Le titre de l'ouvrage de Barry Eichengreen est un écho au statut dominant du dollar que plus d'un dirigeant politique a dénoncé au cours de l'Histoire. Comme le rappelle l'auteur, le dollar concerne 85 % des opérations de change, 60 % des réserves de devises ou encore 50 des obligations internationales. La conséquence de ce dollar prisé est bien connue : elle permet aux Américains d'ignorer le risque et de change, et de bénéficier d'une monnaie dont la valeur est structurellement élevée.
Barry Eichengreen explique l'engouement durable pour le dollar en avançant un argument simple : l'attrait du marché pour les États-Unis est supérieur, car ce pays est grand, stable, et recèle donc un immense potentiel de croissance. En vertu de ce profil attrayant, les États-Unis bénéficient ainsi d'une importante capacité d'importation, d'emprunt et d'investissement, car elle est soutenue par la demande internationale pour leur monnaie. En raison de cet avantage, la dette des États-Unis excède de 30 % le montant du PIB américain sans que cela ait de répercussions particulièrement néfastes sur leur économie.
L'avènement du dollar ne s'est pas fait d'un coup, et Barry Eichengreen prend le temps de revenir sur les conditions de créations de cette monnaie puis de son émergence comme monnaie internationale face à la livre sterling au milieu du XXe siècle. Mais le véritable intérêt de ce livre réside dans l'analyse que fait son auteur de la situation actuelle du dollar par rapport à différentes problématiques économiques. La question de l'euro est ainsi notamment abordée avec pertinence. Eichengreen explique que cette monnaie tient moins du besoin économique que du projet politique. Développant cette thèse avec une grande clarté, il finit par démontrer que c'est notamment pour cela que l'euro peine à se hisser au rang du dollar comme valeur de réserve sur les marchés : sa nécessité économique est moindre que celle du dollar.
C'est d'ailleurs ce qu'a illustré la crise des subprimes, épisode duquel le dollar est paradoxalement sorti renforcé. En effet, malgré les difficultés majeures qu'a entrainé cet évènement qui prenait d'ailleurs sont origine aux États-Unis, les acteurs internationaux ont tout de même fait le choix d'investir dans le dollar pour se prémunir des complications. Comme le rappelle Barry Eichengreen, nous vivons dans un système monétaire où le poids du dollar est tel que maintenir la valeur de sa monnaie nationale par rapport à celle de la monnaie américaine suffit à préserver les conditions d'échanges avec toutes les autres monnaies du monde ou presque. Dans ses conditions, l'hégémonie du dollar apparaît bien plus robuste qu'on aura pu le penser dans les mois et les quelques années qui ont succédé à 2008.
Alors que les États-Unis ont perdu leur triple A en août 2011, il semblerait que les investisseurs n'aient en revanche pas perdu leur intérêt pour le dollar et la dette américaine. Que faut-il en conclure ? Pour Barry Eichengreen, l'explication de ce phénomène est simple : il n'existe pas de valeur monétaire contrebalançant le dollar efficacement aujourd'hui. La crise de l'euro n'a d'ailleurs fait que le confirmer. Pour Barry Eichengreen, le « privilège exorbitant » des États-Unis est donc loin d'être aboli.
Barry Eichengreen explique l'engouement durable pour le dollar en avançant un argument simple : l'attrait du marché pour les États-Unis est supérieur, car ce pays est grand, stable, et recèle donc un immense potentiel de croissance. En vertu de ce profil attrayant, les États-Unis bénéficient ainsi d'une importante capacité d'importation, d'emprunt et d'investissement, car elle est soutenue par la demande internationale pour leur monnaie. En raison de cet avantage, la dette des États-Unis excède de 30 % le montant du PIB américain sans que cela ait de répercussions particulièrement néfastes sur leur économie.
L'avènement du dollar ne s'est pas fait d'un coup, et Barry Eichengreen prend le temps de revenir sur les conditions de créations de cette monnaie puis de son émergence comme monnaie internationale face à la livre sterling au milieu du XXe siècle. Mais le véritable intérêt de ce livre réside dans l'analyse que fait son auteur de la situation actuelle du dollar par rapport à différentes problématiques économiques. La question de l'euro est ainsi notamment abordée avec pertinence. Eichengreen explique que cette monnaie tient moins du besoin économique que du projet politique. Développant cette thèse avec une grande clarté, il finit par démontrer que c'est notamment pour cela que l'euro peine à se hisser au rang du dollar comme valeur de réserve sur les marchés : sa nécessité économique est moindre que celle du dollar.
C'est d'ailleurs ce qu'a illustré la crise des subprimes, épisode duquel le dollar est paradoxalement sorti renforcé. En effet, malgré les difficultés majeures qu'a entrainé cet évènement qui prenait d'ailleurs sont origine aux États-Unis, les acteurs internationaux ont tout de même fait le choix d'investir dans le dollar pour se prémunir des complications. Comme le rappelle Barry Eichengreen, nous vivons dans un système monétaire où le poids du dollar est tel que maintenir la valeur de sa monnaie nationale par rapport à celle de la monnaie américaine suffit à préserver les conditions d'échanges avec toutes les autres monnaies du monde ou presque. Dans ses conditions, l'hégémonie du dollar apparaît bien plus robuste qu'on aura pu le penser dans les mois et les quelques années qui ont succédé à 2008.
Alors que les États-Unis ont perdu leur triple A en août 2011, il semblerait que les investisseurs n'aient en revanche pas perdu leur intérêt pour le dollar et la dette américaine. Que faut-il en conclure ? Pour Barry Eichengreen, l'explication de ce phénomène est simple : il n'existe pas de valeur monétaire contrebalançant le dollar efficacement aujourd'hui. La crise de l'euro n'a d'ailleurs fait que le confirmer. Pour Barry Eichengreen, le « privilège exorbitant » des États-Unis est donc loin d'être aboli.
(1) EICHENGREEN, B., Un privilège exorbitant – Le déclin du dollar et l'avenir du système monétaire international, Odile Jacob, Paris, 2011, 280 pp..