Qu'est-ce que le management humain auquel vous avez choisi de consacrer un livre?
Le management « humain » pour ne pas dire « humaniste », c’est une forme de management qui donne la priorité aux relations humaines, à la bienveillance et au respect des collaborateurs, avant de faire passer toute idée de contenu, organisation, process. Il part du principe que la relation de confiance est plus importante que le contenu. Pire – si j’ose dire, aussi beau et performant soit le contenu (une nouvelle stratégie, un nouveau produit, un nouveau projet interne, un rapprochement entre deux entreprises ou services, un nouvel outil interne, un déploiement stratégique etc.), il sera clairement dévalué, si la relation de confiance et de proximité n’est pas créée avec les porteurs du projet et les managers.
Pourquoi avoir choisi d'explorer cette voie? Votre expérience de chef d'entreprise a-t-elle été déterminante dans votre démarche?
J’ai été moi-même salarié – il y a bien 35 ans, lorsque je démarrais ma carrière de publicitaire. Malgré le bon fond de mes boss, je souffrais d’une forme assez « rugueuse », autoritaire, ne laissant pas beaucoup de choix dans les interprétations directives. Je suis moi-même devenu patron d’agence, et j’y ai fait mes armes. Après avoir repris mes études (master PNL, systémiques, école de Palo Alto), j’y ai découvert cette forme d’appréhension de la relation. Je suis devenu un spécialiste – si je puis dire, de la relation de confiance, dans les domaines du sport de haut niveau, en équipe, mais aussi dans tous les contextes nécessitant cette forte proximité relationnelle – pour réussir les objectifs, partager les plus difficiles et stratégiques contenus.
Quelles sont les forces de ce type de management aussi bien pour le manager et l'entreprise que pour le salarié?
Les salariés, se sentant réellement pris en compte, dans une ambiance bienveillante, respectueuse, face à des gens humbles, donnent le meilleur d’eux-mêmes. La hiérarchie, accessible échange, et sait prendre en compte les considérations individuelles, dans la mise en œuvre de projets collectifs. Singulariser pour mieux unir. Les associés, managers, savent prendre du temps ici et maintenant pour en gagner beaucoup après. Et en général, ils ne gagnent pas que du temps... Tout le monde l’emporte en termes d’énergie, plus de burn out, plus de « maladies intempestives »...
Quels outils proposez-vous en pratique?
Des formations concrètes et très opérationnelles au management humain, des formations individualisées, des opérations internes de partages stratégiques, basée à la fois sur le travail amont d’une simplification de la vision marketing, corporate, puis en aval, dans l’incarnation par les managers et collaborateurs – de manière « congruente » (alignée) des points stratégiques dans les actes de tous les jours. Une forme de formation / séminaires, où – parce qu’on a pris le temps de parler, de sortir des non-dits et de recréer cette relation indispensable de confiance, les gens peuvent « balancer des pavés dans la mare », mais sans jamais éclabousser personne !!! Les équipes redeviennent ou deviennent performantes, relationnellement, humainement, pour l’être enfin opérationnellement. Il ne faut pas se tromper d’ordre. D’abord la relation : ensuite le contenu ! C’est le « secret ». Infaillible.
En creux, vous dressez un portrait différent de ce qu'est la réussite et le monde du travail...
Oui, la réussite est avant tout humaine, et les critères de mesure sont le bien-être au travail, le fait de se sentir pris réellement en compte, en profondeur. Seul moyen d’ailleurs de satisfaire – entre autres, les générations Y qui ne marchent qu’à la relation. La résultante – et plus du tout l’objectif, en est le gain ... financier. Pour tout le monde ! Les boss, les actionnaires et les collaborateurs.
Votre ouvrage, préfacé par Raymond Domenech, fait souvent référence au sport. Quelles inspirations, synergies peut-on trouver entre cet univers et le management ?
J’en ai parlé plus haut : la relation de confiance prime sur le plus beau des contenus. L’essentiel du management est invisible pour les yeux. Il passe par le cœur. Les meilleures équipes – dans le sport ou dans les organisations quelle qu’elles soient, sont celles qui – contrairement à ce qui se dit et que l’on croit, réunissent d’abord des femmes et des hommes à fortes valeurs humaines, à forte « chaleur ajoutée » (humilité, bienveillance, humour, respect, cadre, détermination etc.). Même si l’équipe ne renferme pas les meilleurs spécialistes de la discipline, l’égrégore, le lien, transcendera les individualités pour les faire exploser en collectif. Ça marche en foot, en rugby, en basket, et ... en entreprises !
Curieux? L'ouvrage de Franck Martin est disponible ici