ARTHUR BALLANTINE : D’où vient la situation actuelle au Panama, telle que vous l’avez observée ?
ETIENNE KOANTIG : Le climat actuel est l’apogée d’une défiance généralisée de la population vis-à-vis du personnel politique. Celui-ci est jugé incapable d’endiguer l’augmentation progressive mais fulgurante du coût de la vie. Depuis le début de l’année 2022, les prix des combustibles, qui se répercutent sur ceux de l’électricité et l’essence, ont augmenté de 40%. A l’heure actuelle, le prix du litre d’essence est de 1,30 USD pour un salaire médian de moins de 500 euros et un taux de chômage de 10%. A cela s’ajoute une augmentation des produits alimentaires, lesquels atteignent un niveau jugé insupportable par les consommateurs. Par exemple, le kilogramme de pâtes atteint aujourd’hui l’équivalent d’un euro, un prix exorbitant lorsqu’il est ramené au salaire médian. Le Panama reste, malgré une économie reposant sur le dollar et des revenus importants tirés de l’exploitation du canal (plus de 2 milliards de dollars par an, NDLR), l’un des pays du monde présentant un taux d’inégalités économiques parmi les plus importants du monde.
A.B. : Le gouvernement n’a-t-il pas tenté d’apporter une réponse à ces augmentations ?
E.K. : Le fait est qu’une première réponse a été apportée mais que celle-ci a été jugée bien trop tardive. Après une semaine de blocage début juillet, les autorités ont annoncé un gel des prix sur l’essence et les produits alimentaires. Cette action a été considérée comme plus qu’insuffisante par les manifestants qui désiraient une réelle réduction des prix, éloignée du plafond atteint à la mi-juillet. L’accord annoncé le 17 juillet 2022 intervient donc bien tardivement.
LIRE LA SUITE