Cyclope Moderne - L'usine vue par le peintre Adolph von Menzel
Acteur majeur des mouvements sociaux, considéré comme surmédiatisé pour certains, emblématique des laissés-pour-compte pour d’autres, le métier ouvrier en France souffre sans doute de nombreux présupposés. Et ceci, à un moment charnière de transition vers une nouvelle identité. Si ce corps de métier représente encore aujourd’hui, selon l’INSEE 12,4%, de la population, ce qui est considérable, le poids culturel et politique qu’il pouvait avoir jadis a fortement diminué.
La raison n’est pas tant arithmétique que culturelle. Comme l’ont montré un certain nombre de travaux (comme ceux de Martin Thibault, ou plus globalement l’œuvre de Robert Castel), la question de l’appartenance ou de la non-appartenance culturelle à une classe sociale est primordiale. Ce qui définit d’ailleurs, en premier lieu, une classe, au sens marxiste du terme, c’est sa fameuse « conscience ».
Or, il semble que l’évolution salariale en France ait fait évoluer les mentalités. La diversification des métiers et des responsabilités a eu pour effet principal de dissiper une certaine communauté de pratiques et de repères politique au sein du groupe ouvrier. Les aspirations d’émancipation sociale et économique ont sans aucun doute porté un coup fatal à la revendication d’une culture ouvrière singulière.
Car aujourd’hui, les jeunes générations aspirent plus à s’échapper de cette condition qu’à y demeurer. Des indices probants ? Les loisirs diffèrent de ceux de la génération permanente, tout comme les fréquentations. On peut interpréter dans une certaine mesure ce comportement social comme une volonté de modification de l’habitus. Mais la diminution (en chute libre) du taux de syndicalisation chez les salariés, y compris les ouvriers, depuis le milieu des années 70 est sans aucun doute la preuve la plus flagrante du déclin de la culture ouvrière telle que nous l’avons connue.
A-t-elle pour autant disparue ? Limiter la culture ouvrière au syndicalisme serait bien réducteur. De fait, la culture ouvrière est en pleine mutation. Si les nouveaux ouvriers du secteur privé ou public assument moins que leurs prédécesseurs l’appartenance à la culture ouvrière, et si l’évolution même de la terminologie salariale les incite à agir de telle manière, ce n’est pas pour autant qu’elle tend à disparaître.
Mais si l’ouvrier, qualifié ou non, assume de moins en moins son titre et le champ lexical que l’on est tenté d’y associer, c’est pourtant bien que la culture ouvrière est en crise. Cette crise traduit une phase de transformation à la fois de ce que l’ouvrier est dans la représentation sociale commune, mais aussi également la manière dont il se perçoit lui-même dans cette société. Le regard porté sur les ouvriers tend aujourd’hui à évoluer, tout comme le regard que peut poser l’ouvrier sur lui-même. En proie à une véritable mutation, c’est la nouvelle place que prendra le métier d’ouvrier dans la société et le marché du travail qui définira de manière déterminante la direction que prend l’évolution de sa culture
La raison n’est pas tant arithmétique que culturelle. Comme l’ont montré un certain nombre de travaux (comme ceux de Martin Thibault, ou plus globalement l’œuvre de Robert Castel), la question de l’appartenance ou de la non-appartenance culturelle à une classe sociale est primordiale. Ce qui définit d’ailleurs, en premier lieu, une classe, au sens marxiste du terme, c’est sa fameuse « conscience ».
Or, il semble que l’évolution salariale en France ait fait évoluer les mentalités. La diversification des métiers et des responsabilités a eu pour effet principal de dissiper une certaine communauté de pratiques et de repères politique au sein du groupe ouvrier. Les aspirations d’émancipation sociale et économique ont sans aucun doute porté un coup fatal à la revendication d’une culture ouvrière singulière.
Car aujourd’hui, les jeunes générations aspirent plus à s’échapper de cette condition qu’à y demeurer. Des indices probants ? Les loisirs diffèrent de ceux de la génération permanente, tout comme les fréquentations. On peut interpréter dans une certaine mesure ce comportement social comme une volonté de modification de l’habitus. Mais la diminution (en chute libre) du taux de syndicalisation chez les salariés, y compris les ouvriers, depuis le milieu des années 70 est sans aucun doute la preuve la plus flagrante du déclin de la culture ouvrière telle que nous l’avons connue.
A-t-elle pour autant disparue ? Limiter la culture ouvrière au syndicalisme serait bien réducteur. De fait, la culture ouvrière est en pleine mutation. Si les nouveaux ouvriers du secteur privé ou public assument moins que leurs prédécesseurs l’appartenance à la culture ouvrière, et si l’évolution même de la terminologie salariale les incite à agir de telle manière, ce n’est pas pour autant qu’elle tend à disparaître.
Mais si l’ouvrier, qualifié ou non, assume de moins en moins son titre et le champ lexical que l’on est tenté d’y associer, c’est pourtant bien que la culture ouvrière est en crise. Cette crise traduit une phase de transformation à la fois de ce que l’ouvrier est dans la représentation sociale commune, mais aussi également la manière dont il se perçoit lui-même dans cette société. Le regard porté sur les ouvriers tend aujourd’hui à évoluer, tout comme le regard que peut poser l’ouvrier sur lui-même. En proie à une véritable mutation, c’est la nouvelle place que prendra le métier d’ouvrier dans la société et le marché du travail qui définira de manière déterminante la direction que prend l’évolution de sa culture