho Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg, dans leur ouvrage Et la confiance, bordel ?, publié par l'Institut Montaigne
L’entrepreneur est vu comme celui qui rompt le contrat d’égalité tacite conclu entre les citoyens français : il est celui qui veut « plus », « mieux », ou simplement quelque chose de différent. En France, « personne ne commande mais tout le monde obéit » selon l’aphorisme de Michel Crozier. Réduisant abusivement la finalité de l’entrepreneuriat à l’enrichissement personnel, les Français négligent bien souvent l’utilité sociale de l’entrepreneur, et le fait que l’immense majorité n’est pas riche, en contrepartie d’un investissement personnel bien éloigné des réalités du salariat. « Les entreprises défendent l'intérêt général » osent écrire de son côté Yann le Gallès sur son blog. Mais en contrepartie, l’entrepreneur est libre, et bien peu finalement éprouvent le regret d’avoir choisi cette vie. La liberté de l’entrepreneur est risquée, parce qu’il est seul face aux conséquences de ses choix. Mais ses choix sont de toute façon de plus en plus limités par l’environnement légal, politique et économique, oscillant entre régimes fiscaux confiscatoires et réglementations coercitives.
Dans une société anesthésiée par le principe de précaution et paralysée par la judiciarisation des relations humaines, la notion de risque assumée par l’entrepreneur fait figure d’incongruité. « Les élites françaises et le peuple français n’aiment pas beaucoup l’entreprise. En étant brutal, je dirai que l’entrepreneur, dans le paysage français est considéré comme un OANI, un « Objet Agissant Non Identifié », qu’il convient de contrôler », poursuit le chef d’entreprise, par ailleurs docteur en droit. La France, pays des libertés et des droits de l’homme serait en réalité obnubilée par l’égalité : égalité de droit certes, mais surtout égalité de traitement, de réussite et de richesses. « [Les Français] souffrent d'un profond manque de coopération et de réciprocité. Ils se méfient beaucoup plus souvent des autres mais aussi de leurs institutions... ou encore des entreprises, de la concurrence et du marché », font écho Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg, dans leur ouvrage Et la confiance, bordel ?, publié par l'Institut Montaigne
L’entrepreneur est vu comme celui qui rompt le contrat d’égalité tacite conclu entre les citoyens français : il est celui qui veut « plus », « mieux », ou simplement quelque chose de différent. En France, « personne ne commande mais tout le monde obéit » selon l’aphorisme de Michel Crozier. Réduisant abusivement la finalité de l’entrepreneuriat à l’enrichissement personnel, les Français négligent bien souvent l’utilité sociale de l’entrepreneur, et le fait que l’immense majorité n’est pas riche, en contrepartie d’un investissement personnel bien éloigné des réalités du salariat. « Les entreprises défendent l'intérêt général » osent écrire de son côté Yann le Gallès sur son blog. Mais en contrepartie, l’entrepreneur est libre, et bien peu finalement éprouvent le regret d’avoir choisi cette vie. La liberté de l’entrepreneur est risquée, parce qu’il est seul face aux conséquences de ses choix. Mais ses choix sont de toute façon de plus en plus limités par l’environnement légal, politique et économique, oscillant entre régimes fiscaux confiscatoires et réglementations coercitives.
Environnement des entreprises et omniprésence de l’Etat
La France est connue de par le monde pour bien des raisons souvent flatteuses, mais elle l’est aussi pour sa propension à règlementer et légiférer à tout va. Les lois ou les normes sont devenues l’instrument privilégié de résolution des problèmes, peu importe qu’elles soient incontrôlables, inapplicables ou simplement inadaptés. Le pouvoir politique et l’Etat ont au moins la satisfaction très égocentrique du devoir accompli. « Ce n’est pas pour rien que le Colbertisme, soit l’Etat transformé en entrepreneur, est français. Selon l’économiste Charles Goldfinger, « En France, le poids combiné du Marxisme et du Colbertisme écrase tout sur son passage » », rappelle Yves Laisné. Le sens de l’intérêt général a disparu derrière la facilité bureaucratique : pourquoi comprendre quand il suffit d’interdire ? « Ce qu’on appelle liberté, dans le langage politique, c’est le droit de faire des lois, c’est-à-dire d’enchaîner la liberté », pour Auguste Vermorel. Si, en passant, il est en plus possible de laisser son nom à une loi, alors c’est encore mieux, comme celle qui a récemment multipliée par trois le volume administratif des pièces nécessaires à une transaction immobilière. De tels exemples sont malheureusement nombreux, et plus motivés par une idéologie de contrôle d’une caste vue comme privilégiée, que par un souci d’efficience économique ou de justice sociale. « Les freins à l’entreprise en France reposent avant tout sur cet état d’esprit, qui a depuis dégénéré en un système. Ce système est très simple : on vous dit « liberté d’entreprise », mais l’entreprise est « soutenue » (…) L’Etat n’accepte pas que l’entreprise existe par elle-même, c’est pour cela qu’il la soutient », assure de son côté Yves Laisné.
L’égalitarisme est devenu le terreau d’un nouvel absolutisme démocratique, et dans ce schéma, les entrepreneurs sont dangereusement libres. Ils ne sont pas forcément encartés en association syndicale, ils n’émargent pas non plus auprès d’un parti ; les entrepreneurs sont quelque peu hors du système politique, de la même manière que bien peu d’hommes politiques viennent de la sphère économique. Les entrepreneurs ne demandent pas à protéger des acquis sociaux, des rentes de situation ou un statut avantageux, ils demandent essentiellement à ce que l’Etat les laisse entreprendre, créer de la richesse et des emplois pour le bénéfice de la collectivité. Il n’est pas pour autant question d’anarchie : « L’Etat doit assurer le respect des règles du jeu […], être là pour éviter les manœuvres de concurrence déloyale, les ententes cartellisées, la mise en place de pratiques anti-concurrentielles. Mais l’Etat n’est pas là pour entreprendre, pour protéger telle ou telle entreprise ou pour favoriser telle ou telle entente, groupement ou corporation », ajoute Yves Laisné.
L’entreprise est l’un des derniers espaces de liberté, et l’entrepreneur est en quelque sorte une nouvelle figure de l’aventurier. « La liberté appartient à ceux qui l’ont conquise », pourrions-nous conclure avec André Malraux.
L’égalitarisme est devenu le terreau d’un nouvel absolutisme démocratique, et dans ce schéma, les entrepreneurs sont dangereusement libres. Ils ne sont pas forcément encartés en association syndicale, ils n’émargent pas non plus auprès d’un parti ; les entrepreneurs sont quelque peu hors du système politique, de la même manière que bien peu d’hommes politiques viennent de la sphère économique. Les entrepreneurs ne demandent pas à protéger des acquis sociaux, des rentes de situation ou un statut avantageux, ils demandent essentiellement à ce que l’Etat les laisse entreprendre, créer de la richesse et des emplois pour le bénéfice de la collectivité. Il n’est pas pour autant question d’anarchie : « L’Etat doit assurer le respect des règles du jeu […], être là pour éviter les manœuvres de concurrence déloyale, les ententes cartellisées, la mise en place de pratiques anti-concurrentielles. Mais l’Etat n’est pas là pour entreprendre, pour protéger telle ou telle entreprise ou pour favoriser telle ou telle entente, groupement ou corporation », ajoute Yves Laisné.
L’entreprise est l’un des derniers espaces de liberté, et l’entrepreneur est en quelque sorte une nouvelle figure de l’aventurier. « La liberté appartient à ceux qui l’ont conquise », pourrions-nous conclure avec André Malraux.