En Arabie Saoudite, royaume ultra conservateur, la séparation des sexes règle la vie quotidienne des femmes. Soumises à une tutelle, elles doivent demander l’autorisation de leur père, leur frère ou leur mari pour avoir accès à de nombreux droits tels que la signature d’un contrat, l’ouverture d’un compte bancaire ou l’obtention d’un passeport. Si les femmes ne peuvent manifester leur désapprobation dans la rue, elles sont actives sur les réseaux sociaux et s’échangent des vidéos où elles conduisent seules en violation des règles qui leur sont imposées. Un affront qui peut leur coûter un séjour en prison.
Pourtant, petit à petit le royaume leur accorde des droits. En 2009, pour la première fois, une femme a pu entrer au gouvernement : Noura al-Fayez nommée vice-ministre de l’éducation et des affaires pour les filles. En 2015, le droit de vote pour des élections leur est accordé pour la première fois. Cette même année, 900 femmes se présentent aux élections municipales et 14 sont élues sur les 2 106 sièges en jeu. Un score faible qui peut s’expliquer par le respect des lois auxquelles elles sont soumises. En effet, cette avancée en faveur de leurs droits met aussi leurs limites en lumière : il leur a fallu dépasser des contraintes administratives pour s’inscrire sur les listes, ne pouvant conduire elles étaient dépendantes pour leurs déplacements de campagnes et la non mixité rendait la tenue des meetings plus compliquée ...
Autre évènement marquant, à partir de 2018 et jusqu’en 2022, l’Arabie Saoudite va siéger parmi les 54 états membres de la commission de la condition de la femme des Nations unies. Une décision qui a provoqué de vives réactions chez certains, notamment pour Hillel Neuer, le directeur exécutif de l’ONG suisse UN Watch pour qui « c’est comme désigner un pyromane chef des pompiers de la ville ».
Que cachent ces décisions en contradiction avec les lois en vigueur dans le pays ? Pour le comprendre il convient de se pencher sur l’actualité du royaume. En effet, cette autorisation s’inscrit dans un plan de réformes économiques et sociales nommé « vision 2030 ». Le but : s’éloigner du pouvoir religieux et devenir moins dépendant des richesses procurées par le pétrole. Ce plan avait été annoncé en avril 2016 lorsque le pays était en crise budgétaire notamment due à la baisse du prix du baril. Pour doper les revenus non-pétrolier, un objectif avait été donné : faire passer de 20 à 30 % la part des femmes qui travaillent. C’est en ce sens qu’en novembre dernier, le prince et milliardaire Al-Walid ben Talal avait lancé un appel pour que les femmes puissent obtenir le droit de conduire. Pour appuyer son propos, il avançait un argument économique : une femme qui a besoin de se déplacer doit faire appel à un chauffeur qui délaisse son poste de travail, cette interdiction a donc un coût non négligeable pour les profits du pays.
Pour le prince héritier Ben Salman, l’accomplissement du plan « vision 2030 » ne pourra se faire qu’en se détachant de l’idéologie wahhabite. Au cœur de ces réformes on trouve donc la promotion du divertissement (sport et cinéma par exemple). Quelques jours avant l’annonce de la levée de l’interdiction de conduire, les femmes avaient d’ailleurs été autorisées pour la première fois à se rendre dans un stade pour participer à la fête nationale grâce à un espace « famille » créé pour l’occasion. En juillet également, le ministère de l’Education avait autorisé les jeunes filles à faire du sport dans les écoles publiques.
Pourtant derrière ces avancées progressives pour la condition de la femme et qui permettent de redorer l’image du royaume subsiste une autre réalité, la montée en puissance de l’autoritarisme plus moderne de Mohamed Ben Salman. Qu’il s’agisse de la guerre yéménite dans laquelle est impliquée le pays depuis 2015 sans un mandat international, ou de la crise avec le Qatar, le royaume ne met pas tout le monde d’accord. La crise entre Doha, Riyad et Abu Dhabi ne trouve pas d’issue malgré les tentatives du Secrétariat d’état aux affaires étrangères des Etats Unis pour calmer les tensions.
Par ailleurs, de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent une campagne de répression contre les opposants en Arabie Saoudite. En effet, si les arrestations sont communes dans le royaume, au début du mois de septembre de nombreux intellectuels et militants ont été arrêtés. Tous ont pour point commun de ne pas avoir pris parti dans le conflit avec le Qatar. Un fait sur lequel les autorités saoudiennes n’ont évidemment pas communiqué, en revanche le procureur général avait averti que toute atteinte à « l’unité nationale » ou à « l’image de l’Etat » s’apparentait à un crime terroriste
Ainsi, il convient de s’interroger sur la finalité politique de cette autorisation de conduire pour les femmes. Certes, elles acquièrent peu à peu de nouveaux droits, mais sont toujours sous la tutelle d’un homme. Par ailleurs, cette nouvelle qui ravie la communauté internationale n’intervient elle pas pour court-circuiter les sujets délicats dans lesquels est empêtré le royaume ? Il suffit de se pencher sur l’écho médiatique qu’a eu cette annonce et de le mettre en perspective avec celui qu’ont eu les arrestations des militants….
Pourtant, petit à petit le royaume leur accorde des droits. En 2009, pour la première fois, une femme a pu entrer au gouvernement : Noura al-Fayez nommée vice-ministre de l’éducation et des affaires pour les filles. En 2015, le droit de vote pour des élections leur est accordé pour la première fois. Cette même année, 900 femmes se présentent aux élections municipales et 14 sont élues sur les 2 106 sièges en jeu. Un score faible qui peut s’expliquer par le respect des lois auxquelles elles sont soumises. En effet, cette avancée en faveur de leurs droits met aussi leurs limites en lumière : il leur a fallu dépasser des contraintes administratives pour s’inscrire sur les listes, ne pouvant conduire elles étaient dépendantes pour leurs déplacements de campagnes et la non mixité rendait la tenue des meetings plus compliquée ...
Autre évènement marquant, à partir de 2018 et jusqu’en 2022, l’Arabie Saoudite va siéger parmi les 54 états membres de la commission de la condition de la femme des Nations unies. Une décision qui a provoqué de vives réactions chez certains, notamment pour Hillel Neuer, le directeur exécutif de l’ONG suisse UN Watch pour qui « c’est comme désigner un pyromane chef des pompiers de la ville ».
Que cachent ces décisions en contradiction avec les lois en vigueur dans le pays ? Pour le comprendre il convient de se pencher sur l’actualité du royaume. En effet, cette autorisation s’inscrit dans un plan de réformes économiques et sociales nommé « vision 2030 ». Le but : s’éloigner du pouvoir religieux et devenir moins dépendant des richesses procurées par le pétrole. Ce plan avait été annoncé en avril 2016 lorsque le pays était en crise budgétaire notamment due à la baisse du prix du baril. Pour doper les revenus non-pétrolier, un objectif avait été donné : faire passer de 20 à 30 % la part des femmes qui travaillent. C’est en ce sens qu’en novembre dernier, le prince et milliardaire Al-Walid ben Talal avait lancé un appel pour que les femmes puissent obtenir le droit de conduire. Pour appuyer son propos, il avançait un argument économique : une femme qui a besoin de se déplacer doit faire appel à un chauffeur qui délaisse son poste de travail, cette interdiction a donc un coût non négligeable pour les profits du pays.
Pour le prince héritier Ben Salman, l’accomplissement du plan « vision 2030 » ne pourra se faire qu’en se détachant de l’idéologie wahhabite. Au cœur de ces réformes on trouve donc la promotion du divertissement (sport et cinéma par exemple). Quelques jours avant l’annonce de la levée de l’interdiction de conduire, les femmes avaient d’ailleurs été autorisées pour la première fois à se rendre dans un stade pour participer à la fête nationale grâce à un espace « famille » créé pour l’occasion. En juillet également, le ministère de l’Education avait autorisé les jeunes filles à faire du sport dans les écoles publiques.
Pourtant derrière ces avancées progressives pour la condition de la femme et qui permettent de redorer l’image du royaume subsiste une autre réalité, la montée en puissance de l’autoritarisme plus moderne de Mohamed Ben Salman. Qu’il s’agisse de la guerre yéménite dans laquelle est impliquée le pays depuis 2015 sans un mandat international, ou de la crise avec le Qatar, le royaume ne met pas tout le monde d’accord. La crise entre Doha, Riyad et Abu Dhabi ne trouve pas d’issue malgré les tentatives du Secrétariat d’état aux affaires étrangères des Etats Unis pour calmer les tensions.
Par ailleurs, de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent une campagne de répression contre les opposants en Arabie Saoudite. En effet, si les arrestations sont communes dans le royaume, au début du mois de septembre de nombreux intellectuels et militants ont été arrêtés. Tous ont pour point commun de ne pas avoir pris parti dans le conflit avec le Qatar. Un fait sur lequel les autorités saoudiennes n’ont évidemment pas communiqué, en revanche le procureur général avait averti que toute atteinte à « l’unité nationale » ou à « l’image de l’Etat » s’apparentait à un crime terroriste
Ainsi, il convient de s’interroger sur la finalité politique de cette autorisation de conduire pour les femmes. Certes, elles acquièrent peu à peu de nouveaux droits, mais sont toujours sous la tutelle d’un homme. Par ailleurs, cette nouvelle qui ravie la communauté internationale n’intervient elle pas pour court-circuiter les sujets délicats dans lesquels est empêtré le royaume ? Il suffit de se pencher sur l’écho médiatique qu’a eu cette annonce et de le mettre en perspective avec celui qu’ont eu les arrestations des militants….