Le livre, épais et documenté, est une charge méthodique de l’auteur contre l’organisation financière du capitalisme mondial « mégalophile ».
Il explique sur une base historique peu contestable que l’adoption dans les années quatre-vingt du modèle de la banque à tout faire, la « banque universelle», modèle déjà souvent critiqué, fut une erreur coupable des gouvernants, erreur inspirée par des banquiers pas toujours désintéressés.
Il met en évidence les mensonges publics qui ont tendu à innocenter les banques de leur responsabilité première lors de la crise de 2008, et jette un pavé dans la mare: le vrai coût du sauvetage des banques françaises privées. Non pas la thèse officielle française d’un « gain » de deux milliards d’euros pour les citoyens , mais un véritable détournement de quatre-vingt dix milliards dont l’essentiel fut et demeure caché par les opérations « non conventionnelles » dites d’ « ajustement quantitatif » des banques centrales, qui ne font à ce jour l’objet d’aucun contrôle. Un reproche bien d’actualité puisque ces méthodes sont de nouveau proposées par les gouvernements et la Banque Centrale Européenne en sortie de la pandémie.
Les privilèges des banques privées sont remarquablement expliqués et dénoncés par ce livre, en particulier l’avantage peu compris de la garantie de l’Etat pour ces groupes bancaires, en sus de celui, ici bien calculé et juteux, de la dispense de TVA pour le secteur financier...
« La conjuration bancaire » explique surtout que la « banque universelle » est un moteur de concentration injuste de pouvoir et de richesses qui fut conforté par la crise financière et n’est toujours pas remis en cause par la plupart des politiques sous influence. Pierre-Henri Leroy, en connaisseur des marchés d’actions, dénonce la domination des grands collecteurs de fonds et leurs lobbies sur les règles applicables à tous les citoyens.
L’auteur présente et recommande une réforme radicale de ce modèle : le retour à une forme sérieuse de séparation des activités bancaires et financières, telle qu’elle s’imposait avant le « Big Bang » des années quatre vingt.
La thèse est stimulante et documentée : il restera à observer si la crise sociale d’après pandémie donnera aux hommes politiques l’idée et la volonté de réformer la machine économique pour plus d’efficacité et de justice.