Actualité brûlante pour Casino. En grande difficulté financière, le groupe de distribution a non seulement annoncé que le groupement Intermarché se joignait aux discussions de rapprochement avec Teract, mais aussi que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, deuxième actionnaire du groupe, proposait à ce dernier d'injecter 750 millions d'euros via une augmentation de capital réservée. Celle-ci entraînerait, si elle était menée à son terme, « un changement de contrôle de Casino ».
Casino dit avoir « pris acte » de cette proposition assortie de conditions, notamment la « réduction très substantielle de la dette brute non-sécurisée » du groupe, et indique « étudier la possibilité de demander la nomination de conciliateurs », ce qui « nécessite l'accord de certains créanciers bancaires et porteurs d'emprunts obligataires ».
En tout état de cause, ce ne sera possible qu'en cas d'accord de « certains créanciers bancaires et porteurs d'emprunts obligataires », indique Casino. Les consultations des porteurs d'emprunts obligataires et des créanciers bancaires « prendront fin le 19 mai 2023, dans chaque cas sous réserve de prolongation à l'initiative du groupe Casino ».
Le groupe d'origine stéphanoise « va analyser la proposition » de EP Global Commerce a.s., un des véhicules d'investissement de Daniel Kretinsky, « au cours des prochaines semaines ». Le milliardaire tchèque, très actif dans le secteur de la distribution où il est également premier actionnaire de Fnac Darty avec plus de 25% du capital, détenait fin 2022 10% du capital de Casino via une autre entité, Vesa Equity Investment.
Endettement massif
Pour rappel, le distributeur d'origine stéphanoise est détenu à 51,7% par sa maison mère, Rallye, laquelle dispose de 61% des droits de vote. Rallye, ainsi que la cascade de holdings (Foncière Euris, Finatis et Euris) par lesquelles le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, en détient le contrôle, avait bénéficié en mai 2019 d'une mise en procédure de sauvegarde pour faire face à ses dettes.
Cette procédure de sauvegarde prévoit un remboursement des créanciers par le biais de remontées de dividendes émanant de Casino, et par des cessions d'actifs. Cependant la dernière cession de Casino, 18,8% du capital de l'enseigne brésilienne Assai pour un montant de 732,2 millions d'euros, a été effectuée dans le cadre du désendettement du distributeur, et non de celui de ses holdings.
Ces difficultés interrogent quant à la capacité des sociétés de Jean-Charles Naouri à assumer ces importantes échéances de remboursement de dettes. Casino doit « encore refinancer ou rembourser environ 1,2 milliard d'euros d'ici 2024 et 1,8 milliard supplémentaire d'ici 2025 », rappelait récemment l'agence de notation Moody's en dégradant la note de la dette de Casino, de B3 à Caa1. Une dégradation qu'elle justifiait en observant que l'activité en France brûlait de l'argent et que le groupe y perdait des parts de marché. Si le groupe a réduit l'an dernier sa dette nette en France, celle-ci reste élevée, à 4,5 milliards d'euros à fin 2022. La dette financière à l'échelle du groupe a, en revanche, crû, passant de 5,9 à 6,4 milliards d'euros, en raison, selon le groupe, du « plan d'expansion » de son enseigne.
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