Pour les besoins de son ouvrage, Michael Sandel n'a pas eu à chercher longtemps pour illustrer les excès rendus possibles sur un marché libéralisé dans les années 1980. Spéculation sur l'assurance-vie, commerce d'organes ou encore compensation des émissions de dioxyde de carbone, la logique de marché s'est étendue, de façon « corrosive » selon les mots de l'auteur, à des domaines sociaux, environnementaux, culturels jadis sanctuarisés. Avec une facilité déconcertante, le marché parvient même à altérer des modèles de distribution alternatifs et à en amoindrir la portée ; c'est par exemple le cas lorsque des individus revendent un bien gratuit ou en monétisent l'obtention. De ces phénomènes, il résulte des situations qui choquent ou interpellent, selon leur degré de gravité, mais qui ne laisse personne indifférent.
À la façon d'une tache d'huile, la marche semble aujourd'hui phagocyter l'ensemble des composantes de notre société. Étendant son influence et ses standards à des problématiques des plus inattendues, le marché génère des situations parfois dérangeantes sur le plan moral. Michael Sandel cite par exemple le cas de victimes du SIDA payées pour accepter de se faire stériliser. Usant de ces exemples, l'auteur rappelle l'existence d'un grand nombre de problématiques dont le ressort est moral avant d'être économique.
Ces problématiques sont identifiables. Elles transparaissent en effet lorsque le marché prive les individus de la jouissance de leurs droits les plus élémentaires. À ces droits pourrait-on incorporer un matérialisme restreint, tels que la possession de son propre corps, d'un toit et de nourriture en quantité nécessaire pour vivre. Michael Sandel parle de corruption pour désigner ces situations où le marché prive les individus de ces différents éléments. La corruption est alors définie comme la « dégradation d'un bien ou d'une pratique sociale » soit le fait de « ne pas les considérer à leur juste valeur ».
L'existence de thèmes, de questions et d'enjeux avant tout moraux est ainsi réaffirmée par Michael Sandel. Il est par exemple immoral que la vie devienne un objet de spéculation par l'intermédiaire de l'échange irrégulier d'un contrat d'assurance, tout comme le fait de payer quelqu'un pour se faire stériliser, car cela se fait au détriment des droits fondamentaux de la personne. En parallèle de ces exemples gênants et indéniablement symptomatiques d'une époque où l'économie fait office d'étalon sociétal, Micheal Sandel consolide son développement en présentant des situations motivées par des considérations exclusivement morales.
Comme le rappelle Michael Sandal, la morale demeure une source importante de motivation, plus forte que l'appât financier dans certaines situations. Pour le prouver, l'auteur cite notamment cette étude menée auprès de différents groupes d'adolescents à qui l'on confie la tâche de récolter des dons pour une œuvre de charité. Contre toute attente, les adolescents motivés par les gains financiers les plus importants ne parviennent à surpasser que ceux à qui l'on a fait des promesses de gains moins élevées. Les adolescents ayant œuvré gratuitement arrivent en effet en tête du classement des dons récoltés.
Avec cet exemple, Micheal Sandel illustre en quoi la motivation morale est unique et distincte de la motivation marchande. Celle-ci s'avère d'une puissance incompressible face aux effets corrosifs du marché. Elle s'avère toutefois fragile dans la pratique, car aisément remplacée par la monétisation de certaines activités et l'introduction du gain comme récompense de certaine activités. On touche ainsi au cœur de l'ouvrage de Michael Sandel, dont la volonté semble bien être de nous faire prendre conscience de cette fragilité et de la nécessité de ne pas restreindre le prisme de nos analyses des intérêts à celui du marché.
À la façon d'une tache d'huile, la marche semble aujourd'hui phagocyter l'ensemble des composantes de notre société. Étendant son influence et ses standards à des problématiques des plus inattendues, le marché génère des situations parfois dérangeantes sur le plan moral. Michael Sandel cite par exemple le cas de victimes du SIDA payées pour accepter de se faire stériliser. Usant de ces exemples, l'auteur rappelle l'existence d'un grand nombre de problématiques dont le ressort est moral avant d'être économique.
Ces problématiques sont identifiables. Elles transparaissent en effet lorsque le marché prive les individus de la jouissance de leurs droits les plus élémentaires. À ces droits pourrait-on incorporer un matérialisme restreint, tels que la possession de son propre corps, d'un toit et de nourriture en quantité nécessaire pour vivre. Michael Sandel parle de corruption pour désigner ces situations où le marché prive les individus de ces différents éléments. La corruption est alors définie comme la « dégradation d'un bien ou d'une pratique sociale » soit le fait de « ne pas les considérer à leur juste valeur ».
L'existence de thèmes, de questions et d'enjeux avant tout moraux est ainsi réaffirmée par Michael Sandel. Il est par exemple immoral que la vie devienne un objet de spéculation par l'intermédiaire de l'échange irrégulier d'un contrat d'assurance, tout comme le fait de payer quelqu'un pour se faire stériliser, car cela se fait au détriment des droits fondamentaux de la personne. En parallèle de ces exemples gênants et indéniablement symptomatiques d'une époque où l'économie fait office d'étalon sociétal, Micheal Sandel consolide son développement en présentant des situations motivées par des considérations exclusivement morales.
Comme le rappelle Michael Sandal, la morale demeure une source importante de motivation, plus forte que l'appât financier dans certaines situations. Pour le prouver, l'auteur cite notamment cette étude menée auprès de différents groupes d'adolescents à qui l'on confie la tâche de récolter des dons pour une œuvre de charité. Contre toute attente, les adolescents motivés par les gains financiers les plus importants ne parviennent à surpasser que ceux à qui l'on a fait des promesses de gains moins élevées. Les adolescents ayant œuvré gratuitement arrivent en effet en tête du classement des dons récoltés.
Avec cet exemple, Micheal Sandel illustre en quoi la motivation morale est unique et distincte de la motivation marchande. Celle-ci s'avère d'une puissance incompressible face aux effets corrosifs du marché. Elle s'avère toutefois fragile dans la pratique, car aisément remplacée par la monétisation de certaines activités et l'introduction du gain comme récompense de certaine activités. On touche ainsi au cœur de l'ouvrage de Michael Sandel, dont la volonté semble bien être de nous faire prendre conscience de cette fragilité et de la nécessité de ne pas restreindre le prisme de nos analyses des intérêts à celui du marché.
(1) SANDEL, M., What money can't buy – The moral limits of market, Farrar, Straus & Giroux, New York, Avril 2012, 244pp..