La Convention citoyenne sur la fin de vie vient de se prononcer. Nous, malades, prenons la parole en faveur des soins palliatifs et d’accompagnement, qui soulagent la douleur, et appelons à refuser l’euthanasie (ou sa version préliminaire, le suicide assisté), parce qu’elle accroîtrait, au lieu de les réduire, la souffrance et l’injustice. Nous avons l’expérience de la maladie, nous savons combien dès l’annonce du diagnostic autre chose commence et qui n’est pas ce qu’on croit. Nous savons ce qui aide le malade et ce qui lui nuit. Lanceurs d’alerte, nous mettons en garde contre la double mystification qui pèse sur le débat : le problème tel qu’il est posé exprime une méconnaissance de bien-portant, et sa présentation dissimule la réalité économique.
On parle d’un « droit de mourir dans la dignité ». Ceux qui parlent ainsi ne sont pas amis des malades. Cela revient à dire à ceux qui souffrent : vivre dans votre état est indigne, ayez la dignité de mourir. Entendons Philippe Pozzo di Borgo, modèle du film Intouchables : «Vous ne vous rendez pas compte du désastre que provoque chez les personnes qui se débattent avec des vies difficiles votre soutien à l’euthanasie ou au suicide assisté comme des morts « libres, dignes et courageuses ».
Les faits incontestés sont que presque personne n’a envie de mourir, jeune ou vieux, malade ou bien-portant, et les malades moins que les autres, figurez-vous, car la maladie mortelle est une puissante incitation positive à vivre, qu’il ne faut pas ramener à la peur de la mort, alors que le bienportant, s’imaginant que la maladie est tout le contraire de la vie, déclare parfois, de loin, qu’il lui préférera la mort. Le prétendre n’est pas plus sérieux que ces gens jeunes qui déclarent ne pas souhaiter vieillir. Quand vous serez très malades, un désir de vivre qui exprime la vie et non la peur de la mort vous fera accepter des peines dont le bien-portant s’imagine qu’il leur préférerait la mort.
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