Ancien élève de l’ENS-Ulm, Serge Audier est aujourd’hui Maître de Conférences à l’Université Paris IV. Spécialiste de la philosophie morale et politique, il est notamment l’auteur de Le Colloque Walter Lippmann. Aux origines du néo-libéralisme qui constitue en quelque sorte le point de départ de la réflexion de l’auteur sur la nature de ce courant de pensée. Car pour Serge Audier, le néo-libéralisme n’est en effet pas une idéologie simple et encore moins homogène.
Au cours de son historiographie, l’auteur s’attarde par exemple sur le colloque d’Ostende tenu en septembre 1957. Exploitant les témoignages et commentaires écrits d’économiste présent à l’évènement tel que Louis Rougier et Pierre Dieterlen, Serge Audier retrace la grande variété d’opinions s’opposant alors dans l’enceinte de ce colloque.
Alors que se fait sentir la percée d’un libéralisme familier, radicalement attaché au libre marché, les témoignages d’époque collectés par Serge Audier n’hésitent pas à faire référence à « Proudhon, Stirner et peut être le jeune Marx » comment à « d’authentiques libéraux ». C’est en ces termes que Pierre Dieterlen qualifie ces figures en lesquelles il voit alors « des hommes qui, indignés par les exactions de l’ordre établi, prirent le parti d’en prêcher l’antithèse ». L’étude du Colloque d’Ostende est l’occasion de mettre en lumière la réception des arguments en faveur de la culture et des loisirs ainsi que du bien-être dans la société par les représentants plus conservateurs de l’école néo-libérale naissante. Serge Audier montre par exemple comment un libéral tel que Rougier, comptant pourtant parmi les conservateurs, a pu se désolidariser de Hayek sur certaines thématiques et privélégier une approche plus progressiste.
Serge Audier étudie avec un souci du détail des épisodes spécifiques de l’histoire du néo-libéralisme. Il se penche par exemple sur la fondation de l’Internationale libérale en 1947 à Oxford et la rédaction de l’Oxford Manifesto. D’inspiration progressiste, cette organisation illustre une fois encore la diversité des points de vue néo-libéraux, mais aussi leur contradiction avec les idées portées par les têtes de pont ayant perduré le plus longtemps.
Serge Audier insiste particulièrement sur l’aspect pluriel de l’école néolibérale lorsqu’il examine les relations entre les partisans des conceptions de Hayek et ceux de l’ordo-libéralisme allemand au milieu des années 1970. Pour l’auteur, c’est là qu’intervient un véritable schisme au sein du néo-libéralisme et que ce courant de pensée prend l’acception qu’on lui connaît aujourd’hui ; il devient alors en effet un courant résolument conservateur et marqué avant par l’antiétatisme
Tout au long de son ouvrage, Serge Audier illustre avec force la pluralité des revendications néolibérales. Il produit ainsi une étude percutante tout en se tenant à l’écart des grilles d’analyse classique dont il démontre l’incapacité à saisir l’histoire de ce courant de pensée hétéroclite. Loin de n’être qu’une boucle logique auto-entretenue, le néo-libéralisme a en effet été historiquement façonné par la recherche de « l’universalisation de la liberté », ce qui suppose évidemment un attachement inscrit dans ses gènes à des concepts tels que celui de solidarité.
AUDIER, S., Néo-Libéralisme, 2012, Grasset, Col. Essais Français, 636pp.
Au cours de son historiographie, l’auteur s’attarde par exemple sur le colloque d’Ostende tenu en septembre 1957. Exploitant les témoignages et commentaires écrits d’économiste présent à l’évènement tel que Louis Rougier et Pierre Dieterlen, Serge Audier retrace la grande variété d’opinions s’opposant alors dans l’enceinte de ce colloque.
Alors que se fait sentir la percée d’un libéralisme familier, radicalement attaché au libre marché, les témoignages d’époque collectés par Serge Audier n’hésitent pas à faire référence à « Proudhon, Stirner et peut être le jeune Marx » comment à « d’authentiques libéraux ». C’est en ces termes que Pierre Dieterlen qualifie ces figures en lesquelles il voit alors « des hommes qui, indignés par les exactions de l’ordre établi, prirent le parti d’en prêcher l’antithèse ». L’étude du Colloque d’Ostende est l’occasion de mettre en lumière la réception des arguments en faveur de la culture et des loisirs ainsi que du bien-être dans la société par les représentants plus conservateurs de l’école néo-libérale naissante. Serge Audier montre par exemple comment un libéral tel que Rougier, comptant pourtant parmi les conservateurs, a pu se désolidariser de Hayek sur certaines thématiques et privélégier une approche plus progressiste.
Serge Audier étudie avec un souci du détail des épisodes spécifiques de l’histoire du néo-libéralisme. Il se penche par exemple sur la fondation de l’Internationale libérale en 1947 à Oxford et la rédaction de l’Oxford Manifesto. D’inspiration progressiste, cette organisation illustre une fois encore la diversité des points de vue néo-libéraux, mais aussi leur contradiction avec les idées portées par les têtes de pont ayant perduré le plus longtemps.
Serge Audier insiste particulièrement sur l’aspect pluriel de l’école néolibérale lorsqu’il examine les relations entre les partisans des conceptions de Hayek et ceux de l’ordo-libéralisme allemand au milieu des années 1970. Pour l’auteur, c’est là qu’intervient un véritable schisme au sein du néo-libéralisme et que ce courant de pensée prend l’acception qu’on lui connaît aujourd’hui ; il devient alors en effet un courant résolument conservateur et marqué avant par l’antiétatisme
Tout au long de son ouvrage, Serge Audier illustre avec force la pluralité des revendications néolibérales. Il produit ainsi une étude percutante tout en se tenant à l’écart des grilles d’analyse classique dont il démontre l’incapacité à saisir l’histoire de ce courant de pensée hétéroclite. Loin de n’être qu’une boucle logique auto-entretenue, le néo-libéralisme a en effet été historiquement façonné par la recherche de « l’universalisation de la liberté », ce qui suppose évidemment un attachement inscrit dans ses gènes à des concepts tels que celui de solidarité.
AUDIER, S., Néo-Libéralisme, 2012, Grasset, Col. Essais Français, 636pp.