Volumineux recueil organisé par thèmes, le dernier ouvrage d’Hubert Védrine constitue un précis très complet abordant les problématiques géopolitiques actuelles. Dans la mêlée mondiale (1) regroupe en effet au fil de treize chapitres les diagnostics de l’ancien ministre des Affaires étrangères sur des sujets allant de la diplomatie française à la gouvernance mondiale en passant par l’Europe, les États-Unis, la Russie ou encore le Proche-Orient. Certains de ces chapitres dépassent en outre ces cadres d’analyse classiques pour explorer des dossiers plus actuels comme celui de la Libye.
Cet ouvrage de quelque 500 pages est véritablement foisonnant. Tant sur la forme que sur le fonds, Dans la mêlée mondiale ne se présente pas comme une unité de sens très cohérente et solidaire sur le plan théorique, mais ce n’est pas là la vocation d’un tel livre. Dans ces lignes en effet, Hubert Védrine expose sa vision pratique des relations internationales contemporaines. Sur la question européenne, la pensée de l’ancien ministre se fait ainsi particulièrement percutante. « L’Europe » explique-t-il, « n’est pas la paix, mais c’est la paix qui a permis la construction européenne ». Hubert Védrine caractérise ainsi la nature de l’Union européenne avec un grand pragmatisme : « l’Europe est d’abord l’enfant d’une situation géopolitique, pas la mise en œuvre d’un extraordinaire projet historico-moral ». Justifiant son propos en retraçant les origines américaines des temps fondateurs du rapprochement des pays européens au cours la seconde moitié du XXe siècle, l’auteur coupe court aux ambitions fédéralistes les plus idéalistes.
Hubert Védrine oppose à la vision des « Européistes » qui voient en l’Union la dépositaire d'un soft-power qui reposerait sur les droits de l’homme, sa conception d’une « Europe puissance ». L’Union européenne ainsi vue par l’auteur est composée de gouvernements nationaux forts dont l’association leur permet de dialoguer sur un pied d’égalité avec les États-Unis. L’auteur rejette par ailleurs le paradigme qui présente le fédéralisme, ou plutôt « des abandons de souveraineté », la solution à un épuisement national. Hubert Védrine appelle au contraire les gouvernements nationaux à trouver en eux les conditions de leur vitalité indispensable à un « fédéralisme d’ambition » défini comme « capable de mettre en commun [les] pouvoirs [des gouvernements nationaux forts] » et non pas comme « une mutualisation des incapacités ».
Se présentant volontiers comme un réaliste, Hubert Védrine expose dans La mêlée mondiale des opinions effectivement empreintes d’un grand pragmatisme. Ses critiques en retirent une force réelle notamment quand elles s’en prennent au moralisme affiché des institutions européennes. Hubert Védrine en souligne alors le caractère révélateur de l’impuissance de l’Union à s’imposer en interlocuteur des autres grands ensembles géopolitiques mondiaux. Mais le réalisme d’Hubert Védrine n’est pas total loin s’en faut. Les alternatives qu’il propose face à ces postures tant critiquées semblent reposer sur la venue de dirigeants providentiels. Au seul sujet de l’Europe, l’ancien ministre regrette en effet l’absence d’hommes ambitieux et lucides capable d’impulser une dynamique nouvelle et durable. Loin d’être un manifeste à destination de la diplomatie française, Dans la mêlée mondiale s’apparente plus à une démarche de création de sens prenant pour point de départ la grande connaissance de son auteur. Or c’est précisément dans la capacité d’Hubert Védrine à contextualiser et à expliciter des problématiques contemporaines que réside la force de cet ouvrage avant tout pédagogique.
(1) VEDRINE, H., Dans la mélée mondiale, 2009-2012, 2012, Fayard, 513 pp.
Cet ouvrage de quelque 500 pages est véritablement foisonnant. Tant sur la forme que sur le fonds, Dans la mêlée mondiale ne se présente pas comme une unité de sens très cohérente et solidaire sur le plan théorique, mais ce n’est pas là la vocation d’un tel livre. Dans ces lignes en effet, Hubert Védrine expose sa vision pratique des relations internationales contemporaines. Sur la question européenne, la pensée de l’ancien ministre se fait ainsi particulièrement percutante. « L’Europe » explique-t-il, « n’est pas la paix, mais c’est la paix qui a permis la construction européenne ». Hubert Védrine caractérise ainsi la nature de l’Union européenne avec un grand pragmatisme : « l’Europe est d’abord l’enfant d’une situation géopolitique, pas la mise en œuvre d’un extraordinaire projet historico-moral ». Justifiant son propos en retraçant les origines américaines des temps fondateurs du rapprochement des pays européens au cours la seconde moitié du XXe siècle, l’auteur coupe court aux ambitions fédéralistes les plus idéalistes.
Hubert Védrine oppose à la vision des « Européistes » qui voient en l’Union la dépositaire d'un soft-power qui reposerait sur les droits de l’homme, sa conception d’une « Europe puissance ». L’Union européenne ainsi vue par l’auteur est composée de gouvernements nationaux forts dont l’association leur permet de dialoguer sur un pied d’égalité avec les États-Unis. L’auteur rejette par ailleurs le paradigme qui présente le fédéralisme, ou plutôt « des abandons de souveraineté », la solution à un épuisement national. Hubert Védrine appelle au contraire les gouvernements nationaux à trouver en eux les conditions de leur vitalité indispensable à un « fédéralisme d’ambition » défini comme « capable de mettre en commun [les] pouvoirs [des gouvernements nationaux forts] » et non pas comme « une mutualisation des incapacités ».
Se présentant volontiers comme un réaliste, Hubert Védrine expose dans La mêlée mondiale des opinions effectivement empreintes d’un grand pragmatisme. Ses critiques en retirent une force réelle notamment quand elles s’en prennent au moralisme affiché des institutions européennes. Hubert Védrine en souligne alors le caractère révélateur de l’impuissance de l’Union à s’imposer en interlocuteur des autres grands ensembles géopolitiques mondiaux. Mais le réalisme d’Hubert Védrine n’est pas total loin s’en faut. Les alternatives qu’il propose face à ces postures tant critiquées semblent reposer sur la venue de dirigeants providentiels. Au seul sujet de l’Europe, l’ancien ministre regrette en effet l’absence d’hommes ambitieux et lucides capable d’impulser une dynamique nouvelle et durable. Loin d’être un manifeste à destination de la diplomatie française, Dans la mêlée mondiale s’apparente plus à une démarche de création de sens prenant pour point de départ la grande connaissance de son auteur. Or c’est précisément dans la capacité d’Hubert Védrine à contextualiser et à expliciter des problématiques contemporaines que réside la force de cet ouvrage avant tout pédagogique.
(1) VEDRINE, H., Dans la mélée mondiale, 2009-2012, 2012, Fayard, 513 pp.