Schématisant l'enjeu social de notre millénaire, Alain Caillé en arrive à la remise en cause de la mesure de la richesse par le seul PIB. Les décideurs du XXIe siècle, explique-t-il en effet, sont contraints « d'appuyer à la fois sur le frein et l'accélérateur » : il leur faudrait maximiser la création de richesse tout en la limitant pour ne pas franchir le point de non-retour écologique. Ce dilemme soulève les limites de la définition d'une richesse ne reposant que sur l'examen des choses matérielles produites et échangées contre de l'argent.
Le dépassement de cette vision matérialiste de la richesse, perçu comme une nécessité par l'auteur, amène un développement sur les indicateurs alternatifs de la richesse. À cet égard, le PIB s'est historiquement imposé comme indicateur de référence en raison de sa capacité supposée à refléter la satisfaction l'individu obtenu à l'occasion de l'achat de l'objet de son désir. Le caractère réducteur de cette approche consumériste du bonheur a par la suite suscité la création d'indicateurs complémentaires tels l'IDH ou l'épargne nette ajustée. Mais ces tentatives de dépassement d'une définition purement transactionnelle de la richesse tombent d'après Alain Caillée dans un autre écueil : celui de l'utilitarisme.
Sans rejeter l'intérêt des indicateurs alternatifs, Alain Caillée en souligne le caractère parcellaire et les limites qui s'imposent d'emblée à leur application. L'ensemble de ces indicateurs s'inscrit en effet dans une logique économique et marchande. Ainsi ne mesurent-ils tout au plus que la prospérité, l'opulence et l'utilité selon l'auteur qui reprend les thèses d'Amartya Sen. Mais si la richesse n'est pas l'opulence, quelle est alors sa spécificité ? Pour Alain Caillée celle-ci se trouve avant tout en dehors du marché : « Ne faudrait-il pas dire au contraire, qu'il n'est de véritable richesse que de la gratuité, de grâce ou du gracieux ? » s'interroge-t-il.
La seconde partie du livre s'étend plus en longueur sur le danger d'une approche quantitative. Alain Caillée y invite notamment François Vatin à défendre l'intérêt d'une approche quantitative de la richesse. Le directeur de l'IDHE de Nanterre, également membre du mouvement MAUSS, y fait un plaidoyer critique de la mesure de la richesse : tout en en reconnaissant les torts, il expose en quoi elle s'inscrit aussi, grâce aux comparaisons qu'elle rend possible, dans une démarche de perfectionnement et de changement social. Dans un ultime chapitre, Alain Caillée pose toutefois les limites de ce dynamique perfectionnement en rappelant les risques et les excès d'un quantitativiste incontrôlés. L'auteur met ainsi en garde contre le risque de « quantophrénie » qui guette à chaque instant la société ancrée dans la culture de la mesure. Ce risque, explique Alain Caillée, est notamment perceptible dans certaines organisations dont les rapports humains, et de travail notamment, sont caractérisés par un mécanisme stérilisant.
L'idée même de richesse s'empare d'un sujet mouvant : celui de la remise en question de la mesure de la richesse marchande comme indicateur de progrès du développement humain. Cet ouvrage, résultant d'un assemblage d'articles, pâtit parfois d'une articulation contre-intuitive entre les parties de son développement. Ainsi, les thèses d'Alain Caillée sur le concept de gratuité ne sont pas approfondies outre mesure dans l'ouvrage alors qu'elles en constituent un des traits originaux majeurs. Mais plus qu'un essai sociologique, L'idée même de richesse revendique sa prétention normative et se rapproche ainsi du manifeste. C'est la raison pour laquelle Alain Caillée conclut son ouvrage sur un thème ardemment défendu : le « convivialisme », soit une forme de recherche d'un « monde postnéolibéral » qui reposerait sur la multiplicité et la diversité des initiatives individuelles orientée vers la richesse, elle-même comprise comme la gratuité et le libre partage. Plus que la notion de richesse, c'est cette thèse qui constitue donc le véritable fil directeur de l'ouvrage.
Le dépassement de cette vision matérialiste de la richesse, perçu comme une nécessité par l'auteur, amène un développement sur les indicateurs alternatifs de la richesse. À cet égard, le PIB s'est historiquement imposé comme indicateur de référence en raison de sa capacité supposée à refléter la satisfaction l'individu obtenu à l'occasion de l'achat de l'objet de son désir. Le caractère réducteur de cette approche consumériste du bonheur a par la suite suscité la création d'indicateurs complémentaires tels l'IDH ou l'épargne nette ajustée. Mais ces tentatives de dépassement d'une définition purement transactionnelle de la richesse tombent d'après Alain Caillée dans un autre écueil : celui de l'utilitarisme.
Sans rejeter l'intérêt des indicateurs alternatifs, Alain Caillée en souligne le caractère parcellaire et les limites qui s'imposent d'emblée à leur application. L'ensemble de ces indicateurs s'inscrit en effet dans une logique économique et marchande. Ainsi ne mesurent-ils tout au plus que la prospérité, l'opulence et l'utilité selon l'auteur qui reprend les thèses d'Amartya Sen. Mais si la richesse n'est pas l'opulence, quelle est alors sa spécificité ? Pour Alain Caillée celle-ci se trouve avant tout en dehors du marché : « Ne faudrait-il pas dire au contraire, qu'il n'est de véritable richesse que de la gratuité, de grâce ou du gracieux ? » s'interroge-t-il.
La seconde partie du livre s'étend plus en longueur sur le danger d'une approche quantitative. Alain Caillée y invite notamment François Vatin à défendre l'intérêt d'une approche quantitative de la richesse. Le directeur de l'IDHE de Nanterre, également membre du mouvement MAUSS, y fait un plaidoyer critique de la mesure de la richesse : tout en en reconnaissant les torts, il expose en quoi elle s'inscrit aussi, grâce aux comparaisons qu'elle rend possible, dans une démarche de perfectionnement et de changement social. Dans un ultime chapitre, Alain Caillée pose toutefois les limites de ce dynamique perfectionnement en rappelant les risques et les excès d'un quantitativiste incontrôlés. L'auteur met ainsi en garde contre le risque de « quantophrénie » qui guette à chaque instant la société ancrée dans la culture de la mesure. Ce risque, explique Alain Caillée, est notamment perceptible dans certaines organisations dont les rapports humains, et de travail notamment, sont caractérisés par un mécanisme stérilisant.
L'idée même de richesse s'empare d'un sujet mouvant : celui de la remise en question de la mesure de la richesse marchande comme indicateur de progrès du développement humain. Cet ouvrage, résultant d'un assemblage d'articles, pâtit parfois d'une articulation contre-intuitive entre les parties de son développement. Ainsi, les thèses d'Alain Caillée sur le concept de gratuité ne sont pas approfondies outre mesure dans l'ouvrage alors qu'elles en constituent un des traits originaux majeurs. Mais plus qu'un essai sociologique, L'idée même de richesse revendique sa prétention normative et se rapproche ainsi du manifeste. C'est la raison pour laquelle Alain Caillée conclut son ouvrage sur un thème ardemment défendu : le « convivialisme », soit une forme de recherche d'un « monde postnéolibéral » qui reposerait sur la multiplicité et la diversité des initiatives individuelles orientée vers la richesse, elle-même comprise comme la gratuité et le libre partage. Plus que la notion de richesse, c'est cette thèse qui constitue donc le véritable fil directeur de l'ouvrage.
(1) CAILLE, A., L'idée même de richesse, La Découverte, col. Cahiers libres, 2012, 140 p.