Faut-il voir dans la victoire de Lai Ching-Te lors de la présidentielle à Taïwan un revers pour la Chine ?
Mathieu DUCHÂTEL. - Oui, c'est un nouveau revers pour la Chine. Dans l'ensemble, ses tentatives de persuader l'électorat taïwanais que cette élection était un choix entre la guerre et la paix ont échoué. Elle espérait une victoire du Kuomintang, mais celui-ci perd de nouveau – qui plus est avec 850.000 voix de moins par rapport à sa défaite de 2020.
Au contraire, pour la première fois depuis 1996, date de la première élection présidentielle au suffrage directe à Taïwan, un Parti au pouvoir exécutif s'y maintient pour un troisième mandat. Mais c'est un revers atténué par le fait que le Parti démocrate progressiste, son parti, ne disposera plus d'une majorité parlementaire au Yuan Législatif. Celle-ci est à 57 sièges, et il n'en remporte que 51. En outre, Lai Ching-te perd 2,5 millions de voix aux présidentielles par rapport à 2020. Ses 40% d'électeurs constituent la base électorale structurelle – les fidèles du PDP, mais il perd le centre. Ce résultat explique la posture très modeste du nouveau président taïwanais dans son discours de victoire.
La Chine peut espérer que le Yuan Législatif, le Parlement taïwanais, neutralisera l'agenda du Président Lai. Quatre années de confrontation entre les branches exécutives et législatives du pouvoir ne fatigueraient-elles pas la population taïwanaise ? N'entameraient-elles pas la réputation de bonne gouvernance forgée sous la présidence de Tsai Ing-wen? Un tel résultat n'est pas du tout certain. L'histoire a montré que l'exécutif pouvait gouverner sans majorité parlementaire. Mais c'est le pari que la Chine peut faire, afin de chercher à délégitimer le parti au pouvoir et au-delà, le système démocratique de Taïwan.
LIRE LA SUITE