Comment « réorienter les milliards de milliards qui font l’économie mondiale ? » était le slogan du Climate Finance Day en mai 2015 à Paris.
La démesure est constitutive de la « Crise » actuelle. Systémique, elle est au cœur de cette crise, en ce sens qu’elle la révèle :
La démesure est constitutive de la « Crise » actuelle. Systémique, elle est au cœur de cette crise, en ce sens qu’elle la révèle :
- Démesure écologique : la Nature est considérée comme une ressource à prélever au lieu d’être d’une source qui permet la régénération
- Démesure du pouvoir : au lieu d’exceller dans un « pouvoir de » -- fondé sur le couple création / coopération --, l’exercice du pouvoir est devenu un « pouvoir sur » -- fondé sur le couple peur/domination, à l’origine des grands totalitarismes du 20e siècle
- Démesure sociétale : l’économie mondiale de la maltraitance, de la domination, de la peur et du mal de vivre, c’est-à-dire l’économie de compensation du mal être, représente un budget 20 fois supérieur à l’Aide publique au développement, qui finance les questions les plus vitales de l’humanité (soins de base, eau potable et assainissement, logement). Les écarts entre riches et pauvre s’accroissent. Les 225 familles les plus riches ont un capital supérieur au revenu annuel de la moitié des habitants les plus pauvres de la planète, soit 2,5 milliards de personnes.
- Démesure financière : 97% de l’économie est « émotionnelle », l’unité de mesure de la Bourse est la nanoseconde, 50 millions de $ sont échangés chaque seconde, bien loin de l’arbitrage rationnel supposé ou des mécanismes de régulation contrôlés attendus. Les spéculateurs achètent aujourd’hui du riz en prévision d’une sécheresse forte en 2016, jouant sur l’insécurité alimentaire prévisible.
La responsabilité sociétale est devenue une problématique cruciale du métier d’assureur et d’investisseur, à commencer par le risque climatique. Très mal réglementé et peu transparent, le marché financier est pourtant, encore aujourd'hui, majoritairement aveugle au risque sociétal et écologique, malgré plusieurs évolutions notables dans la Société, dont (1) :
- l’appel par la nouvelle génération d'un modèle où le profit ait une finalité au regard de la Société
- la mondialisation des enjeux sociétaux
- la politique monétaire de taux directeurs nuls poussant les investisseurs à se dire : « si l’argent ne rapporte plus rien, investissons-le dans des causes utiles ! »
- le principe pollueur-payeur qui va exiger des entreprises de payer les impacts négatifs qu’elles génèrent sur la Société : contraventions au droit, ententes sur les prix, émission de carbone, conditions sociales de production,…
- l’appel par la nouvelle génération d'un modèle où le profit ait une finalité au regard de la Société
- la mondialisation des enjeux sociétaux
- la politique monétaire de taux directeurs nuls poussant les investisseurs à se dire : « si l’argent ne rapporte plus rien, investissons-le dans des causes utiles ! »
- le principe pollueur-payeur qui va exiger des entreprises de payer les impacts négatifs qu’elles génèrent sur la Société : contraventions au droit, ententes sur les prix, émission de carbone, conditions sociales de production,…
Cependant, des premières initiatives apparaissent récemment en ce sens :
Des Principes pour un investissement responsable (PRI) ont vu le jour, comportant 220 indicateurs.
Des investisseurs commencent à se poser la question de l’ « impact investing », même si leur réponse confond encore effets et impacts, et demeure prescriptive et non contextuelle.
Ces engagements étaient inenvisageables il y a encore un an. Ils démontrent que :
Il est aujourd'hui plus nécessaire que jamais d'intégrer la responsabilité sociétale au rendement et au risque :
La prochaine frontière de la gestion d’actifs sera ainsi celle de la plus-value intégrale, concrète et évaluée.
Les agents économiques les plus profitables et pérennes seront ceux qui s'adapteront et feront de ces évolutions et de ces risques des opportunités de croissance et d'investissement.
Des Principes pour un investissement responsable (PRI) ont vu le jour, comportant 220 indicateurs.
Les banques de développement commencent à intégrer des critères pour évaluer la responsabilité sociale et environnementale des projets financés.
Une vingtaine de bourses, majoritairement asiatiques, développent des programmes d’incitations de leurs entreprises membres à engager une politique de responsabilité sociétale.
Des investisseurs commencent à se poser la question de l’ « impact investing », même si leur réponse confond encore effets et impacts, et demeure prescriptive et non contextuelle.
Après les « greens bonds », ou obligations vertes, des « social impact bonds » font leur apparition, avec un remboursement par l’Etat si l’investisseur réalise ses objectifs sociaux cibles.
Des plateformes ont été créées pour aider les investisseurs (investors on climate action) et les assureurs (Principles for sustainable insurance) à s’engager au service de la Société.
De nombreuses initiatives ont été lancées depuis quelques mois dans la perspective du sommet climatique de Paris de décembre 2015 (COP 21) :
- Le 22 mai 2015, un millier d'investisseurs du monde entier se sont réunis dans le cadre du Climate Finance Day à Paris pour entraîner l'ensemble du secteur financier à prendre en compte le risque climatique.
- Des premiers acteurs commencent à se désengager du charbon, en prévision certes d’une perspective de baisse importante du rendement annuel moyen des actifs du secteur sur les 35 prochaines années : Fonds de pension Norvège, l’Allemagne annoncé début juillet 2015 son intention de commencer à fermer des centrales à charbon, des entreprises (Axa, Crédit Agricole),…
- En France, la récente loi de programmation pour la transition énergétique, adoptée le 26 mai 2015, rend obligatoire pour les investisseurs institutionnels, dès l’exercice 2016, d’intégrer dans leur rapport annuel notamment leur contribution au financement de la transition énergétique.
Ces engagements étaient inenvisageables il y a encore un an. Ils démontrent que :
- économie et écologie sont liées
- il faut transformer le système financier en « changeant de logiciel » : les marchés financiers doivent en effet retrouver leur rôle originel : servir la Société
Il est aujourd'hui plus nécessaire que jamais d'intégrer la responsabilité sociétale au rendement et au risque :
La prochaine frontière de la gestion d’actifs sera ainsi celle de la plus-value intégrale, concrète et évaluée.
Les projets d’investissement devront intégrer des critères ESG (Environnement Social Gouvernance) dans les décisions d'investissement et être capables d’évaluer leur acceptabilité sociétale auprès de l’opinion.
Des mécanismes sur les flux devront être mis en place : système mondial de transfert (à l’image de notre Sécurité sociale), taxation sur les transactions financières des entreprises, mécanismes d’effets de levier pour discriminer les emprunts enrichissant les biens publics mondiaux, mécanismes volontaires encouragés,…
La coopération entre pouvoirs publics, régulateurs, territoires, porteurs de projet, innovation et investisseurs devra être encouragée pour favoriser un cadre favorable à la soutenabilité du développement.
Les agents économiques les plus profitables et pérennes seront ceux qui s'adapteront et feront de ces évolutions et de ces risques des opportunités de croissance et d'investissement.
"Cette tribune fait écho à l’animation par Olivier Dubigeon de la table ronde « Acteurs financiers, acteur de la soutenabilité du développement ? », organisée par les Ateliers de la Terre dans le cadre la Global Conference 10e édition : « Tous acteurs de la rupture » qui s'est déroulée du 6 au 8 juillet 2015.
Olivier Dubigeon a acquis l’expérience du développement responsable depuis 1975 sur le terrain des organisations et des territoires. Dirigeant d’entreprise, il a vécu dans plusieurs communautés de tradition de sagesse (africaine, aborigène, amérindienne, taoïste), ce qui lui permet d’apporter un autre regard à l’entreprise. Homme d’expérience et de terrain, fondateur de Sustainway, cabinet spécialisé en développement responsable, il témoigne par son expérience qu’une relation de confiance crédible entre l’Entreprise et la Société est génératrice de développement et de valeur(s). Il accompagne de nombreuses entreprises, de la TPE aux grands groupes internationaux. Il a participé activement à créer le premier référentiel international sur la responsabilité sociétale (ISO 26000)."
Olivier Dubigeon a acquis l’expérience du développement responsable depuis 1975 sur le terrain des organisations et des territoires. Dirigeant d’entreprise, il a vécu dans plusieurs communautés de tradition de sagesse (africaine, aborigène, amérindienne, taoïste), ce qui lui permet d’apporter un autre regard à l’entreprise. Homme d’expérience et de terrain, fondateur de Sustainway, cabinet spécialisé en développement responsable, il témoigne par son expérience qu’une relation de confiance crédible entre l’Entreprise et la Société est génératrice de développement et de valeur(s). Il accompagne de nombreuses entreprises, de la TPE aux grands groupes internationaux. Il a participé activement à créer le premier référentiel international sur la responsabilité sociétale (ISO 26000)."