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La concurrence : regards croisés


La Rédaction
Mercredi 25 Avril 2012



L'autorité de la concurrence a commandé une étude dont les grandes lignes ont été dévoilées par Libération très récemment. Si l’intégralité de l’étude qui n'a pas encore été publiée à ce jour, l’on sait qu’elle relate le clivage entre "citoyen-consommateur" et "citoyen-salarié". Explications.



La concurrence : regards croisés
Divergence de perspectives

L'étude commandée par l'autorité de la concurrence fait état d'un regard croisé sur la concurrence. D'un côté, les citoyens en tant que consommateurs sont très majoritairement (82 %), favorables à la concurrence, dans le sens où elle apporte plus de choix et permet de faire de meilleures affaires. En revanche, les mêmes interlocuteurs, se positionnant en tant que citoyens salariés, ne sont plus que 36 % à considérer la concurrence comme un bienfait, car elle provoque des effets néfastes sur l'emploi. De ce regard croisé des points de vue, l'étude renvoie au clivage des perspectives. Un clivage propre à l'écosystème d'économie de marché en démocratie, celui qui distingue le citoyen du consommateur. Pourtant, ces deux antagonistes représentent une même entité, ce qui ramène sur les devants de la scène, le caractère éthique des affaires, et notamment la théorie des parties prenantes.

Consommateur ou citoyen ?

Robert Reich décrivait déjà en 2007, dans une édition de Supercapitalism, le conflit entre démocratie et supercapitalisme. Et pour ne pas confondre valeurs démocratiques et valeurs consuméristes, Robert Reich parle de conflit entre deux visions de l'humanité. Selon lui, on distingue une catégorie de personnes individualistes tournées vers l'acquisition matérielle, et de l'autre, une catégorie de personnes davantage tournées vers les autres et le bien-être commun. Ces deux catégories formaient jusqu'alors un équilibre entre la notion de citoyen et celle de consommateur. Or, depuis plusieurs décennies, une modification de cet équilibre se dessine, pour en arriver aujourd’hui à un clivage plus flagrant entre les parties prenantes. La culture de consommation actuelle sert principalement les individualistes. L'approche relationnelle entre firmes et consommateurs alimente en effet un cycle d'individualisation qui continue inexorablement de creuser le fossé entre citoyens et consommateurs. La notion de citoyen consommateur s'en retrouve instable, et c’est dans une vision de l'humanité profonde que se trouvent les clés d’une inversion de tendance.

Considération des parties prenantes

Parler de partie prenante revient à considérer une prise de position, conséquence d'une vision antique de l'humanité. Or, cette vision a un caractère profond et inconscient, que le consumérisme a reformaté en son sens. La question des parties prenantes, bien que restant purement théorique, induit que les entreprises comme les fournisseurs, les consommateurs ou encore les employés sont tous concernés. Partie prenante renvoie donc à la notion de conséquences des actes des uns sur les autres. Ainsi, le consommateur prend parti par son acte d'achat. Mais ce qui alimente le clivage entre citoyen et consommateur, c'est l’absence de relation collaborative entre firmes et consommateurs. Le consommateur attend uniquement une réponse à un besoin égoïste tandis que la firme y répond dans ses seuls intérêts. Mais là où la polémique s’élève, c'est que le consommateur étant partie prenante, mais ne se considérant pas comme tel, alimente des vertus non citoyennes, tel que faire travailler des personnes pour des salaires miséreux, au seul nom d'une concurrence qui lui est profitable.










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